15. La personnalité à conduite d’échec
La personnalité à conduite d’échec telle qu’elle a été décrite dans le DSM-III-R comporte huit critères élaborés à partir de réflexions et d’études pratiquées par Kass et coll. (1989). Ces huit critères s’organisent autour de trois pôles. Plusieurs d’entre eux – critères 1, 3, 5, 6 – témoignent d’un tropisme particulier pour les situations difficiles et douloureuses, cependant que les circonstances heureuses et profitables sont évitées ou provoquent un sentiment dépressif. Dans le même mouvement, le sujet à conduite d’échec manque d’accomplir des tâches essentielles dont il est capable et qui amélioreraient sa situation. Selon une deuxième perspective, il est enclin à se sacrifier spontanément et de façon excessive pour des personnes qui ne lui ont rien demandé. Enfin, un troisième groupe de critères décrit les relations interpersonnelles ; elles sont marquées par le refus maussade de toute tentative d’altruisme à l’égard du sujet. Il est même capable de provoquer la colère et le rejet de la part de l’autre puis de se sentir humilié et blessé.
L’étude de validité de la personnalité à conduite d’échec pratiquée par Skodol et coll. (1994) sur 200 patients avec le SCID-II et le PDSE nous montre que ces sont les critères du premier groupe et le critère de sacrifice qui sont les plus caractéristiques, soit par leur sensibilité, soit par leur spécificité. La tendance chronique chez ces sujets à choisir les situations douloureuses et humiliantes par rapport à l’épanouissement heureux doit donc être considérée comme centrale. Les relations interpersonnelles agressives et rejetantes sont moins typiques.
Le même auteur remarque un recouvrement assez net entre cette personnalité et les personnalités limites et dépendantes. La comorbidité avec les troubles de l’humeur – 17 % – est significative mais n’est pas considérable. Pour Nurnberg et coll. (1993), la comorbidité avec les troubles de l’humeur est du même ordre : 18 % ; mais il existe aussi des troubles anxieux, 14 %, et des troubles des conduites alimentaires, 12 %. Le recouvrement avec d’autres personnalités pathologiques touche cette fois-ci les personnalités évitante et obsessionnelle. Huprich et coll. (2006) constatent une comorbidité de la personnalité à conduite d’échec avec les personnalités dépressive, évitante et borderline ainsi qu’avec les troubles dépressifs et anxieux. Cette personnalité n’échappe pas à l’étiologie traumatique. Des antécédents d’abus sexuels sont retrouvés de façon significative chez des patients présentant ce diagnostic dans l’étude de Viviano et Schill (1996) et une attitude rejetante des parents, le père et la mère, est rapportée par les patients dans l’étude de Rubino et coll. (2004).