9. Les formes pharmaceutiques liquides destinées à la voie orale
I. Sirops
II. Potions
III. Suspensions
IV. Émulsions
V. Gouttes buvables
I. Sirops
A. Définition25
« Les sirops sont des préparations aqueuses caractérisées par leur saveur sucrée et leur consistance visqueuse. Ils peuvent contenir du saccharose, à concentration au moins égale à 45 % m/m. La saveur sucrée peut également leur être conférée par d’autres polyols ou édulcorants. Ils contiennent généralement des aromatisants ou autres agents de sapidité. »
B. Préparation
Ils sont généralement préparés avec du saccharose qui, à une concentration minimale de 45 % m/m, leur confère une consistance visqueuse. À une concentration voisine de 65 % m/m (densité de l’ordre de 1,32 à 20 °C), le saccharose leur assure, sous certaines conditions, une protection antimicrobienne.
Le saccharose peut être remplacé par d’autres sucres tels que le glucose, le lévulose, du sucre inverti.
Les sirops peuvent contenir une ou plusieurs substances actives et, si nécessaire, des substances auxiliaires telles que des colorants, des aromatisants, des agents de conservation antimicrobiens. Chaque fraction d’une préparation multidose est administrée à l’aide d’un dispositif permettant de mesurer la quantité prescrite. Ce dispositif est généralement une cuillère ou un godet, pour les volumes de 5 mL ou multiples de 5 mL. Ces systèmes sont naturellement plus précis que les traditionnelles cuillerées. Rappelons que le volume d’eau contenue dans une cuillère à soupe est de 15 mL, dans une cuillère à dessert de 10 mL et dans une cuillère à café de 5 mL.
Certains sirops ne contenant pas de substance active sont destinés à être utilisés comme véhicule dans diverses préparations pharmaceutiques.
Selon la méthode utilisée pour la préparation du sirop, on peut observer une hydrolyse d’une certaine proportion de saccharose, phénomène qui peut même s’accentuer au cours de la conservation en fonction de la composition des sirops (sirops acides).
Les liquides qui servent à dissoudre le sucre sont soit des eaux distillées, soit des solutions aqueuses concentrées de substances médicamenteuses ou des extraits ou encore, des teintures alcooliques.
Il est quelquefois nécessaire de clarifier les sirops en utilisant de la pâte à papier ou d’autres procédés appropriés.
C. Exemples
1. Sirop simple ou sirop de sucre
Formule du sirop simple préparé à chaud :
– saccharose 650 g
– eau purifiée QS
Préparer 1 000 g de sirop simple en chauffant une quantité suffisante d’eau. Dissoudre le saccharose à 80–85 °C. Filtrer immédiatement à chaud avec un filtre préalablement chauffé. Homogénéiser. Compléter à 1 000 g. Il est possible d’ajouter à cette formule des agents antimicrobiens appropriés.
La densité relative du sirop à chaud est d’environ 1,26 et à froid elle doit être comprise entre 1,31 et 1,33.
À la Pharmacopée française, VIII e édition, était inscrit le sirop simple préparé à froid.
Formule :
– sucre blanc 1 800 g
– eau 1 000 g
La dissolution du sucre s’effectue à froid et on vérifie la dissolution totale du sucre en mesurant la densité qui doit être de 1,32 au densimètre à 20 °C.
La différence que l’on observe dans les quantités en sucre pour ces deux sirops provient de la méthode de préparation. En effet, à chaud, on effectue une concentration partielle du sirop pour obtenir la même densité que le sirop préparé à froid.
2. Sirops simples médicamenteux
Ces sirops peuvent être préparés :
• par dissolution de la substance active dans le sirop simple. C’est le cas du sirop d’acide citrique dans lequel on dissout l’acide citrique ;
Acide citrique pulvérisé 10 g
Sirop simple 970 g
Alcoolature de citron 20 g
On fait dissoudre l’acide citrique dans le sirop simple, on ajoute l’alcoolature de citron et on mélange.
• par dissolution de la substance active dans un solvant, comme dans le cas du sirop de codéine (liste II) ;
Codéine pulvérisée 2 g
Alcool à 60 % 48 g
Sirop simple 950 g
Préparé à froid, on fait dissoudre la codéine dans l’alcool ; on ajoute la solution au sirop simple et on mélange avec soin.
• par la préparation d’une solution médicamenteuse que l’on additionne de sucre pour l’amener à la consistance des sirops. C’est le cas du sirop du baume de Tolu qui est préparé à partir d’un digesté de baume de Tolu dans de l’eau.
3. Sirops composés
Ils contiennent plusieurs substances actives à propriétés thérapeutiques convergentes, introduites en nature ou sous forme élaborée : solutions simples ou extractives, teintures, sirops, etc.
On peut citer par exemple :
• le sirop de bromoforme composé. On utilise d’ailleurs dans sa préparation la solution officinale de bromoforme déjà citée (voir p. 132) ;
• le sirop d’ipécacuanha composé, encore appelé le sirop de Desessartz (liste II).
Sirop d’ipécacuanha composé :
– racine d’ipécacuanha concassée 30 g
– folioles de séné 100 g
– serpolet 30 g
– fleurs de coquelicot 125 g
– sulfate de magnésium 100 g
– vin blanc 750 g
– eau distillée de fleur d’oranger 750 g