Les troubles des conduites alimentaires

22. Les troubles des conduites alimentaires

L’anorexie mentale, la boulimie, les troubles des conduites alimentaires de l’enfance

Catherine Doyen




ANOREXIE MENTALE


RAPPEL CLINIQUE

L’anorexie mentale du sujet prépubère ou pubère peut se définir grâce aux critères diagnostiques proposés par la dixième révision de la Classification internationale des maladies mentales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), même si celle-ci souffre d’imprécision clinique pour les sujets les plus jeunes [56]. Les signes cardinaux du trouble sont un indice de masse corporelle (IMC) insuffisant pour l’âge, la présence de conduites de restriction alimentaire et d’élimination par peur de grossir, l’existence d’une aménorrhée secondaire chez les sujets féminins ayant achevé leur puberté ou de difficultés sexuelles chez les sujets masculins et enfin, pour les plus jeunes, l’observation d’un retard pubertaire (tableau 22.1).



















Tableau 22.1 — Directives pour le diagnostic d’anorexie mentale de la Classification internationale des troubles mentaux et des troubles du comportement (CIM-10, 1993)
a.L’IMC (également appelé BMI: body mass index) est une mesure d’adéquation du poids de l’enfant ou de l’adolescent par rapport à sa taille et à son âge. La formule de calcul est: le poids en kilos divisé par la taille en mètres au carré. La moyenne se situe autour de 20 chez l’adulte. Pour l’enfant, il est variable et il faut se référer à des courbes spécifiques.
Le diagnostic repose sur la présence de chacun des éléments suivants
a) Un poids corporel inférieur à la normale de 15% (perte de poids ou poids normal jamais atteint) ou IMC a inférieur ou égal à 17,5; chez les patients prépubères, prise de poids inférieure à celle qui est escomptée pendant la période de croissance
b) La perte de poids est provoquée par le sujet par le biais d’un évitement des «aliments qui font grossir», fréquemment associé à au moins une des manifestations suivantes: des vomissements provoqués, l’utilisation de laxatifs, une pratique excessive d’exercices physiques, l’utilisation de «coupe-faim» ou de diurétiques
c) Une psychopathologie spécifique consistant en une perturbation de l’image du corps associée à l’intrusion d’une idée surinvestie: la peur de grossir; le sujet s’impose une limite de poids inférieure à la normale à ne pas dépasser
d) La présence d’un trouble endocrinien diffus de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique avec aménorrhée chez la femme, perte d’intérêt sexuel et impuissance chez l’homme; le trouble peut s’accompagner d’un taux élevé d’hormone de croissance ou de cortisol, de modifications du métabolisme périphérique de l’hormone thyroïdienne et d’anomalies de la sécrétion d’insuline
e) Quand le trouble débute avant la puberté, les manifestations de cette dernière sont retardées ou stoppées; après la guérison, la puberté se déroule souvent normalement; les règles n’apparaissent toutefois que tardivement


STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

Le traitement de l’anorexie mentale, quel que soit l’âge de début du trouble, repose en première intention sur le maintien ou la restauration d’un statut nutritionnel adéquat, et ce dès que l’amaigrissement est constaté. En effet, l’ensemble des auteurs s’accordent pour souligner l’importance de préserver un IMC minimum pour initier une démarche psychothérapique individuelle. La constatation d’un poids inférieur à 85% du poids idéal théorique rapporté à l’âge et à la taille (ce qui correspond pour les plus jeunes à un IMC inférieur à – 4 DS) est non seulement un critère d’hospitalisation, mais aussi un seuil clinique en deçà duquel l’impact d’une psychothérapie ambulatoire n’est plus optimal [49]. La renutrition se base sur la modification des comportements alimentaires déviants, l’accompagnement par un spécialiste de la nutrition pour guider les choix alimentaires et la surveillance régulière du poids. L’objectif est d’atteindre un poids de bonne santé physique et psychologique qui est déterminé par le spécialiste avec l’enfant ou l’adolescent et la famille. Le retard de croissance est l’une des complications de l’anorexie du sujet jeune, et sa prévention implique une reprise pondérale progressive, continue, en évitant autant que faire se peut les variations pondérales trop marquées [50]. Pour les enfants, en association à la renutrition, c’est la psychothérapie familiale qui est prônée, en préservant au maximum leurs relations sociales, leur scolarité et leurs liens avec les proches. Aussi le soin ambulatoire doit-il être privilégié et l’hospitalisation proposée uniquement lorsque le pronostic vital est en jeu, quand le fonctionnement familial ne permet pas que l’enfant reste à domicile, ou enfin en cas d’échec d’un traitement ambulatoire correctement mené. La psychothérapie familiale peut être de forme variée et, en fonction des familles ou des équipes, elle est conjointe ou séparée (selon que les thérapeutes réunissent ou non les patients et leurs parents), mais l’essentiel est bien de donner une place aux parents en tant que partenaires de soins de leur enfant [10, 12]. Pour les adolescents, c’est l’approche individuelle de type psychodynamique qui est prônée en première intention, mais l’approche familiale peut elle aussi être envisagée pour certains patients anorexiques [48]. La psychothérapie cognitivocomportementale n’a pas fait preuve de son efficacité dans ce trouble, mais le principe de renforcement positif dans le cadre d’un contrat de poids est souvent utilisé. Les troubles comorbides sont fréquents (anxiété de séparation, trouble ou personnalité obsessionnels-compulsifs, trouble dépressif majeur) et leur prise en charge doit être intégrée dans le programme thérapeutique de l’anorexie mentale. Enfin le traitement doit être suffisamment long, plusieurs années, encadré par des thérapeutes capables d’empathie soutenue et continue pour ces jeunes patients [20].


