Pied polio
La poliomyélite [1]
- 1. Phase aiguë : les paralysies apparaissent 2 j après le début de la fièvre. Cette phase dure 5 à 10 j et se termine 48 h après normalisation de la température. On privilégie le confort et la prévention des déformations par mobilisations et postures.
- 2. Phase de récupération : elle dure en moyenne 16 mois avec une phase algique (de 2 semaines à plusieurs mois) où les muscles sont douloureux, avec spasmes, suivie d’une phase indolore. Il faut favoriser la récupération musculaire et éviter les déformations (mobilisations, orthèses) en réalisant des exercices adaptés à la force du muscle, pour éviter les compensations (exemple : travailler la flexion dorsale de cheville sans solliciter les extenseurs des orteils dans une paralysie du muscle tibial antérieur [TA]).
- 3. Phase séquellaire : aucune récupération n’est possible. Contrairement à la phase de récupération, on cherche à compenser les faiblesses résiduelles par d’autres muscles, et à corriger les désordres architecturaux qui vont s’installer. Le traitement en est développé plus loin.
- 4. Le syndrome post-polio [2] : il traduit l’épuisement métabolique des motoneurones fonctionnels, qui ont tenté de compenser la perte neuronale consécutive à l’atteinte virale par la production de bourgeons neuronaux supplémentaires. Il survient environ 30 ans après la phase aiguë et est responsable d’une aggravation de la perte d’autonomie. Il se manifeste par une augmentation de la fatigabilité, des douleurs musculaires, des troubles du sommeil, des difficultés à déglutir ou à respirer, des troubles de régulation de la température. La prise en charge consiste en un aménagement de la vie quotidienne et du travail de manière à éviter le surmenage. Aucun traitement médical n’a fait la preuve de son efficacité.
- 2. Phase de récupération : elle dure en moyenne 16 mois avec une phase algique (de 2 semaines à plusieurs mois) où les muscles sont douloureux, avec spasmes, suivie d’une phase indolore. Il faut favoriser la récupération musculaire et éviter les déformations (mobilisations, orthèses) en réalisant des exercices adaptés à la force du muscle, pour éviter les compensations (exemple : travailler la flexion dorsale de cheville sans solliciter les extenseurs des orteils dans une paralysie du muscle tibial antérieur [TA]).
Green et Grice [3] ont décrit le cercle vicieux aboutissant à une aggravation du handicap : les déséquilibres musculaires, les rétractions et les anomalies de contraintes aboutissent à des déformations articulaires. Celles-ci sont aggravées par la mise en charge (lors de la marche) et par la croissance (en particulier à la période pubertaire). En résulteront une augmentation du handicap, mais aussi des déséquilibres musculaires, des rétractions et des anomalies de contrainte, complétant ainsi le cercle vicieux. Plus l’atteinte est précoce au cours de la croissance, plus le risque de déformation est important.
Bilan du pied polio
- • la cotation musculaire muscle par muscle (de 0 à 5) [voir le chapitre « Testing musculaire », page 41], en tenant compte du fait que les muscles normaux n’ont pas la même force « fonctionnelle » (exemple : triceps et TA), d’où des techniques de cotation bien précisées. L’évaluation doit être complète, et ne doit pas être limitée au pied ;
- • l’évaluation des amplitudes articulaires ;
- • un bilan fonctionnel ayant pour but de prévoir les conséquences fonctionnelles, l’évolution des déformations au cours de la croissance et le programme thérapeutique. Il doit se faire en situation, avec les aides de marche et les appareillages.
Principes thérapeutiques [1,4]
Chirurgie
- • Les transferts tendineux ont pour but de rétablir un mouvement et d’éviter une déformation.
- • Les arthrodèses permettent de corriger des déformations et de soulager des douleurs dégénératives. Elles peuvent également être réalisées dans le but de limiter le nombre d’articulations sur lesquelles agissent des muscles faibles, ce qui permet de focaliser l’action de ces muscles faibles sur l’articulation laissée libre (exemple : la triple arthrodèse permet de centrer l’action des muscles sur l’articulation tibiotalienne). Au niveau de l’arrière-pied, sont réalisables chez l’enfant une arthrodèse sous-talienne extra-articulaire (Grice) ou une fixation talocalcanéenne temporaire (cavalier). Chez l’adulte, il s’agit principalement de triple arthrodèse, parfois d’arthrodèse tibiotalienne et de tarsectomie.
- • Les allongements pour inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI) ont un important taux de complications, avec une lente maturation du cal et des rétractions fréquentes.
- • Les ostéotomies : ostéotomie supramalléolaire dans le cas d’une arthrose tibiotalienne latéralisée, ostéotomie métatarsienne pour rétablir un appui homogène du clavier métatarsien, ostéotomies calcanéennes.
- • Les arthroplasties en cas d’atteinte dégénérative, en particulier au genou.
- • Les arthrodèses permettent de corriger des déformations et de soulager des douleurs dégénératives. Elles peuvent également être réalisées dans le but de limiter le nombre d’articulations sur lesquelles agissent des muscles faibles, ce qui permet de focaliser l’action de ces muscles faibles sur l’articulation laissée libre (exemple : la triple arthrodèse permet de centrer l’action des muscles sur l’articulation tibiotalienne). Au niveau de l’arrière-pied, sont réalisables chez l’enfant une arthrodèse sous-talienne extra-articulaire (Grice) ou une fixation talocalcanéenne temporaire (cavalier). Chez l’adulte, il s’agit principalement de triple arthrodèse, parfois d’arthrodèse tibiotalienne et de tarsectomie.
Déformations utiles
Avant de corriger toute déformation, il est capital de se demander si celle-ci n’est pas utile.
L’exemple le plus caractéristique est un équin de cheville utile pour verrouiller le genou : en phase d’appui, en cas de quadriceps faible, la présence d’un équin permet un renvoi en arrière du tibia. Le tronc continuant son avancée, le vecteur force de réaction au sol passe en avant du centre de rotation du genou, ce qui induit un moment latéral en extension qui verrouille le genou par mise en tension des coques condyliennes postérieures (figure 1). La situation malheureusement classique est celle de la correction d’un équin par allongement d’Achille, responsable d’une perte de ce phénomène de verrouillage automatique du genou, rendant alors le patient dépendant d’une orthèse de maintien. Dans le réglage d’une arthrodèse, il faut pour la même raison penser à la possible nécessité d’obtenir en charge une position globale d’équin.
Pièges classiques
- • La correction d’un équin par allongement d’Achille excessif est nuisible, en particulier à la stabilisation du genou.
- • Le transfert d’un muscle de force insuffisante pour la fonction recherchée le rend inutile et fait perdre un élément moteur qui peut être plus utile ailleurs.
- • La correction osseuse sans correction du déséquilibre musculaire risque d’entraîner une récidive de la déformation. Par exemple, un pied varus avec une prévalence du TP peut évoluer, après triple arthrodèse et en l’absence de geste de rééquilibration musculaire, vers une instabilité tibiotalienne en varus.
- • L’essai de rééquilibrage musculaire sans correction de la déformation laisse travailler le membre dans des conditions mécaniques défavorables.
- • Il faut corriger de manière indépendante la divergence talocalcanéenne et la torsion du squelette jambier.
- • La négligence d’une ILMI peut conduire à la correction d’une déformation utile à la compensation de cette inégalité, ce qui augmente le déséquilibre.
- • Le transfert d’un muscle de force insuffisante pour la fonction recherchée le rend inutile et fait perdre un élément moteur qui peut être plus utile ailleurs.