Chapitre 5 Orthodontie préprothétique
L’orthodontie réalisée avant une restauration prothétique peut être simple, visant souvent à redresser, mésialer, distaler, égresser, ingresser une dent ou un groupe de dents afin de rendre une reconstitution prothétique possible ou d’améliorer sa fiabilité.
L’orthodontie réalisée avant une restauration prothétique peut être complexe, incorporée dans un plan de traitement pluridisciplinaire [3, 5, 18, 22, 24, 39] ou la gestion du patient nécessitera de faire appel à la parodontie, à l’odontologie conservatrice, à la prothèse, à la chirurgie orthognatique et bien sûr à l’orthodontie [2, 32, 33].
Cas simples
Gestion des sites d’édentation
Cas particulier des agénésies des latérales maxillaires
L’agénésie de l’incisive latérale maxillaire est la plus fréquemment observée après celle des troisièmes molaires et des deuxièmes prémolaires mandibulaires. Nous déciderons de fermer ou d’ouvrir, voire de maintenir les espaces dévolus à ces dents en fonction de l’esthétique du visage et de la typologie faciale, de l’éventuelle dysmorphose sagittale, de la dysharmonie dento-maxillaire associée, de l’anatomie dentaire et des facteurs socio-économiques [8, 25].
Ouverture d’espace
Il est préférable de conserver ou d’ouvrir les espaces chez des patients présentant une occlusion de classe I molaire sans anomalie associée ou de classe III. Un autre élément à prendre en considération est la morphologie et la teinte de la canine. Une canine trop globuleuse ou trop « jaune » peut difficilement être positionnée en place d’incisive latérale, d’un point de vue esthétique ou fonctionnel et nous incitera donc à la réouverture des espaces.
L’utilisation de technique multi-attaches est indispensable pour contrôler en particulier les axes radiculaires des dents controlatérales avant la mise en place d’une reconstitution prothétique fixe (fig. 1 à 3) ou d’un implant le plus souvent (fig. 4 à 6).
Figure 3 Réhabilitation prothétique avec mise en place d’un bridge collé (prothèse réalisée par le docteur P. Miara).
Fermeture d’espace
Lorsque la fermeture des espaces est la solution retenue (morphologie et couleur de la canine favorable, dans un contexte de classe II squelettique par promaxillie ou de classe I DDM nécessitant l’avulsion de prémolaire mandibulaire), l’orthodontiste devra là encore utiliser une technique multiattaches permettant la fermeture des espaces tout en contrôlant les axes des dents dans les trois sens de l’espace (fig. 7 à 12).
Figure 7 Vue endobuccale de face du moulage d’une patiente adulte présentant une classe III squelettique et dentaire avec agénésie des 12 et 22 et transpositions des 13 et 14 (a). Les 34 et 44 ont été extraites antérieurement. Le plan de traitement est chirurgico-orthodontique avec fermeture des espaces d’agénésies et traitement orthodontique de la transposition (b).
Aménagement des piliers prothétiques
Redressement des piliers
Le redressement des molaires mésioversées peut être réalisé dans les différentes techniques orthodontiques [11, 17, 26, 37].
En technique multi-attaches continue
Il faudra incorporer une composante d’ingression au niveau de la molaire à redresser afin d’éviter un meulage de la dent dans les cas de risque d’ouverture du schéma facial (fig. 13 et 14).
Répartition des piliers
Situation trop postérieure d’un pilier nécessitant son mésialage
Dans le cas d’une atteinte parodontale inter-radiculaire au niveau de la furcation d’une molaire, il est parfois possible de séparer les racines de cette molaire, de les éloigner orthodontiquement afin de les transformer en deux prémolaires prothétiques qui pourront alors jouer un rôle de pilier de bridge (fig. 15).
Situation trop antérieure d’un pilier nécessitant son distalage ou son redressement
Le distalage des dents postérieures est un mouvement difficile à obtenir notamment à l’arcade mandibulaire ; il permet de réaliser un bridge de meilleure qualité et devra en même temps améliorer les rapports d’occlusion (fig. 16 et 17).
Récupération des piliers
Dans des zones d’édentations latérales ou postérieures il est parfois possible de tracter et de mettre en place des dents incluses ou retenues, afin de pouvoir les utiliser comme piliers de bridge après les avoirs éventuellement mésialé ou distalé [11] (fig. 18).
Il est également possible de corriger la vestibulocclusion d’une dent (notamment à l’aide de minivis), ici la 27 afin de permettre la réalisation d’un bridge (fig. 19). Dans ce cas, la 28 n’a pas d’antagoniste. Il aurait aussi été possible, mais beaucoup plus long, de mésialer les 27 et 28. Cette solution n’a pas été retenue.
Égression orthodontique
L’égression orthodontique correspond à un mouvement de gression vertical provoqué par des systèmes mécaniques exerçant une force, dont l’intensité autorise le déplacement de la dent et de son support parodontal [6, 7, 35]. Elle permet d’améliorer la régularité des collets gingivaux, d’exposer les zones de fracture, permettant ainsi un meilleur contrôle de l’espace biologique dans la réalisation prothétique.
Fontenelle différencie l’égression orthodontique lente et l’égression rapide [8, 15, 30] :