EN PRATIQUE

La prescription médicamenteuse dans l’anorexie mentale du sujet jeune doit être extrêmement prudente, car elle ne peut s’appuyer sur aucun résultat d’études contrôlées; les essais thérapeutiques, lorsqu’ils existent, incluent de façon indifférenciée adolescents et adultes, mais trop peu souvent les enfants. Il faut néanmoins constater que, quel que soit l’âge du patient anorexique, les études contrôlées dont nous disposons nous enseignent qu’aucune thérapeutique médicamenteuse, psychotrope ou autre, ne permet une reprise pondérale plus rapide ou une diminution des préoccupations corporelles.

À l’instar des recommandations des experts du National Institute for Clinical Excellence [42], nous exposerons essentiellement les résultats des essais thérapeutiques randomisés contrôlés menés dans l’anorexie mentale qui ont témoigné de résultats fiables, en référence au concept d’evidence-based medicine (EBM), pouvant guider les cliniciens dans leur décision thérapeutique (tableau 22.2).




















































































































































































































Tableau 22.2 — Essais thérapeutiques randomisés contrôlés ayant testé l’efficacité des psychotropes dans le traitement de l’anorexie mentale et retenus par le National Institute for Clinical Excellence (NICE, 2004)
La qualité de la preuve correspond aux critères d’EBM retenus par les experts.
Étude Double insu contrôlée Produit Comparaison Durée moyenne n produit/placebo Posologie Âges Qualité de la preuve
Effet/Poids Effet/Rechute Acceptabilité Tolérance
Antidépresseurs
Lacey, 1980 Placebo Clomipramine 76 j 8/8 50mg par jour Non précisés Peu Probable Insuffisante Insuffisante
Biederman, 1985 Placebo Amitryptiline 5 semaines 11/14 2,8mg/kg par jour 11-27 ans Peu Probable Insuffisante Insuffisante
Halmi, 1986 Placebo Amitryptiline Cyproheptadine 32 j 23/25 160mg par jour maximum 13-36 ans Peu Probable Insuffisante Insuffisante
Attia, 1998 Placebo Fluoxétine 7 semaines 31/16 20-60mg par jour 16-45 ans Peu Probable Insuffisante Insuffisante
Kaye, 2001 Placebo Fluoxétine 12 mois 16/19 20-60mg par jour 14-32 ans Peu Probable Limitée Insuffisante Insuffisante
Fassino, 2002 Liste d’attente Citalopram 3 mois 26/26 10-20mg par jour 16-35 ans Peu Probable Insuffisante Insuffisante
Antihistaminiques
Goldberg, 1979 Placebo Cyproheptadine Thérapie cognitivocomportementale 35 j 38/43 12-32mg par jour 12-36 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Halmi, 1986 Placebo Cyproheptadine Amitryptiline 36,5 j 24/25 32mg par jour maximum 13-36 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Neuroleptiques
Vandereycken, 1982 Placebo Pimozide 3 semaines 8/10 4-6mg par jour 15-36 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Vandereycken, 1984 Placebo Sulpiride 3 semaines 9/9 300-400mg par jour 14-33 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Ruggiero, 2001 Amisulpiride Clomipramine Fluoxétine 3 mois Amitryptiline: n = 12 Clomipramine: n = 13 Fluoxétine: n = 10 50mg par jour 18-30 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Zinc
Katz, 1987 Placebo Zinc 6 mois 6/7 50mg par jour 14-18 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Lask, 1993 Placebo Sulfate de zinc 12 semaines 7/19 50mg par jour 9-14 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante
Birmingham 1994, Placebo Zinc 24 j 16/19 14mg par jour 16-29 ans Insuffisante Insuffisante Insuffisante


