Le retard mental

18. Le retard mental

Daniel Bailly



Par de nombreux aspects, le retard mental se distingue de la plupart des autres troubles mentaux et pose de ce fait aux psychiatres d’enfants et d’adolescents des problèmes bien spécifiques. Tout d’abord, le retard mental n’est pas une entité clinique unitaire, avec des signes et des symptômes caractéristiques, une cause et une évolution bien définies. C’est un phénomène complexe regroupant tout un ensemble de comportements et de déficits à la fois cognitifs et comportementaux arbitrairement définis par la société (et les professionnels). Il peut avoir de nombreuses causes et des évolutions bien différentes. En second lieu, les valeurs véhiculées par la société et les attitudes du groupe social ont au moins autant d’importance que les facteurs biologiques dans le devenir des enfants et des adolescents présentant un retard mental. Enfin, de nombreux professionnels adhèrent encore à des conceptions réductrices du retard mental, qu’elles soient d’ordre organogénétique, sociologisante ou psychogénétique, qui souvent interfèrent avec leur pratique clinique [60].


DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

Les taux de prévalence du retard mental ont varié avec le temps, reflétant les changements intervenus dans sa définition [47, 50, 56]. Pendant longtemps, le retard mental a été défini uniquement à partir du quotient intellectuel (QI). La question posée était celle du seuil à partir duquel un individu pouvait être considéré comme mentalement retardé. Le chiffre de 70 au QI a été choisi «parce que la plupart des individus dont le QI est inférieur à 70 sont si limités dans leur fonctionnement adaptatif qu’ils ont besoin d’une protection et d’institutions spéciales, surtout durant leur scolarité»[8]. Certains auteurs préconisaient cependant d’inclure dans le retard mental ce qu’on appelle le «fonctionnement intellectuel limite» (QI compris entre 71 et 84), souvent cliniquement difficile à distinguer du retard mental léger. Avec cette définition large, 16% environ de la population américaine pouvait être considérée comme mentalement retardée. À l’inverse, en se tenant à la limite stricte d’un QI inférieur ou égal à 70, les taux de prévalence chutaient aux environs de 3%. Par la suite, les altérations du fonctionnement adaptatif n’ont plus été considérées comme une conséquence directe du déficit intellectuel, la corrélation entre le QI et le comportement adaptatif s’avérant être faible pour les niveaux correspondant au retard mental léger ou moyen [9]. Ces deux critères, QI inférieur ou égal à 70 et présence de déficits concomitants ou d’altérations du fonctionnement adaptatif, sont actuellement requis pour le diagnostic de retard mental [10]. Avec cette nouvelle définition, la prévalence du retard mental chez l’enfant et l’adolescent est estimée entre 1 et 1,5%. Pour Scott [50], ce taux de prévalence plus bas serait dû au fait que moins de la moitié des enfants et des adolescents ayant un retard mental léger sont reconnus comme nécessitant des aides spécifiques.

Les enfants et les adolescents présentant un retard mental ont souvent des troubles somatiques associés. Au vu des données de la littérature, on estime qu’environ 15 à 30% d’entre eux présentent des crises d’épilepsie, 20 à 30% des handicaps moteurs et 10 à 20% des déficits sensoriels. La fréquence de ces troubles ainsi que le taux de mortalité augmentent avec la sévérité du retard [39].

Enfin, la prévalence des troubles psychiatriques chez les enfants et les adolescents présentant un retard mental apparaît 3 à 4 fois plus élevée que dans la population générale. La nature des troubles présentés est comparable à celle observée dans la population générale. Cependant, si les troubles émotionnels et le trouble des conduites apparaissent augmentés dans les mêmes proportions, d’autres troubles, comme l’hyperactivité, les troubles envahissants du développement, les stéréotypies et les comportements d’automutilation sont beaucoup plus fréquents. Globalement, la fréquence des troubles psychiatriques augmente aussi avec la sévérité du retard [50].


ASPECTS CLINIQUES


DIAGNOSTIC DU RETARD MENTAL

Deux critères sont actuellement requis pour porter le diagnostic de retard mental: un fonctionnement intellectuel général significativement inférieur à la moyenne (QI ≤ 70), associé à des altérations ou à des déficits importants du fonctionnement adaptatif [10].

