8. Les formes pharmaceutiques liquides destinées à la voie orale utilisables comme formes intermédiaires
Les formes liquides destinées à la voie orale ont été présentées et classées dans le chapitre 4. Certaines peuvent être utilisées comme « formes intermédiaires », c’est-à-dire comme matières premières pour d’autres préparations. Les autres sont utilisées en l’état.
I. Solutions et tisanes
Les solutions et les tisanes sont obtenues par dissolution en utilisant l’eau comme solvant. Les solutions sont obtenues par dissolution simple et les tisanes par dissolution extractive.
A. Solutions
2. Préparation
Par dissolution simple avec l’eau comme solvant, on obtient les solutions que l’on définit comme des préparations liquides et limpides obtenues par dissolution d’une ou de plusieurs substances actives dans un solvant approprié.
À noter que ces solutions ont été longtemps appelées « solutés ».
Les solutions sont obtenues par dissolution à froid ou à chaud. La préparation s’achève toujours par une filtration sur papier ou un autre dispositif.
L’eau utilisée dans la préparation des solutions aqueuses est de l’eau potable, ou de l’eau purifiée par échangeur d’ions ou distillée à partir d’une eau potable. Ces différentes eaux doivent répondre aux normes indiquées par la Pharmacopée française.
Solution de chloroforme ou eau chloroformée :
– chloroforme anesthésique 5 g
– eau 995 g
C’est une solution classée en liste I et employée comme antispasmodique de l’appareil digestif.
Solution d’hydroxyde de calcium officinal ou eau de chaux : c’est une solution de chaux à 1,69 g par litre, utilisée comme antiacide et antidiarrhéique (sert de base à la préparation du liniment oléocalcaire).
Solution d’adrénaline au millième : c’est une solution composée, contenant des adjuvants de conservation (sulfite disodique), et dont 20 gouttes équivalent à un milligramme d’adrénaline. Elle est classée en liste I et employée comme vasoconstricteur et hypertenseur.
Solution iodo-iodurée forte ou s olution dite de Lugol, solution iodo-iodurée faible dite de Tarnier (liste II) : ce sont deux solutions qui contiennent de l’iode dissous dans de l’eau grâce à la présence de iodure de potassium. La solution de Lugol est toujours utilisée dans certaines pathologies de la thyroïde.
Enfin, il faut signaler que bien souvent, les pharmaciens d’officine préparent à l’avance, des solutions non inscrites à la Pharmacopée française, de divers produits courants à un titre connu, qui facilitent la préparation de certaines formes magistrales.
3. Utilisation par le malade
Certaines de ces formes sont fractionnées par le malade sous forme de gouttes comme les solutions d’iode, d’adrénaline. Il utilise pour cela soit un compte-gouttes normalisé (20 gouttes d’eau au gramme), soit une sorte de seringue qui délivre un volume de solution correspondant à un nombre de gouttes (fig. 8.1). D’autres solutions correspondant à des préparations magistrales ou à des spécialités sont présentées sous forme d’ampoules buvables qui devront obligatoirement être colorées pour les différencier des ampoules injectables.
Fig. 8.1 |
4. Limonades
Limonade citro-magnésienne :
– acide citrique 32 g
– hydrocarbonate de magnésium 20 g
– eau 300 g
– sirop simple 75 g
– alcoolature de citron 1 g
Elle peut être rendue effervescente.
B. Tisanes
1. Définition14
« Ce sont des préparations aqueuses de plantes médicinales entières ou de parties de celles-ci convenablement divisées pour être plus facilement pénétrées par l’eau. Elles sont administrées à des fins thérapeutiques. Elles peuvent encore servir de boisson aux malades ou de véhicule pour l’administration de divers médicaments. »
2. Préparation
Les tisanes sont obtenues par macération, digestion, infusion ou décoction, dans des récipients couverts, en utilisant de l’eau potable.
Macération, digestion, décoction conviennent à la plupart des racines, rhizomes et écorces. Pour les drogues à gommes et mucilages, il y a intérêt à utiliser la macération ou la digestion à une température peu élevée.
L’infusion convient aux drogues fragiles et aux drogues riches en huiles essentielles.
Les tisanes doivent être préparées au moment du besoin et, éventuellement, passées à travers un linge fin ou même quelquefois filtrées (bouillon-blanc, bruyère, reine-des-prés).
Les tisanes sont généralement édulcorées avec du sucre, du miel, des sirops ou des mellites et quelquefois avec de la glycyrrhizine.
Il est à noter que certaines tisanes peuvent être utilisées comme base pour des préparations magistrales par le pharmacien d’officine, mais dans la plupart des cas, elles sont directement utilisées par le malade.
Le rapport plante/solvant est en général, pour les tisanes préparées par infusion de 15 minutes, de 5 à 10 grammes de plante par litre.
Il faut noter enfin que, pour faciliter la préparation de ces tisanes par le malade, certains fabricants présentent les plantes dans un sachet en papier spécial ne contenant pas de colle, appelé communément infusette ou « sachet-dose pour tisane »15.
À côté de ces tisanes simples, on peut préparer une tisane à partir du mélange Espèces (ou fleurs) pectorales, composé de sept fleurs : bouillon-blanc, coquelicot, guimauve, mauve, pied de chat, tussilage et violette.
Ce mélange possède une activité calmante sur les affections des voies respiratoires.
II. Solutions alcooliques
Anciennement appelées alcoolés, les solutions alcooliques préparées par dissolution simple, utilisées actuellement, ne représentent qu’une petite classe de formes galéniques utilisant l’alcool éthylique comme solvant, contrairement à celles préparées par dissolution extractive (teintures par exemple).
Les solutions alcooliques sont préparées par dissolution simple d’une ou de plusieurs substances actives dans de l’alcool éthylique provenant de la distillation de liqueurs fermentées à base de glucides.
L’alcool éthylique utilisé en officine, titre 96 % d’alcool éthylique pur mais il est possible en utilisant des tables publiées par la Pharmacopée de préparer des dilutions de telle sorte que l’on puisse disposer d’alcool éthylique à 80 %, 70 %, 60 %, etc.
– essence de menthe poivrée 20 g
– alcool à 90 % 980 g
Solution de trinitrine : solution de trinitroglycérine au centième dans l’alcool à 90 %. Elle est classée en liste I et utilisée comme vasodilatateur coronarien et dans le traitement de l’angine de poitrine.
Il est à noter qu’il existe des solutions glycéro-alcooliques comme les suivantes : Solution de bromoforme au dixième :
– bromoforme 10 g
– glycérine officinale 30 g
– alcool à 90 % 60 g
Elle est classée en liste I et employée pour préparer le sirop de bromoforme composé (sédatif de la toux). Solution de digitaline au millième :
– digitaline 0,1 g
– alcool à 95 % 46 g
– glycérine officinale 40 g
– eau qsp 100 g
Inscrite en liste I, cinquante gouttes de cette solution contiennent un milligramme de digitaline.
III. Glycérés
Par dissolution simple dans la glycérine, produit obtenu par hydrolyse des corps gras, on prépare un glycéré (ou solution glycérinée).