La schizophrénie

16. La schizophrénie

Daniel Bailly



Les premiers cas de schizophrénie infantile furent publiés en 1906 par De Sanctis. Par la suite, Kraepelin, Bleuler et Lutz confirmèrent que ce que l’on appelait alors la «démence précoce» pouvait débuter avant l’âge de 15 ans, même si ces cas étaient rares. En dépit de cette reconnaissance, la schizophrénie infantile resta longtemps l’objet de controverses, notamment en ce qui concerne sa définition. Il faudra attendre les années soixante-dix et les travaux de Kolvin et de Rutter pour que des frontières diagnostiques précises soient établies entre l’autisme, la schizophrénie et les autres types de psychoses infantiles. S’il est maintenant classiquement admis que les symptômes essentiels de la schizophrénie sont les mêmes quel que soit l’âge, la schizophrénie chez l’enfant n’en demeure pas moins, aujourd’hui encore, un diagnostic difficile et souvent méconnu [6, 7, 31].


DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

On admet généralement que la prévalence des schizophrénies à début précoce, durant l’enfance, est 50 fois inférieure à celle des schizophrénies débutant à l’âge adulte [18]. Encore convient-il de remarquer, comme le souligne Werry [47], que la notion de schizophrénie à début précoce recouvre en réalité deux situations bien différentes: d’une part, les schizophrénies débutant avant la puberté (parfois désignées sous le terme de schizophrénie à début très précoce), les plus rares mais aussi les plus sévères; d’autre part, les schizophrénies débutant après la puberté, dont les caractéristiques se rapprochent davantage des schizophrénies de l’âge adulte. L’analyse de la littérature montre que parmi les cas rapportés de schizophrénie à début précoce, la proportion d’enfants prépubères n’excède pas 20%. Une étude de Burd et Kerbeshian [10], réalisée dans le Dakota du Nord et portant sur la prévalence des troubles mentaux chez les enfants âgés de 2 à 12 ans, avance un taux de prévalence ponctuelle pour la schizophrénie de 0,19 pour 10 000 dans ce groupe d’âge.


ASPECTS CLINIQUES


MODES DE DÉBUT

Dans la grande majorité des cas, la schizophrénie chez l’enfant débute sur un mode généralement qualifié de subaigu, d’insidieux, voire de chronique. Des perturbations diverses et non spécifiques sont souvent rapportées avant le début du trouble: retards de développement, difficultés d’adaptation sociale, troubles de l’attention, hyperactivité, faibles performances scolaires, restriction des affects, hypersensibilité à la critique. Il est cependant difficile de dire si ces perturbations correspondent à des signes prémorbides, à des prodromes, ou déjà à des formes atténuées du trouble [6, 7, 31].


SIGNES CLINIQUES

Les hallucinations apparaissent comme les symptômes cliniques les plus fréquemment rapportés. Des hallucinations auditives seraient ainsi présentes dans environ 80% des cas, et dans plus de 90% des cas chez les enfants âgés de 13 ans et plus. Des hallucinations visuelles, le plus souvent associées à des hallucinations auditives, sont aussi notées dans 30 à 50% des cas. Les hallucinations cénesthésiques sont beaucoup plus rares [6, 7]. En règle générale, les hallucinations apparaissent plus fréquentes chez les enfants âgés d’au moins 8 ans que chez les enfants plus jeunes [15].

Les idées délirantes sont moins fréquentes que les hallucinations. Pour certains auteurs, elles seraient même rares, n’apparaissant le plus souvent qu’après l’âge de 9 ans [49]. Des études signalent cependant leur présence dans 43 à 63% des cas. Les idées délirantes à thèmes somatiques et persécutifs sont les plus fréquentes, tandis que les idées délirantes à thèmes mystiques ou de contrôle de la pensée sont rares [6, 7].

De nombreux auteurs soulignent les changements observés avec le développement dans les thèmes des hallucinations et des idées délirantes (jouets, animaux, monstres…) ainsi que dans leur complexité d’élaboration. Pour Russell et al. [37], ces changements ne refléteraient pas uniquement le développement des capacités cognitives et des compétences langagières, mais pourraient aussi être liés pour une part à l’histoire naturelle du trouble.

Enfin, les troubles du cours de la pensée sont observés dans 40 à 100% des cas. La disparité des chiffres retrouvés ici tient essentiellement à l’âge des enfants étudiés, les troubles du cours de la pensée n’étant jamais observés avant l’âge de 6 ans [6, 7].

