5. Les formes pharmaceutiques solides destinées à la voie orale (sauf capsules et comprimés)
I. Poudres orales
A. Définition3
« Les poudres orales sont des préparations constituées de particules solides, sèches, libres, et plus ou moins fines. Elles contiennent une ou plusieurs substances actives additionnées ou non d’excipients et, si nécessaire, de colorants autorisés par l’Autorité compétente et d’aromatisants. »
Les poudres sont généralement administrées dans ou avec de l’eau ou un autre liquide approprié. Dans certains cas, elles peuvent être avalées telles quelles. Elles sont obtenues à partir de drogues végétales ou animales, ou de substances chimiques naturelles ou synthétiques.
Une poudre est dite « simple » si elle n’est constituée que d’une seule substance, et « composée » si elle contient un mélange de plusieurs poudres simples.
B. Préparation
L’obtention des poudres met généralement en œuvre deux opérations, la pulvérisation et le tamisage qui sont effectuées de manière à éviter toute altération (voir § « Pulvérisation des solides »chapitre 3).
La pulvérisation est réalisée à l’aide d’appareils appropriés à la nature du produit et au degré de finesse recherché pour la poudre. Elle est précédée, dans certains cas, de traitements préliminaires, tels que la mondation et le séchage.
Les poudres peuvent aussi être obtenues par d’autres procédés, notamment par précipitation à partir d’une solution, dans des conditions déterminées.
Le tamisage est exécuté à l’aide d’instruments dénommés tamis (voir chapitre 3).
Il faut noter que certains mélanges de poudres simples donnent lieu au développement d’incompatibilités.
Le caractère essentiel des poudres est l’homogénéité, ce qui impose quelquefois l’introduction d’un colorant dans la formule comme dans la poudre de Digitaline ® au 1/100 e.
Les poudres effervescentes sont conditionnées en récipients unidoses ou multidoses et contiennent généralement des substances acides et des carbonates ou bicarbonates qui réagissent rapidement en présence d’eau en libérant du dioxyde de carbone. Elles sont destinées à être dissoutes ou dispersées dans l’eau avant administration.
C. Conservation
La pulvérisation facilite l’administration mais pas la conservation. Les poudres doivent être conservées dans des récipients bien secs, hermétiquement clos, à l’abri de la lumière et de l’humidité (surtout les poudres effervescentes).
D. Administration
1. Administration en nature
Un pharmacien peut délivrer une poudre simple ou composée constituant, suivant le cas, une préparation multidose spécialisée, officinale ou magistrale. Cette dernière répond à une formule prescrite par un médecin et étiquetée « poudre n°… » avec le numéro d’ordonnancier. Les poudres sont présentées dans une boîte et le malade mesure lui même le volume de la prise : par exemple, une mesure ou une cuillerée à café à dissoudre ou à mettre en suspension dans un certain volume d’eau. C’est la forme « poudre » proprement dite. Elle est relativement peu utilisée.
Poudre de réglisse composée.
Poudre d’ipécacuanha opiacée ou « poudre de Dover ».
Poudre alcaline composée appelée encore « poudre de Bourget ».
2. Administration sous forme unitaire
Les poudres sont généralement réparties en doses unitaires représentant chacune une unité de prise pour le malade. On va ainsi dans le sens d’une plus grande commodité et d’une plus grande sécurité comme cela a déjà été décrit.
C’est le cas des paquets, des sachets qui permettent au patient, après leur ouverture, d’utiliser la poudre exactement mesurée et dosée en substance active. Certaines poudres effervescentes sont présentées en deux sachets contenant l’un la partie acide, l’autre la partie alcaline et qu’il faut mettre ensemble dans l’eau pour l’administration. Cependant, cette présentation n’est pas toujours possible pour des substances actives présentant un mauvais goût malgré leur aromatisation.
Il sera donc alors nécessaire de préparer des formes unitaires dérivées des poudres qui peuvent être classées en fonction de leur état dans la forme (fig. 4.1, p. 86).
a. Paquets
Un paquet est constitué par une feuille de papier convenablement pliée, enveloppant une prise unitaire de poudre simple ou composée exactement pesée (de quelques décigrammes à une dizaine de grammes).
La préparation des paquets est exclusivement officinale. On utilise du papier spécial qui, une fois plié, permet de porter sur le paquet soit le numéro de l’ordonnancier, soit l’identité du médicament (fig. 5.1).
Fig. 5.1 |
b. Sachets
Sachet de « poudre de Bourget ».
Actuellement, les sachets sont fabriqués industriellement. Ils sont en aluminium recouvert d’un film plastique ou entièrement en matière plastique thermosoudée et peuvent contenir des poudres, mais aussi dans certains cas, des suspensions liquides prêtes à l’emploi. Les médicaments destinés à soulager les « brûlures d’estom ac » sont souvent contenus dans des sachets (phosphates d’aluminium et de magnésium par exemple) (fig. 5.2).