Le QI doit être évalué à l’aide d’un ou de plusieurs tests d’intelligence générale, passés de façon individuelle (par exemple échelle de Wechsler révisée pour les enfants, tests de Kaufman pour enfants). Cette évaluation (choix des tests, mode de passation) doit être adaptée aux capacités de l’enfant, notamment en cas de déficit sensoriel associé [31, 32]. Le seuil de 70 au QI est un seuil arbitrairement choisi qui doit être utilisé avec souplesse: on estime à 5 points la marge d’erreur sur un chiffre de QI. Ainsi, on peut porter le diagnostic de retard mental chez des sujets ayant un QI légèrement supérieur à 70, mais présentant des déficits ou des handicaps significatifs dans leur comportement adaptatif. À l’inverse, on peut exclure ce diagnostic chez des sujets ayant un QI légèrement inférieur à 70 si l’évaluation clinique conclut à l’absence d’altérations ou de déficits significatifs du fonctionnement adaptatif.

Le fonctionnement adaptatif fait référence à la capacité du sujet à se conformer aux normes escomptées pour son âge dans son milieu culturel. Pour porter le diagnostic de retard mental, des altérations ou des déficits significatifs du fonctionnement adaptatif doivent être observés dans au moins deux des secteurs suivants: communication, autonomie, vie domestique, aptitudes sociales et interpersonnelles, mise à profit des ressources de l’environnement, responsabilité individuelle, utilisation des acquis scolaires, travail, loisirs, santé et sécurité. Le fonctionnement adaptatif peut être influencé par de nombreux facteurs: éducation, motivation, caractéristiques personnelles, opportunités sociales et occupationnelles, ainsi que par les troubles somatiques et psychiatriques associés au retard mental. Aussi, son évaluation exige que des informations soient recueillies auprès de sources multiples. Des échelles d’évaluation appropriées pour quantifier le fonctionnement ou le comportement adaptatif ont également été mises au point (par exemple les échelles de comportement adaptatif de Vineland ou l’échelle de comportement adaptatif de l’Association américaine sur le retard mental).

Quatre degrés de sévérité du retard mental ont été définis, reflétant le niveau du déficit intellectuel:


— léger: QI compris entre 50-55 et 70 environ;


— moyen: QI compris entre 35-40 et 50-55;


— grave: QI compris entre 20-25 et 35-40;


— profond: QI inférieur à 20-25.

Le diagnostic de retard mental de sévérité non spécifiée peut aussi être porté lorsqu’il existe une forte présomption de retard mental mais que l’intelligence du sujet ne peut être mesurée par des tests standardisés. Parmi les enfants et les adolescents présentant un retard mental, 85% environ sont considérés comme ayant un retard mental léger, 10% un retard mental moyen, 3 à 4% un retard mental grave et 1 à 2% un retard mental profond [10].

De nombreux facteurs étiologiques, d’ordre biologique, psychosocial ou les deux à la fois, peuvent être impliqués dans la survenue d’un retard mental. En règle générale, plus le retard mental est sévère, plus la probabilité de trouver une cause biologique (organique ou génétique) est grande. À l’inverse, les facteurs psychosociaux (conditions socioéconomiques défavorables, absence de stimulations sociales, verbales ou autres, carence affective) apparaissent d’autant plus importants qu’on se situe dans le cadre du retard mental léger. Quoi qu’il en soit, en l’état actuel des connaissances, aucune étiologie précise n’est retrouvée dans 30 à 40% des cas environ, et ce malgré des investigations poussées [7, 10, 39].


ÉVALUATION PSYCHIATRIQUE

Il est fréquent que les psychiatres soient amenés à rencontrer les enfants atteints d’un retard mental, souvent «en urgence», pour des troubles du comportement «isolés», tels que des comportements agressifs, destructeurs ou d’automutilation. Comme chez les enfants à l’intelligence normale, ces troubles du comportement nécessitent d’être évalués avec soin. L’agressivité n’est pas un trouble. Ce n’est qu’un symptôme qui peut se retrouver dans de nombreux troubles mentaux. Sundheim et al. [56], par exemple, ont réalisé une étude portant sur 569 enfants et adolescents présentant un retard mental ayant bénéficié d’une évaluation psychiatrique. Quarante-cinq pour cent d’entre eux avaient été adressés pour des «comportements violents». Après évaluation, il s’est avéré qu’un bon nombre de ceux-ci présentaient en fait un trouble anxieux ou dépressif qui a pu être corrigé par un traitement approprié. À l’inverse, trop souvent encore, des attitudes réductrices conduisent à des réponses certes rapides, mais inadéquates, et qui ne sont pas toujours sans danger pour l’enfant. Ainsi peut-on expliquer les résultats de certaines études qui montrent, par exemple, que 20 à 55% des enfants retardés mentaux placés en institution reçoivent des neuroleptiques, sans indication diagnostique claire, sans évaluation précise de leur efficacité et de leurs effets secondaires [27, 28, 34, 51, 68].