Toutes ces données montrent que l’âge joue un rôle essentiel dans le tableau clinique observé et posent la question de la variation de la symptomatologie en fonction des stades du développement. Watkins et al. [46] ont analysé l’évolution des symptômes dans les schizophrénies à début précoce. Leurs résultats montrent que les enfants atteints de schizophrénie présentent le plus souvent dans la première enfance un retard et des anomalies de langage, un retard psychomoteur avec hypotonie, un manque de sensibilité et des réponses bizarres aux stimulations de l’environnement. Durant la seconde enfance apparaissent une labilité de l’humeur, des comportements d’agrippement inappropriés, des réactions inexpliquées de colère et une hyperactivité. Plus tardivement surviennent les altérations du cours de la pensée, le manque et la discordance dans le domaine de l’affectivité, suivis par les hallucinations et les idées délirantes caractéristiques du trouble.

Un autre facteur peut également expliquer les variations de la symptomatologie: les enfants qui ont un niveau intellectuel normal ou supérieur à la normale sont ceux qui présentent le plus souvent un tableau clinique typique tout à fait comparable à celui observé chez l’adulte [6, 7].

Quoi qu’il en soit, et contrairement à ce qui était couramment admis, les études les plus récentes montrent que les formes «désorganisée» et «indifférenciée» ne sont pas surreprésentées dans les schizophrénies à début précoce et que la forme «paranoïde» est aussi fréquemment observée chez l’enfant que chez l’adulte [31].


COMORBIDITÉ ET PROBLÈMES DIAGNOSTIQUES

Des perturbations de l’humeur pouvant précéder l’éclosion du trouble sont rapportées chez les enfants schizophrènes dans environ 70 à 83% des cas. Dans le même ordre d’idée, des troubles dépressifs caractérisés (dépression atypique, trouble dysthymique) sont retrouvés associés à la schizophrénie dans plus de 35% des cas. De fait, la distinction entre schizophrénie et troubles affectifs s’avère souvent difficile chez l’enfant. Les études de suivi montrent que les erreurs diagnostiques sont fréquentes, certains enfants primitivement diagnostiqués comme schizophrènes évoluant en fait vers un trouble bipolaire ou schizoaffectif. Certaines caractéristiques cliniques peuvent cependant aider au diagnostic différentiel: antécédents familiaux de schizophrénie, histoire prémorbide témoignant de perturbations beaucoup plus importantes chez les enfants schizophrènes, début insidieux des troubles dans la schizophrénie, perturbations de l’humeur moins marquées chez les enfants schizophrènes [7, 11, 43].

De nombreuses études soulèvent également le problème des parentés possibles et des limites diagnostiques entre la schizophrénie et le trouble autistique. De nombreux enfants schizophrènes manifestent précocement des retards de développement et des anomalies de comportement ne répondant pas aux critères stricts du trouble autistique, mais pouvant être pris rétrospectivement pour des symptômes témoignant d’un trouble envahissant du développement. Cependant, si la schizophrénie et le trouble autistique peuvent partager des signes et des symptômes communs, les données actuellement disponibles montrent que le risque de schizophrénie n’est pas plus élevé chez les enfants présentant un trouble envahissant du développement que dans la population générale [7, 32]. Néanmoins, schizophrénie et trouble envahissant du développement peuvent coexister, ce qui laisse supposer que les deux troubles pourraient être liés à des altérations très précoces du développement cérébral [40].

Enfin, des auteurs ont attiré l’attention sur le risque d’utiliser avec excès le diagnostic de schizophrénie chez tous les enfants présentant des déficits développementaux et des troubles psychotiques intermittents. McKenna et al. [28] ont ainsi identifié un groupe d’enfants présentant une altération marquée du fonctionnement dans de multiples domaines, en particulier sur les plans cognitif et social, chez qui le diagnostic de schizophrénie est fréquemment porté à tort. Tous ces enfants présentent, dans leur histoire, des retards ou des troubles du développement. Tous présentent des déficits neuropsychologiques, d’importantes difficultés d’adaptation sociale et un ou plusieurs symptômes correspondant à diverses catégories diagnostiques, telles que les troubles de la personnalité de type borderline ou schizotypique, le trouble des conduites ou le trouble hyperactivité avec déficit de l’attention. De plus, tous rapportent des symptômes psychotiques: expériences hallucinatoires, fantasmes excessifs et inappropriés pour l’âge, instabilité de l’humeur avec crises de colère. En l’absence de catégorie diagnostique précise pouvant rendre compte du tableau clinique observé chez ces enfants, le terme de multiplex complex developmental disorder (MCDD) a été proposé par Towbin [44]. Cette observation n’est pas sans importance sur le plan thérapeutique: les enfants présentant un MCDD répondraient peu ou pas au traitement neuroleptique.


