5. Techniques d’auto-apprentissage
V. Dubuis and J.-M. Aubry
Différents questionnaires et échelles d’évaluation ont été élaborés, depuis les années 1990, pour que les soignants puissent préciser le diagnosticDiagnostic (voir chapitre 2), quantifier l’intensité des symptômesSymptômes et évaluer l’efficacitéEfficacité des traitements. D’autres outils sont utilisables directement par le patient afin de lui permettre d’acquérir des compétences d’autogestionAutogestion de la maladie. En effet, I’acquisition et la maîtrise des techniques d’auto-évaluation sont fondamentales pour une bonne gestion des maladies chroniques, qu’il s’agisse du domaine somatique ou psychiatrique.
En ce qui concerne les maladies somatiques, le diabète est un exemple tout à fait illustratif. Pour que le patient parvienne à gérer au quotidien de manière suffisamment autonome cette affection, il a besoin d’apprendre à effectuer lui-même ses contrôles glycémiques et à en interpréter correctement les résultats, ce qui lui permettra d’adapter les doses d’insuline. Parallèlement à la gestion médicamenteuse, des notions de diététique et d’hygiène de vie l’aideront à mieux équilibrer son alimentation et ses activités physiques, qui ont également un effet sur le métabolisme des glucides et de l’insuline. Ces techniques d’autogestion s’appuient sur des supports écrits permettant de relever des résultats et indiquant des consignes afin d’optimiser au mieux le traitement. Tout ceci aide le patient à améliorer son autonomieAutonomie en lui évitant de recourir quotidiennement aux professionnels de la santé.
L’autogestion des troubles de l’humeurTrouble(s) de l’humeur est comparable à celle du diabète. Elle comprend l’apprentissage des symptômes de la maladie, le développement de la capacité à les repérer précocement, ainsi que l’élaboration d’un plan d’action permettant d’adapter les stratégies comportementalesStratégiescomportementales visant à diminuer les facteurs deStressfacteurs de stress et les doses de certains médicaments, avant de faire appel à l’équipe soignante. Ce processus d’autogestion s’effectue à l’aide de différents outils.
Graphique de l’humeur sur la vie
Ce type de graphique (voir figure 5.1) représente les variations de l’humeur (sur l’axe vertical) au cours du temps (sur l’axe horizontal). Plusieurs variantes ont été élaborées (Denicoff et coll., 1997 ; Goodwin et Jamison, 2007b ; Leverich et Post, 1993). Différentes échelles de temps peuvent être choisies en fonction du type d’informations recherchées.
Figure 5.1 |
Au moment de conclure l’évaluation initiale du patient au début de la prise en soins, il est très utile pour le patient et le soignant de résumer les variations de l’humeur au cours de la vie entière, sur une ou deux pages, en choisissant une échelle de temps sur laquelle une année correspond à 1 ou 2 cm. Les variations plus marquées de la courbe, vers le haut pour l’hypomanieHypomanie ou la manieManie(s), ou vers le bas pour la dépressionDépression(s), illustrent la fréquence, l’intensité, le nombre et le type de rechutes thymiquesRechute(s)thymique(s). Un tel graphique est utilement complété par des annotations indiquant les facteurs deStressfacteurs de stress favorisant les rechutes, les traitementsTraitement(s) et les hospitalisationsHospitalisation(s) (voir chapitre 12). Cette représentation visuelle peut avoir un fort impact didactique sur le patient en lui faisant prendre conscience de l’ampleur de son trouble, de sa corrélation avec les facteurs de stress, ainsi que de la modification de la courbe de l’humeur en fonction de l’efficacitéEfficacité des traitements. Elle représente pour le médecin un résumé pratique et facilement consultable.