34. Médicaments du Diabète
Le diabète, un problème de santé publique
Il est défini par une glycémie supérieure à 1,26g/l (7mmol/l) retrouvée à 2 reprises. Les signes cliniques sont caractérisés par une polydipsie, c’est-à-dire le besoin du patient de boire (jusqu’à 5 litres par jour), entraînant de ce fait une polyurie. Le signe biologique majeur est l’hyperglycémie (élévation du glucose sanguin) qui peut atteindre 2 à 6g/l (normale = 0,80g/l) d’où le passage du glucose dans l’urine (glycosurie).
Sous le vocable de diabète sont en fait regroupées deux maladies ayant en commun une hyperglycémie et le risque de complications vasculaires qui en découlent, mais qui sont totalement différente par leur physiopathologie :
– Le diabète de type I est insulino-dépendant car la sécrétion d’insuline est totalemnt abolie ou très diminuée en raison d’une destruction auto-immune progressive des cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Il représente 10 % des cas, touche les jeunes avec un pic de fréquence autour de l’âge de 15ans et doit être traité par l’insuline toute la vie.
– Le diabète de type II, non insulino-dépendant, est lié à une résistance périphérique à l’action de l’insuline, insulino-résistance qui entraîne à long terme un déficit relatif d’insuline. Il représente 90 % des cas et touche les sujets de plus de 40ans (diabète de la maturité) qui présentent, pour 80 % d’entre eux, une surcharge pondérale (diabète gras). Ce diabète devient de plus en plus fréquent chez l’enfant en raison d’une alimentation riche et de la sédentarité entraînant un surpoids.
Le traitement du diabète comporte un régime alimentaire et de l’exercice physique pour lutter contre l’excès de poids et, selon le type de diabète, l’insuline, les sulfamides hypoglycémiants et les biguanides.
MÉDICAMENTS DU DIABÈTE DE TYPE I : L’INSULINOTHÉRAPIE
Les insulines utilisées en thérapeutique sont l’insuline humaine obtenue par génie génétique et les insulines de synthèse classées selon leurs durées d’action en insulines rapides, intermédiaires ou lentes. Le nombre d’injections quotidiennes (2 à 4) dépend de nombreux facteurs (âge, complications…). En mesurant sa glycémie au bout du doigt 3–4 fois par jour, le patient peut lui-même adapter ses doses d’insuline. La voie d’administration sous-cutanée est la plus utilisée mais pour certaines insulines les voies intra-musculaires ou intraveineuses sont possibles. Les stylos à insuline pré-remplis, jetables ou rechargeables avec des cartouches de 3mL, sont de plus en plus utilisés.
Le tableau 34.1 présente les principales spécialités avec leurs caractéristiques : action rapide ou intermédiaire avec un effet qui dure en moyenne de 12 à 16h ou lente avec un effet qui dure 24h ou encore ultra-lente avec un effet qui dure 30h.
L’effet hypoglycémiant | ||||
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Type d’action | Spécialités | Apparaît en | Est maximal de la eh à la eh | Dure pendant |
Action rapide | Actrapid | 15min | 2e – 4e h | 6 – 8h |
Orgasuline | – | – | – | |
Umuline rapide | – | – | – | |
Insuman rapide | – | – | – | |
Action intermédiaire | Insuline NPH MP | 45 à 60min | 3e–9e h | 14 à 18h |
Monotard HM | 60 à 120min | 7e–15e h | 18 à 20h | |
Orgasuline NPH | 30min | 3e–9e h | 12 à 16h | |
Insuman intermédiaire | 30min | 2e h-7e h | 10 à 18h | |
Semi-Tardum | 45 à 90min | – | 12h | |
Umuline NPH | 60min | 2e–8e h | 18 à 20h | |
Action mixte | Mixtard | 30min | 4e–8e h | 20 à 24h |
Umuline profil | 30min | 1re–8e h | 18 à 20h | |
Tardum MX | 45min | – | 20 à 24h | |
Action lente (prolongée) | Endopancrine | 90min | 12e-16e h | 24 à 30h |
Zinc | ||||
EPZ | 240min | – | 24h | |
Lente MC | 90min | 4e–13e h | 24h | |
Action ultra-lente (très prolongée) | Ultralente MC | 120min | 6e–22e h | 30h |
Ultratard HM | 240min | 8e–24e h | 28h | |
Lantus | ||||
Levemir |
L’insuline ordinaire d’action rapide
Elle est utilisée par voie sous-cutanée (3 injections par jour) en recherchant la dose correcte par tâtonnement. La voie intraveineuse est utile dans le coma diabétique et certains cas d’insulino-résistance, l’action se manifeste alors rapidement en 5 minutes et disparaît après 90 minutes (voir tableau 34.1).
Les insulines d’action intermédiaire et lente
Elles permettent d’éviter la répétition des injections quotidiennes. Elles se présentent toutes sous forme de suspensions injectables d’insuline-zinc (insuline ordinaire mélangé à du chlorure de zinc) qu’il faut agiter avant usage. Leurs durées d’action varient de 12h pour les insulines d’action intermédiaire à 30h pour les insulines d’action ultra-lente (voir tableau 34.1).