Les Malformationcranio-facialemalformations cranio-faciales sont rares et multiples. Elles affectent, par définition, à la fois le crâne et la face, et se répartissent en deux groupes :
▪ les facio-cranio-sténoses pour lesquelles l’anomalie de développement de la face s’associe à une cranio-sténose ;
▪ les fentes faciales (auxquelles s’adjoint éventuellement un problème crânien : fente cranio-faciale : FCF) à différencier des fentes labio-maxillo-palatines (FLMP).
Dans de très rares cas, les deux précédents peuvent s’associer.
Les cranio-sténoses se caractérisent par des fusions prématurées des sutures du crâne lors de la vie utérine, ce qui entraîne un risque d’hypertension intracrânienne lorsque plus d’une suture est atteinte. Sur le plan morphologique, il existe une déformation du front et des orbites lorsqu’une suture antérieure est synostosée, ce qui est observé dans la quasi-totalité des cas (sagittale, métopique, coronale). La prévalence globale est rare (1 pour 2 200 naissances, et certaines formes sont rarissimes : 1 pour 100 000 naissances pour les synostoses lambdoïdes isolées).
Lorsqu’une anomalie du développement facial est associée (essentiellement une rétrusion), on parle de facio-cranio-sténose, ce qui réalise un syndrome, le plus souvent causé par une mutation du gène codant le FGFR. Les facio-cranio-sténoses les plus fréquentes sont le syndrome de Crouzon, de Pfeiffer, de Saethre-Chotzen et d’Apert. Les caractéristiques morphologiques comprennent à des degrés variables un exorbitisme, un nez court, un hypertélorisme, une rétrusion maxillaire et une cranio-sténose dont la caractéristique est d’être évolutive lors de la croissance, alors qu’à la naissance le tableau clinique est souvent discret. L’existence de malformations des extrémités permet de classer avec certitude ces différentes malformations, avant les résultats de l’étude génétique.
Les fentes cranio-faciales sont encore plus rares et leur étiopathogénie découle plus d’analogies avec les fentes labio-maxillo-palatines bien mieux connues et auxquelles elles peuvent d’ailleurs être associées. Tessier (P.)P. Tessier a proposé une Classificationpour les fentes cranio-facialesclassification descriptive « orbitocentrique » pour les fentes cranio-faciales (0 à 14). Cette classification largement acceptée ne prend pas en compte l’importance du syndrome fissuraire qui peut aller du simple amincissement cutané à la fente totale incluant l’os, mais désigne avec précision les lignes de passage autour de l’orbite (l’orbite étant assimilé à un cadran horaire, les lignes étant appariées : 1–13, 2–12, 3–11, etc.). Certains auteurs (Van der Meulen) ont proposé une classification embryologique qui désigne toutes les fentes cranio-faciales sous le terme de « Dysplasiedysplasie ». Il faut distinguer à part les fentes médianes (0–14 selon Tessier) qui elles-mêmes se présentent sous deux aspects opposés : celles pour lesquelles il y a un amincissement médian des tissus, et celles qui représentent un élargissement des structures médianes. L’holoprosencéphalie et la dysplasie fronto-nasale représentent les extrêmes de ce continuum clinique. Plusieurs de ces fentes cranio-faciales peuvent s’associer, ajoutant à la complexité de la classification.
Cranio-sténoses et facio-cranio-sténoses
Cranio-sténoses simples
Les cranio-sténoses simples sont basées sur une classification morphologique :
▪ scaphocéphalie : synostose sagittale (crâne allongé sagittalement et rétréci transversalement). C’est la plus fréquente de toutes les cranio-sténoses (40 %) ;
▪ trigonocéphalie : synostose métopique (front triangulaire avec hypotélorisme). Son incidence est en augmentation dans tous les pays industrialisés (on suppose un facteur environnemental). C’est la seule dont on sait qu’elle peut être induite par un médicament, le valproate de sodium ;
▪ plagiocéphalie : synostose unicoronale (asymétrie frontale, orbitaire et nasale). Il en existe des formes syndromiques familiales liées à la mutation du FGFR3 ;
▪ brachycéphalie : synostose bicoronale (crâne court sagittalement et élargi transversalement avec exorbitisme supérieur). Elle est souvent la forme visible d’un syndrome non initialement reconnu, mais existe bien sûr de façon isolée ;
▪ oxycéphalie : synostose bicoronale et sagittale (souvent retardée), la plus à risque d’hypertension intracrânienne (front fuyant avec exorbitisme supérieur) ;
▪ formes multiples inclassables, également à risque d’hypertension intracrânienne.
Ces cranio-sténoses doivent être opérées dans l’immense majorité des cas entre 3 et 12 mois en centre spécialisé. Les techniques de référence sont basées sur les travaux de Marchac et Renier (1982).
Formes syndromiques
Les formes syndromiques sont beaucoup plus rares (1 sur 25 000 à 50 000 naissances). Les anomalies des mains contribuent à la distinction clinique. Sur le plan cranio-facial, le phénotype comprend l’association à des degrés divers d’une cranio-sténose, d’un exorbitisme, d’un hypertélorisme, d’un nez court, d’une rétrusion faciale avec hypoplasie zygomatique et inversion occlusale en classe III. Leurs appellations portent le nom du descripteur du phénotype.
Les malformations habituelles du syndrome de Crouzon (1912) sont les suivantes :
▪ brachycéphalie le plus souvent avec hypertension intracrânienne ;
▪ Téléorbitismetéléorbitisme modéré avec protrusion des globes oculaires et orientation antimongoloïde des paupières ;
▪ nez busqué secondaire à la brièveté verticale du massif facial ;
▪ rétrusion maxillo-zygomatique avec hypoplasie et brièveté de l’arcade zygomatique ;
▪ absence d’anomalie des extrémités ;
▪ intelligence normale ;
▪ hydrocéphalie associée possible.
Les caractères particuliers les plus souvent rencontrés dans le syndrome d’Apert sont :
▪ déformation du crâne plus marquée (avec bosse bregmatique) ;
▪ paralysie oculomotrice et strabisme ;
▪ orientation antimongoloïde des paupières plus marquée ;
▪ Division palatinedivision palatine avec palais ogival et déformation de la lèvre supérieure ;
▪ surtout association à des Syndactyliesyndactylies intéressant à un degré variable les commissures au niveau des mains et des pieds (formes 1–2–3) ;