DEVENIR

Les symptômes de la schizophrénie ne sont pas sans retentir grandement sur le fonctionnement social de l’enfant, nécessitant le plus souvent une hospitalisation en milieu spécialisé et/ou entraînant une altération marquée du comportement, notamment en milieu scolaire. De plus, si les données actuellement disponibles suggèrent que le pronostic des schizophrénies à début précoce demeure éminemment variable, avec des taux de rémission, sur des périodes moyennes de suivi allant de 5 à 16 ans, variant de 3 à 28%, le devenir des enfants schizophrènes apparaît, en règle générale, plutôt mauvais [6, 7].

Plusieurs études se sont attachées à dégager des facteurs prédictifs de l’évolution ultérieure. Si leurs résultats diffèrent en raison de l’hétérogénéité des critères évolutifs utilisés, le niveau d’adaptation prémorbide et l’importance de l’altération du fonctionnement social après le premier épisode schizophrénique apparaissent néanmoins ressortir comme les facteurs pronostiques les plus constants [13, 48]. Plus récemment, une étude portant sur le devenir psychosocial de patients traités pour une schizophrénie à début précoce a permis de dégager des facteurs prédictifs spécifiques concernant d’une part le niveau d’adaptation sociale générale et d’autre part le devenir scolaire et professionnel. Un faible niveau de fonctionnement social prémorbide, l’intensité des symptômes positifs lors du premier épisode et un nombre important de réhospitalisations apparaissent ainsi, dans cette étude, comme les facteurs les plus prédictifs d’un mauvais pronostic en termes d’adaptation relationnelle et sociale, tandis que la durée de la première hospitalisation et un nombre de réadmissions ultérieures supérieur à 2 en début d’évolution du trouble apparaissent comme deux facteurs plus spécifiquement prédictifs d’un mauvais devenir scolaire et professionnel. Concernant ce dernier point, cette étude montrait également que, globalement, après 12 ans d’évolution, le niveau scolaire des patients était inférieur à ce que laissait présager leur niveau de compétences prémorbide [23]. Cette observation corrobore les résultats d’une autre étude qui montrent qu’une diminution progressive du quotient intellectuel durant l’adolescence est généralement constatée chez les enfants schizophrènes en raison de leurs difficultés à acquérir de nouvelles informations et de nouvelles capacités [8].

Toutes ces données soulignent bien, si besoin était, l’importance d’un diagnostic précoce, afin de mettre en place le plus rapidement possible une prise en charge adaptée.


TRAITEMENT

Le traitement des enfants et des adolescents schizophrènes requiert d’une part des interventions spécifiques visant à corriger les symptômes (positifs et négatifs) constitutifs du trouble, et d’autre part une prise en charge générale liée aux besoins que présentent ces enfants et ces adolescents sur les plans psychologique, social, éducatif et culturel. De multiples interventions seront souvent nécessaires, centrées sur les symptômes du trouble et sur les troubles comorbides, sur les facteurs de stress psychosocial passés et présents, et sur les conséquences psychologiques, sociales et développementales liées au trouble. Cette approche multimodale, adaptée à chaque enfant, apparaît comme le seul gage d’efficacité, permettant de réduire la symptomatologie, la morbidité et les taux de rechutes tout en limitant les conséquences délétères du trouble sur le fonctionnement psychosocial de l’enfant et sur son développement ultérieur [25].

Si de nombreuses études ont été consacrées au traitement de la schizophrénie chez l’adulte, il n’en est pas de même chez l’enfant. Quoi qu’il en soit, les données actuelles plaident en faveur d’une continuité diagnostique du trouble entre l’enfance et l’âge adulte, les différences observées étant essentiellement d’ordre quantitatif et développemental [31]. Aussi admet-on généralement que les stratégies thérapeutiques ayant fait la preuve de leur efficacité chez l’adulte peuvent être utilisées chez l’enfant, avec cependant certains ajustements afin de les rendre plus adaptées au niveau de développement de l’enfant [1].


TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

Les neuroleptiques représentent, comme chez l’adulte, le traitement médicamenteux de première intention dans les schizophrénies à début précoce.

