Les formes pharmaceutiques destinées à l’administration transmuqueuse

11. Les formes pharmaceutiques destinées à l’administration transmuqueuse








Les formes galéniques destinées à l’administration transmuqueuse sont très diverses, car elles sont adaptées à chaque muqueuse utilisée comme voie d’administration. Elles sont étudiées pour ne pas blesser ni irriter cette muqueuse tout en libérant, de manière satisfaisante, la substance active pour lui permettre d’exercer son activité pharmacologique.

Elles peuvent contenir des excipients destinés, par exemple, à ajuster la viscosité de la préparation, à adapter ou stabiliser le pH, à augmenter la solubilité de la substance active ou à stabiliser la préparation. Ces excipients ne nuisent pas à l’action médicamenteuse recherchée et, aux concentrations choisies, ne provoquent pas d’irritation locale notable.


I. Préparations buccales



A. Définition36








« Les préparations buccales sont des préparations liquides, semi-solides ou solides contenant une ou plusieurs substances actives destinées à être administrées dans la cavité buccale et/ou la gorge en vue d’une action locale ou systémique.

Les préparations destinées à une action locale peuvent être conçues pour être appliquées en un site spécifique de la cavité buccale tel que la gencive (préparations gingivales) ou dans la gorge (préparations oropharyngées). Les préparations destinées à une action systémique sont conçues pour être principalement absorbées en un ou plusieurs sites de la muqueuse buccale (ex. : préparations sublinguales). Les préparations muco-adhésives sont destinées à être maintenues dans la cavité buccale par adhérence à l’épithélium de la muqueuse ; elles peuvent modifier l’absorption systémique du médicament.


Plusieurs catégories de préparations buccales peuvent être distinguées :




• les solutions pour gargarisme ;


• les solutions pour bain de gorge ;


• les solutions gingivales ;


• les solutions buccales et suspensions buccales ;


• les préparations buccales semi-solides (notamment : gels gingivaux, pâtes gingivales, gels buccaux, pâtes buccales) ;


• les préparations liquides pour instillation buccale, pulvérisation buccale ou pulvérisation sublinguale (y compris les préparations liquides pour pulvérisation oropharyngienne) ;


• les pastilles et les pâtes à sucer ;


• les comprimés à sucer ;


• les comprimés sublinguaux et comprimés gingivaux ;


• les capsules buccales ;


• les préparations muco-adhésives.

Ne sont pas incluses dans cette monographie les préparations dentaires, ni les préparations telles que les comprimés à croquer, les gommes à mâcher médicamenteuses, les lyophilisats oraux ou autres préparations solides ou semi-solides destinées à être croquées ou dispersées dans la salive avant éventuellement d’être avalées.


B. Préparations liquides



1. Solution pour gargarismes




Les solutions pour gargarismes peuvent contenir des excipients destinés à ajuster le pH qui est, autant que possible, neutre. »



2. Solutions pour bains de bouche




3. Solutions gingivales







« Les solutions gingivales sont destinées à être appliquées sur la gencive au moyen d’un applicateur approprié. »


4. Solutions buccales et suspensions buccales




5. Préparations buccales semi-solides







« Les préparations buccales semi-solides sont des gels ou pâtes hydrophiles destinés à être administrés dans la cavité buccale ou en un site spécifique de la cavité buccale, par exemple la gencive (gels gingivaux, pâtes gingivales). Elles peuvent se présenter sous forme de préparations unidoses. »38


6. Préparations liquides pour instillation buccale, pulvérisations buccales, pulvérisations sublinguales




« Les préparations liquides pour pulvérisation buccale sont conditionnées en récipients avec nébuliseur ou en récipients pressurisés munis d’un système d’administration approprié, avec ou sans valve doseuse. » Cette présentation a remplacé celle des anciens collutoires que l’on appliquait par badigeonnage sur le fond de la gorge en utilisant un porte-coton (tige de métal de 15 cm de long) au bout duquel était fixé un tampon qui, trempé dans les médicaments, servait à appliquer le produit (ex. : le collutoire au bleu de méthylène).

Les autres formes liquides citées par la Pharmacopée sont les solutions gingivales (destinés à être appliquées sur la gencive), les solutions et suspensions buccales et les préparations buccales semi-solides destinées à être appliquées dans la cavité buccale sur un site spécifique.


C. Préparations buccales solides


On trouve les pastilles, les pâtes à sucer ainsi que les remèdes à usage homéopathique également administrés par voie perlinguale : granules, globules, comprimés.


1. Pastilles et pâtes à sucer







« Les pastilles et les pâtes à sucer sont des préparations unidoses solides destinées à être sucées et à se dissoudre ou se désagréger lentement dans la bouche afin d’exercer généralement une action locale dans la cavité buccale et la gorge. Elles contiennent une ou plusieurs substances actives, habituellement dans un excipient aromatisé et sucré. »39




Les pâtes à sucer (appelées autrefois « pâtes officinales sucrées ») sont des préparations molles et malléables obtenues par moulage de mélanges contenant des gommes ou polymères naturels ou synthétiques et des édulcorants.

La solution ainsi obtenue est évaporée à une température ne dépassant pas 60 °C jusqu’à obtention de la consistance convenable. Pour faciliter la conservation de la consistance semi-molle, on peut remplacer tout ou partie du saccharose par du glucose ou du sorbitol. On peut aussi substituer à la gomme arabique des substances mucilagineuses comme les pectines.

Certaines pâtes sont désignées sous le nom de « pâtes battues ». Le mélange initial est, dans ce cas, agité pendant l’évaporation. Elles doivent leur opacité à l’interposition d’air au cours de l’agitation.