TRAITEMENTS PSYCHOTROPES


Antidépresseurs

C’est l’observation de symptômes dépressifs ou obsessionnels-compulsifs associés aux symptômes de l’anorexie mentale qui a incité les cliniciens à la réalisation d’essais thérapeutiques avec des antidépresseurs dans ce trouble. Une prise de poids était également un effet secondaire attendu chez ces sujets amaigris mais, en pratique, ce dernier effet n’a pas été observé. L’utilisation des antidépresseurs tricycliques s’est finalement avérée décevante et est désormais l’objet de la plus grande vigilance depuis la publication de cas de mort subite chez de jeunes patients [57].

En dépit de ces observations peu concluantes, l’efficacité de la prescription d’antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) a été étudiée chez l’adulte et l’adolescente souffrant d’anorexie mentale dans deux études randomisées contrôlées [1, 29]. Seuls les résultats de W.H. Kaye suggèrent l’intérêt de la prescription de fluoxétine dans la prévention de la rechute. Cet essai thérapeutique, incluant des patientes âgées de 14 à 32 ans, a montré que dix d’entre elles, sur 16 traitées par fluoxétine après restauration pondérale, allaient bien 1 an après leur sortie d’hospitalisation alors que seules trois sur 19 traitées par placebo allaient bien 1 an après. Dans cette étude, les variables d’évolution positive considérées étaient la stabilité ou la reprise pondérale, la diminution des préoccupations anorexiques et des symptômes dépressifs ou anxieux.

Une troisième étude randomisée contrôlée réalisée au sein d’un groupe de 52 jeunes femmes anorexiques hospitalisées et âgées de 16 à 35 ans a comparé l’efficacité du citalopram et celle d’un placebo sur leur reprise pondérale. Celle-ci s’est avérée équivalente dans les deux groupes [14].

Plus récemment, pour affiner l’étude de l’efficacité des traitements médicamenteux dans l’anorexie mentale, K.A. Halmi et ses collaborateurs [24] ont tenté de déterminer chez des patientes anorexiques quels étaient les facteurs prédictifs de l’acceptation et de l’observance dans son intégralité d’un traitement médicamenteux ou psychothérapique. L’étude a porté sur l’évaluation et le suivi de 89 patientes anorexiques, âgées de 14 à 50 ans, traitées par fluoxétine (20 à 60mg par jour) ou par psychothérapie cognitivocomportementale, ou bien encore par l’association des deux. C’est lorsque la fluoxétine était prescrite seule que les auteurs ont relevé une plus faible acceptation du traitement: 56%, en comparaison à 81% pour les deux autres types de traitement. Et le seul facteur prédictif de la bonne compliance pour les trois types de traitement était la qualité de l’estime de soi, une meilleure estime de soi initiale étant le garant de la poursuite intégrale des soins. En conclusion, pour K.A. Halmi, l’étude des prescriptions médicamenteuses dans l’anorexie mentale doit à l’avenir tenir compte des facteurs connus favorisant les sorties d’essai thérapeutique précoces, peut-être à l’origine d’une sous-évaluation clinique de leur efficacité.

Enfin, les troubles comorbides (troubles obsessionnel-compulsif [TOC] ou dépressif) peuvent bénéficier d’une approche médicamenteuse par antidépresseurs, toujours après restauration d’un statut nutritionnel satisfaisant, car la dénutrition peut elle-même être à l’origine de ces symptômes. En respectant les autorisations de mise sur le marché (AMM) dans ces indications pour les enfants et les adolescents, ce sont alors préférentiellement les antidépresseurs IRS, de meilleure tolérance, qui sont préconisés.


Neuroleptiques

À ce jour, la prescription de neuroleptiques dans l’anorexie mentale n’a montré d’intérêt que pour l’accélération de la reprise pondérale qu’elle suscite, sans qu’aucune étude randomisée contrôlée n’ait montré une action significative sur les préoccupations corporelles et pondérales.

