segmentaire des déformations et nouvelle classification

Analyse segmentaire des déformations et nouvelle classification



Le pied et la cheville (en excluant les orteils) sont constitués de 14 pièces osseuses et de 17 articulations. En outre, la fonction est assurée par 29 muscles, dont 11 muscles extrinsèques (muscles longs appartenant aux trois loges jambières). Le pied peut donc présenter une multitude de déformations ostéoarticulaires qui échappent à une analyse simple comme peut l’être l’étude de la hanche ou du genou.


Si les déformations congénitales comme le pied bot varus équin et le pied convexe congénital sont bien connues grâce à des travaux anatomiques, il n’en est pas de même des déformations acquises, chez l’adulte ou dans l’enfance, et susceptibles de modifications pendant la croissance (aggravation, amélioration, changement de forme). Rarement idiopathiques, ces déformations sont souvent d’origine neurologique (centrale, périphérique ou musculaire) mais aussi dystrophique, dysplasique, inflammatoire, post-traumatique. Elles ne sont pas aussi bien systématisées qu’il y paraît de prime abord étant donné la grande variété des déséquilibres musculaires ou des troubles dysplasiques ou dystrophiques qui agissent dans les trois plans de l’espace sur un nombre important d’os et d’articulations.


Nombre de déformations comptent au moins deux défauts associés, parfois davantage, et le mode d’appellation peut prêter à confusion. Il ne faudrait pas confondre, en effet, un pied varus équin (figure 1) et un pied équin varus (figure 2). Dans le premier cas, du fait de l’importance prioritaire du varus, la marche se fait sur le bord externe du pied alors que dans le deuxième cas, du fait de l’importance de l’équinisme, la marche est digitigrade : il est évident que la prise en charge ne peut pas et ne doit pas être la même. Cet exemple caricatural permet de poser le principe d’une classification des déformations en nommant successivement les principales composantes par ordre de gravité décroissante : par exemple, pour le pied plat valgus, sachant qu’il existe des pieds plats sans valgus excessif et des pieds valgus non plats, on conçoit que l’on peut différencier :




des pieds plano-valgus où l’aplatissement est plus sévère que le valgus ;


des pieds valgus plats où le valgus est plus important que l’aplatissement.


Il existe d’ailleurs des pieds valgus creux, des pieds valgus convexes et même des pieds valgus à la fois plats et creux (car plats sur la colonne médiale et creux sur la colonne latérale) [figure 3].



Pour comprendre ces nuances, avant de proposer une classification des déformations, il nous semble utile de tenir compte des principaux morphotypes de pieds normaux (voir le chapitre « Morphotypes », pages 57 à 61) et de faire une étude analytique segmentaire des déformations observées, articulation par articulation puis os par os.



Attitudes vicieuses élémentaires de chaque articulation





Articulation transverse du tarse (talonaviculaire et calcanéocuboïdienne)


Bien que cette articulation fonctionne en synergie avec le complexe articulaire sous-talien, on observe des désaxations isolées ou associées dans les trois plans de référence.


L’attitude en adduction médiotarsienne s’observe dans nombre de pieds bots varus équins congénitaux et dans des pieds varus; l’évaluation radiologique doit se faire sur l’angle calcanéocuboïdien ou l’angle calcaneus-5e métatarsien et non pas, comme le suggèrent la plupart des publications, sur l’angle talus-1er métatarsien. Cette attitude vicieuse est responsable d’une inégalité de longueur des deux colonnes longitudinales du pied avec brièveté de la colonne médiale (figure 3c du chapitre « Concept de bloc calcanéo-pédieux », page 26).


L’abduction médiotarsienne que l’on observe dans certains pieds valgus abductus est bien visualisée par l’angle calcaneus-cuboïde ou calcaneus-5e métatarsien; cette abduction médiotarsienne entraîne une inégalité de longueur des deux colonnes longitudinales du pied inverse de ce que l’on observe dans l’adduction médiotarsienne (figure 5).



La supination prédominante de l’articulation transverse du tarse s’accompagne habituellement d’une horizontalisation du 1er métatarsien (M1), et d’une saillie dorsale de la tête de M1 (défaut d’appui antéromédial puis dorsal bunion). C’est souvent le témoin d’une insuffisance du muscle long fibulaire avec prédominance du muscle tibial antérieur (voir le chapitre « Pied bot varus équin congénital », figure 11, page 103 et figure 24, page 119).


La convexité plantaire de l’articulation transverse du tarse est une caractéristique du pied convexe congénital, avec hyperflexion dorsale du médio-pied par rapport à l’arrière-pied et luxation dorsale du naviculaire par rapport au talus et du cuboïde par rapport au calcaneus.


Le creux dans l’articulation transverse du tarse est souvent associé à des déformations osseuses de voisinage, en particulier du naviculaire, et peut entraîner une luxation dorsale de l’os naviculaire (comme dans certaines séquelles de pied bot congénital). Inversement, le creux médiotarsien peut s’accompagner d’une luxation plantaire du médio-pied par rapport à l’arrière-pied dans certaines déformations neurologiques (figure 6).





Aug 10, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on segmentaire des déformations et nouvelle classification

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