L’évaluation des troubles psychiatriques chez les enfants et les adolescents retardés mentaux n’est pas simple et comporte de nombreux pièges qu’il convient d’éviter [56].

La tentation est souvent grande de rapporter tous les signes et les symptômes observés au retard mental et/ou à une hypothétique «lésion cérébrale» dont témoignerait le retard mental. Il n’est pas rare que des signes et des symptômes qui seraient considérés comme modérés, transitoires et normaux chez des enfants à l’intelligence normale, soient considérés, chez les enfants retardés mentaux, comme directement liés à leur pathologie. Une telle attitude conduit à psychiatriser à l’excès, de même que le diagnostic de retard mental vient souvent faire obstacle à la reconnaissance des troubles mentaux associés [42, 43, 44, 66]. Certes, certains symptômes comportementaux comme la passivité, la dépendance, une mauvaise estime de soi, une faible tolérance à la frustration, l’agressivité, un mauvais contrôle de l’impulsivité, des comportements stéréotypés sont fréquemment retrouvés chez les enfants et les adolescents retardés mentaux. Cependant, il convient de rappeler que les signes et les symptômes observés chez les enfants retardés mentaux doivent être analysés au regard de leur niveau de développement, et non en fonction de leur âge chronologique. Par ailleurs, contrairement à une idée couramment admise, il n’existe pas de traits de personnalité ou de traits comportementaux spécifiques du retard mental. Certains enfants vont se montrer passifs, soumis et dépendants, tandis que d’autres pourront être impulsifs et agressifs. D’autres encore pourront se montrer tout à fait sociables. Un manque d’habileté communicationnelle pourra se traduire par des comportements perturbateurs et agressifs, venant suppléer la communication par le langage. Les enfants retardés mentaux peuvent aussi être particulièrement vulnérables. Ils peuvent être victimes d’abus (physiques et/ou sexuels) ou tout simplement être privés de leurs droits les plus élémentaires ou de certaines opportunités. Si, dans certains cas, les symptômes comportementaux observés peuvent effectivement être liés à une affection physique, dans de nombreux autres cas, ils apparaîtront en fait surtout conditionnés par des facteurs environnementaux [10]. Dans le même ordre d’idée, des troubles du comportement sont fréquemment rencontrés chez les enfants et les adolescents présentant des désordres cérébraux résultant de causes diverses (traumatismes de la naissance, infections, intoxications, traumatismes crâniens, épilepsie, etc.). Cependant, même dans ces cas, il est souvent impossible d’éliminer le rôle probable joué par les facteurs psychosociaux. En fait, les études d’imagerie cérébrale corroborent les résultats des études épidémiologiques qui montrent, par exemple, qu’une lésion cérébrale est impliquée dans l’étiologie du trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA/H) dans moins de 5% des cas [17]. Autrement dit, si les tableaux cliniques observés revêtent fréquemment des présentations atypiques [36], rien ne permet de penser que les troubles mentaux retrouvés chez les enfants retardés mentaux diffèrent de ceux retrouvés chez les enfants à l’intelligence normale. De même, en l’état actuel des connaissances, rien ne permet de penser que les facteurs étiopathogéniques qui les sous-tendent diffèrent de ceux habituellement reconnus chez les enfants à l’intelligence normale.