Les recommandations internationales insistent sur le fait que les neuroleptiques classiques, utilisés chez les sujets anorexiques, adultes ou adolescents, n’ont pas témoigné de leur efficacité au sein d’études contrôlées et il n’existe pas, à notre connaissance, d’essais randomisés contrôlés avec des neuroleptiques atypiques dans cette indication.

Ainsi, les résultats de deux études méthodologiquement rigoureuses menées par W. Vandereycken [51, 52] chez des sujets anorexiques âgés respectivement de 15 à 36 ans et de 14 à 33 ans et traités par pimozide, sulpiride ou placebo n’ont pas permis de conclure à l’intérêt de leur prescription chez ces patients.

L’étude en simple insu de G. Ruggiero [47] a comparé l’effet de l’amisulpiride à celui de la clomipramine et de la fluoxétine chez des adultes anorexiques âgées de 18 à 30 ans et hospitalisées. Après 3 mois de traitement, les auteurs n’ont pas trouvé de différence significative entre les trois groupes pour les variables reprise pondérale, phobie du poids, trouble de l’image du corps, aménorrhée ou bien encore fréquence des épisodes d’orgie alimentaire et d’élimination.

Quant aux neuroleptiques atypiques, à l’instar des neuroleptiques typiques, ce sont leurs effets observés dans le traitement de la schizophrénie qui ont suggéré qu’ils pourraient avoir un intérêt dans le traitement de l’anorexie mentale grâce à une prise de poids, à une diminution de l’agitation et des affects négatifs ou encore une à meilleure tolérance.

Chez les grands adolescents et les adultes, un effet positif de l’olanzapine (5 à 10mg par jour) a été observé dans un essai ouvert ainsi que dans une étude rétrospective, cette dernière ayant été menée sur un groupe de 18 sujets anorexiques âgés de 16 à 37 ans, pour lesquels la reprise pondérale ainsi que la peur du poids, les idées obsédantes autour du poids et des formes et l’anxiété au moment des repas ont été améliorées [2, 33]. Dans un autre essai thérapeutique, Mondraty [39] a comparé l’intérêt de l’olanzapine et de la chlorpromazine sur les ruminations anorexiques de leurs patientes. Les auteurs évoquent une diminution significative de ces ruminations grâce à l’olanzapine en comparaison à la chlorpromazine. La prescription de petites doses de ces neuroleptiques atypiques est également proposée par Bruna et Fogteloo [5] afin de lutter contre l’anxiété associée aux repas.

Enfin, Bloachie et al. [4] se sont intéressés à la prescription d’olanzapine chez des enfants souffrant de troubles des conduites alimentaires. Ils ont ainsi publié quatre vignettes cliniques concernant trois filles âgées de 10 et 12 ans souffrant d’anorexie mentale et un garçon âgé de 12 ans souffrant de phobie de déglutition. Ces quatre enfants étaient sévèrement dénutris, agités et présentaient des symptômes anxieux invalidants. À la posologie de 2,5mg par jour, et ce dès l’admission, les symptômes comportementaux et anxieux se sont notablement amendés sans qu’aucun effet secondaire ait été relevé.

Soulignons pour conclure les conseils de vigilance prodigués par la revue de la littérature de Correll et Carlson [11], sur les effets endocriniens et métaboliques après prescription de psychotropes chez les enfants et les adolescents. Même si cela reste discuté, l’hyperprolactinémie, éventuel effet secondaire de la prescription de neuroleptique, peut s’associer à un retard de croissance staturale, complication redoutée de l’anorexie mentale prépubère.


Autres psychotropes

La cyproheptadine, antagoniste central de la sérotonine et de l’histamine, a montré un intérêt dans la reprise pondérale de sujets anorexiques âgés de 12 à 36 ans, notamment dans les formes les plus sévères, mais ces résultats n’ont pas été récemment répliqués [17, 23].

L’efficacité des sels de lithium dans le traitement de l’anorexie mentale a été évaluée dans un seul essai thérapeutique en double insu contrôlé par Gross [22]. Deux groupes de sujets souffrant d’anorexie mentale, âgés de 12 à 32 ans, ont bénéficié d’un traitement par carbonate de lithium ou d’un placebo. Le traitement a nécessité une surveillance médicale particulière, du fait des effets secondaires possibles que l’on pouvait craindre chez ces patients fragiles. De façon significative, il a été à l’origine d’une prise de poids et d’une amélioration de l’appétit supérieures à celles observées dans le groupe placebo. Les auteurs ont émis l’hypothèse d’une action régulatrice des sels de lithium sur le métabolisme glucidique, perturbé en cas d’anorexie mentale. Depuis, ces résultats n’ont pas été répliqués au sein d’autres essais randomisés contrôlés, et notamment pas chez d’aussi jeunes patients.