Plusieurs revues de la littérature sur les essais thérapeutiques chez les enfants et les adolescents schizophrènes montrent que seules deux études contrôlées contre placebo ont été réalisées avec les neuroleptiques conventionnels [5, 38]. Dans la première, Pool et al. [33] ont comparé l’halopéridol (2-6mg par jour) et la loxapine à un placebo chez 75 adolescents âgés de 13 à 18 ans présentant «une schizophrénie chronique avec exacerbation aiguë». Les résultats montraient que l’halopéridol était plus efficace que le placebo sur les symptômes positifs, aucune différence n’étant retrouvée entre l’halopéridol et la loxapine. Une analyse plus fine tenant compte de la sévérité du tableau clinique montrait par ailleurs que la différence entre l’halopéridol et le placebo était plus importante dans les formes les plus graves. Dans la seconde étude, Spencer et al. [39] ont comparé l’halopéridol (0,5-3,5mg par jour) à un placebo chez 16 enfants âgés de 5 à 12 ans présentant une schizophrénie selon les critères du DSM-III-R. Là encore, l’halopéridol s’est révélé plus efficace que le placebo sur les symptômes positifs (troubles du cours de la pensée, hallucinations et idées délirantes de persécution), 12 enfants sur 16 étant jugés très significativement améliorés et quatre modérément améliorés. Dans ces deux études, 32% environ des enfants et des adolescents sous halopéridol ont présenté des effets secondaires, principalement à type de symptômes extrapyramidaux. En conclusion de leur revue de la littérature, Spencer et Campbell [38] notaient que l’halopéridol était fréquemment utilisé à des doses très élevées sans bénéfice net et/ou au prix d’effets secondaires importants (symptômes extrapyramidaux, sédation, dyskinésies tardives, syndrome malin). Au vu de leur expérience clinique et sur la base de ces deux études contrôlées, ils préconisent d’utiliser l’halopéridol à la dose optimale de 0,02 à 0,12mg/kg par jour.

Si les nouveaux antipsychotiques (neuroleptiques atypiques) ont l’avantage d’être moins sédatifs et d’engendrer moins d’effets extrapyramidaux, ils n’ont fait l’objet, à l’heure actuelle, pour la plupart, que d’études en ouvert dans cette indication. La clozapine, l’olanzapine, la rispéridone et la quétiapine ont ainsi été testés chez des enfants et des adolescents schizophrènes, avec des taux d’amélioration variant de 35% (les taux les plus bas étant observés dans les schizophrénies résistantes) à 100% [1, 5, 34, 42, 51]. En fait, seule la clozapine a fait l’objet, à ce jour, d’une étude contrôlée en double aveugle contre l’halopéridol. Cette étude a porté sur 21 adolescents (âge moyen: 14,4 ± 2,9 ans) présentant une schizophrénie à début précoce réfractaire aux traitements antérieurement prescrits (neuroleptiques ± thymorégulateurs ou antidépresseurs). La clozapine (à la dose moyenne finale de 176 ± 149mg par jour) s’est révélée sur 6 semaines significativement plus efficace que l’halopéridol (à la dose moyenne finale de 16 ± 8mg par jour), aussi bien sur les symptômes positifs que sur les symptômes négatifs. Cependant, le traitement par clozapine a dû être interrompu chez cinq patients en raison de la survenue de crises convulsives (trois patients) et d’anomalies hématologiques (deux patients), trois patients supplémentaires ayant également présenté une neutropénie [22]. Au vu des données actuelles, si la clozapine apparaît potentiellement comme la molécule la plus efficace, elle est aussi celle pour laquelle les effets secondaires sont les plus fréquents et les plus sévères [1, 34]. D’autres effets indésirables, parfois particulièrement gênants chez l’enfant et l’adolescent, peuvent aussi être observés avec les nouveaux antipsychotiques: prise de poids (en particulier avec la clozapine, l’olanzapine et la quétiapine), hyperprolactinémie (en particulier avec la rispéridone), symptômes extrapyramidaux (plus marqués avec la rispéridone), sédation [5, 34, 42].

Il semble aujourd’hui couramment admis que les nouveaux antipsychotiques sont plus efficaces (notamment sur les symptômes négatifs) et mieux tolérés que les neuroleptiques conventionnels, entraînant une meilleure observance du traitement. Aussi considère-t-on généralement qu’ils doivent être préférés aux neuroleptiques conventionnels [34, 42], certains auteurs préconisant de choisir la molécule en fonction des troubles comorbides: la rispéridone, l’olanzapine et la clozapine pourraient être particulièrement indiqués en cas de troubles du comportement (agressivité) associés, la rispéridone, et à un moindre degré l’olanzapine, en cas de tics associés, et la ziprasidone en cas de troubles dépressifs et/ou anxieux associés [42]. En fait, hormis pour la clozapine, il n’existe, à l’heure actuelle, aucune étude ayant démontré la supériorité des nouveaux antipsychotiques sur les neuroleptiques conventionnels dans les schizophrénies à début précoce. La réponse au traitement neuroleptique apparaissant éminemment variable d’un sujet à l’autre, pour d’autres auteurs, le choix de la molécule doit être adapté à chaque sujet, en fonction du profil pharmacologique et des effets thérapeutiques potentiels des différents agents actuellement disponibles, de leurs effets secondaires, et de la réponse éventuelle du sujet à un traitement antérieur [1]. Le seul consensus concerne la clozapine, dont l’utilisation doit être réservée aux sujets présentant une schizophrénie résistante (n’ayant pas répondu à deux neuroleptiques différents au moins, dont au moins un neuroleptique atypique) et/ou ayant développé des effets secondaires graves (dyskinésies tardives) [1].

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Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on La schizophrénie

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