Il existe aussi des pâtes où le saccharose est remplacé par des dérivés hydrogénés de saccharose et des édulcorants de synthèse.

Les pâtes peuvent être recouvertes soit par un mélange de corps gras (mélange de cire d’abeille, d’huile de paraffine fluide par exemple), soit par une huile de paraffine fluide (glaçage), soit par une couche de sucre semoule qui facilite leur conservation (candissage).

Chaque unité pèse généralement entre 1 g et 3 g (fig. 11.1 [1 et 2]). Elles doivent être conservées à l’abri de l’humidité.



2. Comprimés à sucer







« Les comprimés à sucer sont des préparations unidoses solides destinées à être sucées afin d’exercer une action locale ou systémique. Ils sont obtenus par compression et sont souvent de forme rhomboidale. »

Il faut noter que ces formes remplacent ce que l’on appelait dans les anciennes éditions de la Pharmacopée, les tablettes définies ainsi : « saccharolés de consistance solide destinés à se désagréger lentement dans la cavité buccale. Elles se présentent le plus souvent sous forme de petits parallélépipèdes pesant environ 1 g. Elles sont généralement composées de saccharose en forte proportion, d’une substance agglomérante telle que gomme arabique ou gomme adragante, d’une ou de plusieurs substances actives, et éventuellement de substances auxiliaires (telles que colorants, aromatisants…). »

Elles étaient préparées en réalisant d’abord un mucilage avec la ou les substances actives, la substance agglomérante, une partie du saccharose et une petite quantité d’eau. À la pâte obtenue étaient ajoutés en malaxant le reste du saccharose et les éventuelles substances auxiliaires. Sur la masse finale étendue en couche uniforme étaient decoupées les tablettes à l’emporte-pièce puis séchées à l’air libre, de 1 à 2 heures, puis à l’étuve à 40 °C.







À titre anecdotique, il faut noter que les célèbres « Pastilles de Vichy » (contenant du carbonate de sodium et aromatisées à la menthe), connues dans le monde entier, sont en réalité des « tablettes » préparées depuis 1948 par compression alors que les premières commercialisées en 1863 étaient obtenues selon le procédé conventionnel initial !






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3. Comprimés sublinguaux et comprimés gingivaux





II. Préparations ophtalmiques



A. Définition




B. Collyres



1. Définition41








« Les collyres sont des solutions, des émulsions ou des suspensions stériles, aqueuses ou huileuses, contenant une ou plusieurs substances actives et destinées à l’instillation oculaire. »

Les collyres, instillés dans le cul-de-sac conjonctival, se diluent dans le liquide lacrymal et exercent leur activité anti-infectieuse ou anti-inflamma toire, par exemple sur la cornée, la conjonctive et les paupières. Ils sont rapidement éliminés avec les larmes et leur application doit être répétée.




4. Conditionnement


Il est effectué dans des récipients spéciaux : des flacons compte-gouttes (multidoses) qui contiennent, au maximum 10 mL de préparation, des ampoules-collyres (unidoses) en verre ou matière plastique (fig. 11.2).







À noter qu’une seule formule était inscrite à la Pharmacoppée française, le collyre au nitrate d’argent au centième destiné à être employé préventivement contre l’ophtalmie gonococcique des nouveau-nés. Mais, son utilisation est actuellement très limitée.



C. Solutions pour lavage ophtalmique42








« Les solutions pour lavage ophtalmique sont des solutions aqueuses stériles destinées à rincer ou à laver les yeux ou à imbiber des compresses oculaires.

Les solutions pour lavage ophtalmique peuvent contenir des excipients destinés, par exemple, à ajuster le pouvoir osmotique ou la viscosité de la préparation ou à adapter ou stabiliser le pH. »

Les solutions pour lavage ophtalmique utilisées au cours d’interventions chirurgicales ou en traitement de premier secours ne contiennent pas de conservateur antimicrobien et sont conditionnées en récipients unidoses. Les solutions pour lavage ophtalmique destinées à un autre usage et prescrites sans conservateur antimicrobien, sont également conditionnées en récipients unidoses.

Les solutions pour lavage ophtalmique conditionnées en récipients multidoses contiennent un conservateur antimicrobien approprié, en concentration convenable, sauf si la préparation elle-même possède des propriétés antimicrobiennes adéquates. Le conservateur antimicrobien choisi est compatible avec les autres composants de la préparation et garde son efficacité jusqu’à la fin de la durée d’utilisation de la solution. Les solutions pour lavage ophtalmique, examinées dans des conditions appropriées de visibilité, sont pratiquement limpides et pratiquement exemptes de particules.


D. Poudres pour collyres et poudrespour solutions pour lavage ophtalmique42







« Les poudres pour collyres et poudres pour solutions pour lavage ophtalmique sont des préparations sèches stériles à dissoudre ou disperser dans un liquide approprié au moment de l’administration. Elles peuvent contenir des excipients destinés à faciliter la dissolution ou la dispersion, à empêcher l’agrégation des particules, à ajuster le pouvoir osmotique, à adapter ou stabiliser le pH ou à stabiliser la préparation.

Après dissolution ou mise en suspension, la préparation satisfait, selon le cas, aux exigences concernant les collyres ou les solutions pour lavage ophtalmique. »


E. Préparations ophtalmiques semi-solides42







« Les préparations ophtalmiques semi-solides sont des pommades, crèmes ou gels stériles destinés à être appliqués sur les conjonctives ou les paupières. Elles contiennent une ou plusieurs substances actives dissoutes ou dispersées dans un excipient approprié. Elles présentent un aspect homogène. »

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Jun 7, 2020 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Les formes pharmaceutiques destinées à l’administration transmuqueuse

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