À l’inverse, une autre erreur consisterait à rapporter systématiquement tous les signes et les symptômes observés à un trouble mental associé et/ou à des facteurs psychosociaux, en ignorant le rôle possible joué par des facteurs organiques. Certains symptômes comportementaux sont manifestement liés à la pathologie organique que peuvent présenter les enfants retardés mentaux. On citera, par exemple, les comportements d’automutilation (morsures des lèvres, des joues, des doigts, coups violents à la tête) observés dans le syndrome de Lesch-Nyhan [33]. De même, des études réalisées chez des sujets retardés mentaux présentant une épilepsie réfractaire ont montré que l’amélioration du contrôle des crises s’accompagnait d’une diminution significative des troubles du comportement [38]. Il convient aussi de ne pas oublier que les enfants retardés mentaux reçoivent souvent de nombreux médicaments, et notamment des anticonvulsivants, lesquels peuvent être responsables d’effets secondaires de type psychiatrique [15, 26, 49]. Enfin, de façon plus banale, de nombreux enfants retardés mentaux ont des difficultés à exprimer clairement la nature de leur malaise. Une otite, une douleur dentaire, une infection urinaire, des maux de tête, des douleurs abdominales peuvent entraîner une irritabilité, une agressivité ou des comportements d’automutilation.

Les classifications internationales n’accordent aucune place aux variations de l’expression clinique des signes et des symptômes chez les sujets retardés mentaux. Les déficits cognitifs, les altérations du langage, les troubles de l’adaptation sociale et de l’expression émotionnelle affectent pourtant la présentation clinique des troubles mentaux et rendent leur diagnostic souvent difficile [36, 50, 53]. Par ailleurs, même si de nombreux enfants retardés mentaux peuvent communiquer par le langage, il est aussi souvent nécessaire d’adapter les conditions d’examen aux capacités cognitives du sujet. Les enfants et les adolescents retardés mentaux ont souvent du mal à verbaliser ce qu’ils ressentent. L’utilisation d’images, privilégier les questions simples, requérant une réponse par «oui/non», voire le recours au langage par signes peut faciliter l’entretien. Dans le même ordre d’idée, il convient également de se méfier des interprétations subjectives que peuvent susciter l’expression faciale et les attitudes corporelles propres à certaines pathologies [48]. Pour contourner ces difficultés, le clinicien peut s’aider d’instruments diagnostiques spécifiquement adaptés aux sujets retardés mentaux [2, 54, 55, 57]. Là encore, des ajustements peuvent s’avérer nécessaires en cas de déficit sensoriel associé [16, 31].

Toutes ces données montrent bien, si besoin était, que l’évaluation psychiatrique chez les enfants et les adolescents retardés mentaux ne peut se résumer au seul examen individuel du sujet. Cette évaluation nécessite que des informations soient recueillies auprès de sources multiples. Parents, enseignants, éducateurs doivent être interrogés sur le fonctionnement actuel et passé de l’enfant et sur ses interactions avec ses différents environnements. De même, l’histoire développementale et médicale de l’enfant doit être retracée avec soin par les médecins (généraliste, pédiatre, spécialistes) qui le suivent. Seule la collaboration active des différents intervenants auprès de l’enfant peut permettre une évaluation aussi précise et objective que possible de son état mental [56].


PRISE EN CHARGE

La prise en charge des enfants et des adolescents retardés mentaux requiert toute une série de mesures dont l’utilisation dépendra de chaque cas particulier. Ces mesures ont pour objectif principal de permettre aux enfants et aux adolescents de développer une qualité de vie optimale et de prévenir les difficultés qu’ils pourraient rencontrer dans leur fonctionnement psychosocial [59]. Elles sont particulièrement importantes chez les enfants et les adolescents présentant un retard mental léger ou moyen, chez qui le fonctionnement adaptatif dépendra, en grande partie, des efforts palliatifs entrepris. Optimiser leurs compétences et développer leur autonomie, en termes de communication, de soins corporels et, plus généralement, de vie sociale est essentiel. À ce titre, les mesures pédagogiques, les techniques de rééducation, les mesures éducatives et les techniques cognitivocomportementales d’apprentissage constituent les éléments principaux de la prise en charge des enfants et des adolescents retardés mentaux. Ces actions peuvent être entreprises en milieu ordinaire de vie ou au sein d’institutions spécialisées permettant de regrouper, en un même lieu, l’ensemble des prestations offertes à l’enfant. S’il est préférable de maintenir l’enfant dans sa famille, dans certains cas, le recours à un placement en internat pourra s’avérer nécessaire [25, 40]. De façon générale, le choix des mesures à prendre et des techniques à utiliser dépendra:


— de la sévérité du retard mental;


— de la personnalité de l’enfant et de la dynamique familiale;


— des possibilités socioéconomiques et culturelles de la famille et des capacités d’accueil local.