L’implication du système opiacé dans les comportements alimentaires et la constatation chez des sujets émaciés d’une hyperactivité opioïde a en2 couragé les cliniciens à réaliser des essais thérapeutiques avec des antagonistes opiacés dans l’anorexie mentale. Des essais ouverts avec de la naloxone indiquent une prise de poids non négligeable chez ces patients et l’essai en double insu contrôlé de Mazzarri [34], grâce à la prescription de naltrexone (200mg par jour), a démontré une efficacité sur l’intensité des orgies alimentaires et les comportements d’élimination, qu’elle diminue.

La prescription de tétrahydrocannabinol a été l’objet d’un unique essai randomisé contrôlé qui a mis en évidence de nombreux effets secondaires [2].

Enfin, chez l’enfant et l’adolescent, des prescriptions ponctuelles de benzodiazépines ou d’antihistaminiques à visée anxiolytique sont également proposées par les équipes expérimentées, sans qu’aucune publication ne confirme l’intérêt et l’innocuité de cette pratique [20].

Ainsi, de façon générale, si la prescription de psychotropes s’impose, elle ne doit jamais se faire sans restauration préalable d’un statut nutritionnel satisfaisant ni sans surveillance métabolique et cardiovasculaire intensives.


TRAITEMENTS SUBSTITUTIFS

Les sociétés de pédiatrie recommandent des traitements d’appoint de la dénutrition reposant pour l’essentiel sur la prescription de vitamines, de calcium (1 300mg par jour), de vitamine D (400 UI par jour), de fer, de folates, de zinc ou d’estrogènes de synthèse ou naturels mais, dans ce dernier cas, pour les jeunes filles ayant achevé leur puberté et dans le cadre de la prévention de l’ostéoporose [46].


Prévention de l’ostéoporose

Chez la jeune adulte et parfois chez l’adolescente, des prescriptions spécifiques mais souvent encore expérimentales de déhydroépiandrostérone (DHEA), de facteur IGF-1 (Insulin Growth Factor-1) ou de biphosphonates (risédronate, étidronate) ont été proposées dans le traitement de l’ostéopénie et de l’ostéoporose, sachant que les prescriptions isolées d’estrogènes de synthèse ou naturels n’ont pas fait la preuve à ce jour de leur efficacité dans cette indication (tableau 22.3).













































Tableau 22.3 — Essais thérapeutiques randomisés contrôlés ayant testé l’efficacité des traitements préventifs de l’ostéopénie et de l’ostéoporose dans l’anorexie mentale et retenus par le National Institute for Clinical Excellence (NICE, 2004)
La qualité de la preuve correspond aux critères d’EBM retenus par les experts.
Étude Produit Posologie Âges Qualité de la preuve
Effet sur la densité osseuse ou le turn-over osseux
Klibanski, 1995 Estrogènes conjugués/médroxyprogestérone ou estradiol 0,625mg par jour/5mg par jour ou 35μg par jour 16-42 ans Insuffisante
Grinspoon, 1996 IGF-I/placebo 30 ou 100μg/kg 18-29 ans Limitée
Gordon, 1999 DHEA 50, 100, 200mg par jour 15-22 ans Insuffisante
Gordon, 2002 DHEA/éthynilestradiol-lévornegestrel 50mg par jour/20μg-0,1mg 14-28 ans Insuffisante
Grinspoon, 2002 IGF-I/éthynilestradiol-norethindrone /placebo 30 ou 35μg/kg/35μg-0,4mg 23-27 ans Limitée

En 1995, Klibanski et al. [30] ont étudié l’évolution de la densité osseuse de deux groupes de patientes anorexiques âgées de 16 à 42 ans et recevant des estrogènes naturels ou de synthèse en comparaison à un groupe de patientes ne souffrant pas d’anorexie mentale et ne recevant aucun traitement estroprogestatif. La conclusion des auteurs était que les estrogènes ne pouvaient prévenir l’ostéopénie chez les jeunes anorexiques mais que, chez les patientes dont le trouble était le plus sévère, la prescription d’estrogènes conjugués et de médroxyprogestérone améliorait sensiblement la densité osseuse.

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Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Les troubles des conduites alimentaires

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