Quelle que soit la nature des mesures entreprises, celles-ci doivent permettre à l’enfant de se faire une idée de sa propre valeur et de développer une image de soi positive, afin d’éviter la résignation apprise, la passivité et, plus généralement, la mise en place de stratégies de défense inadaptées. La plupart des enfants et des adolescents retardés mentaux sont capables de s’adapter de façon satisfaisante à la vie dans la communauté, dans les limites de leur handicap. Cependant, si leur évolution peut dépendre de facteurs biologiques (par exemple, en cas d’affection somatique sous-jacente), elle dépend aussi en grande partie de facteurs environnementaux: conditions d’éducation, stimulations de l’environnement, adéquation de la prise en charge. C’est dire que si la place faite à l’enfant et les mesures adoptées peuvent influencer son évolution dans un sens favorable, elles peuvent aussi l’influencer dans un sens défavorable.

Les enfants et les adolescents retardés mentaux présentant généralement des handicaps multiples, leur prise en charge nécessite toujours l’intervention de plusieurs spécialistes qui peuvent avoir des points de vue différents sur l’enfant. Si chacun de ces spécialistes est responsable de son action dans son domaine propre, celle-ci doit aussi s’articuler avec les autres dans le cadre d’un projet cohérent, élaboré avec l’ensemble des intervenants concernés. Les rôles du pédopsychiatre au sein de cette équipe multidisciplinaire sont nombreux et peuvent varier en fonction des situations cliniques rencontrées. Ses interventions auprès de l’enfant et de sa famille peuvent revêtir différentes formes: orientation, soutien émotionnel, dépistage et traitement des troubles mentaux. De même, il peut mettre ses compétences au service de l’équipe pédagogique et éducative afin de l’aider dans son travail quotidien: participation aux réunions de synthèse, sensibilisation des intervenants aux aspects psychologiques et relationnels de la prise en charge, supervision. De par sa formation, à la fois médicale et psychologique, il peut aussi avoir pour rôle de synthétiser les différents points de vue, la reconnaissance mutuelle et la prise en compte effective du rôle, de la spécificité et des limites de chacun des partenaires concernés pouvant seules permettre une articulation suffisamment souple de leurs interventions respectives. Cela ne signifie pas que le pédopsychiatre doit obligatoirement être le «référent» de l’équipe qui prend en charge l’enfant. Au même titre que les autres intervenants, son rôle est de mettre ses compétences au service d’une prise en charge centrée sur les besoins réels de l’enfant et de sa famille [6, 14, 67].


TRAITEMENT DES TROUBLES MENTAUX

Le traitement des troubles psychiatriques fait partie intégrante de la prise en charge des enfants et des adolescents retardés mentaux. Pour être efficace, il se doit de respecter les spécificités de cette prise en charge. À ce titre, Szymanski et Kaplan [61]émettent plusieurs recommandations:


— nécessité d’une évaluation clinique soigneuse, à la fois diagnostique et étiopathogénique;


— élaboration d’un programme thérapeutique tenant compte de tous les besoins de l’enfant, et non uniquement centré sur les troubles du comportement;


— prise en compte des facteurs environnementaux possiblement en cause (par exemple: orientation scolaire inadaptée ou inadéquation de la prise en charge éducative);


— choisir les stratégies thérapeutiques présentant le meilleur rapport bénéficesrisques pour l’enfant plutôt que celles qui répondraient de façon commode aux demandes des intervenants (comme par exemple supprimer rapidement un symptôme à l’aide de médicaments);


— identifier précisément les symptômes cibles et choisir les instruments les plus appropriés pour mesurer l’efficacité du traitement;


— nécessité d’expliquer le programme thérapeutique aux différents intervenants et d’obtenir leur accord pour les stratégies mises en place, afin d’éviter les «pressions» contraires aux objectifs du traitement;


— surveiller attentivement et régulièrement les effets indésirables, et ce d’autant plus qu’il est souvent difficile, pour un enfant retardé mental, de les rapporter spontanément;


— respecter les droits du patient et les règlements en vigueur (par exemple: nécessité d’obtenir le consentement éclairé des parents pour la mise en place d’un traitement médicamenteux).

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Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Le retard mental

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