Pied de l’insuffisant moteur d’origine cérébrale marchant
L’analyse et le traitement des déformations orthopédiques secondaires à une infirmité motrice d’origine cérébrale ont considérablement évolué depuis une dizaine d’années. L’apport des données de physiologie de l’ensemble musculotendineux, l’analyse instrumentale venant compléter les données de l’examen clinique, l’intégration du traitement chirurgical dans un ensemble orthopédique comprenant la rééducation et un appareillage adéquat ont contribué à l’amélioration des résultats chirurgicaux [1–4].
Le terrain de l’insuffisant moteur d’origine cérébrale vu sous l’angle du chirurgien
Définitions
Anomalies musculaires et tendineuses dans la paralysie cérébrale
Rétractions musculaires
Les rétractions musculaires de l’IMOC se comprennent généralement en termes de résistance excessive à l’étirement [5]. Une rétraction musculaire est une brièveté à la fois des structures contractiles et des enveloppes élastiques par adaptation réversible à une position maintenue trop longtemps raccourcie. Ce mécanisme adaptatif semble présent chez tous les IMOC, quel que soit l’âge, aussi bien dans le sens de l’allongement que du raccourcissement du muscle. La prévention passe par le positionnement étiré, l’assouplissement manuel qui combat les effets de la viscosité excessive, le traitement des contractions excessives.
Évaluation clinique
Analyse segmentaire
- • les secteurs de mobilité passive des articulations de la cheville et du pied. La cheville sera étudiée, genou en extension et en flexion, afin de faire la part de l’équin du pied lié à l’hypertonie-rétraction des gastrocnémiens et du soleus : l’équin lié à une hypoextensibilité des gastrocnémiens apparaît en extension de genou ;
- • la commande motrice volontaire évaluée par un testing conventionnel, mais avec des risques d’erreur importants. Son évaluation en situation fonctionnelle est la plus intéressante ;
- • la qualité de la commande et ses modalités d’expression :
- – volontaire ou syncinétique. Par exemple, la flexion du genou entraîne automatiquement une contraction d’un ou des muscles de la loge antérieure de la jambe (réflexe de flexion) ;
- – la sélectivité des différents mouvements sera soigneusement notée ;
- – en position assise, en décubitus et à la marche : l’hypertonie peut n’apparaître qu’à la verticalisation. Un schéma de marche en extension de genou peut empêcher l’expression des muscles releveurs par absence de réflexe en flexion.
- – la sélectivité des différents mouvements sera soigneusement notée ;
- • la spasticité est mesurée par l’intensité du réflexe d’étirement (score d’Ashworth, coté de 0 à 5) et la recherche du clonus musculaire pour les différents muscles impliqués dans la déformation. Il est nécessaire de la distinguer de la dystonie.
- • la commande motrice volontaire évaluée par un testing conventionnel, mais avec des risques d’erreur importants. Son évaluation en situation fonctionnelle est la plus intéressante ;
Évaluation fonctionnelle du pied
- • lors de la verticalisation : recherche d’une hypertonie du muscle tibial antérieur et/ou postérieur provoquant un appui sur le bord latéral du pied ;
- • à la marche ou en position statique verticale : recherche d’un appui possible ou non, type de déformation en charge. Elle peut être différente de la déformation sans appui. Exemple : un pied varus dynamique en phase oscillante peut s’exprimer par l’hypertonie du muscle tibial postérieur, mais il devient pied plat valgus en charge sur des muscles gastrocnémiens courts ou hypertoniques.
- • Type de schéma de marche : par exemple en extension, qui ne permet pas le mouvement de triple flexion en phase oscillante et donc limite l’efficacité de la contraction automatique des releveurs du pied et le passage du pas (d’autant qu’il existe un équin). La marche se fait en fauchant pour réussir à passer le pas sans accrochage.
- • L’utilité de la déformation : part éventuelle d’un équin dans le verrouillage du genou en chaîne fermée (pied en appui au sol) chez des patients qui présenteraient éventuellement un déficit quadricipital et des muscles fessiers ; utilité de l’équin pour la course.
- • L’origine de la déformation du pied : primaire ou secondaire. Il s’agit alors d’une déformation de compensation : équin d’adaptation d’un flessum de hanche et ou de genou. Le traitement isolé du pied risquera d’aggraver la situation fonctionnelle.
- • L’utilité de la déformation : part éventuelle d’un équin dans le verrouillage du genou en chaîne fermée (pied en appui au sol) chez des patients qui présenteraient éventuellement un déficit quadricipital et des muscles fessiers ; utilité de l’équin pour la course.
Analyse instrumentale de la marche
Dans notre expérience, deux examens restent indispensables : la vidéo et l’électromyographie.
Synthèse de l’évaluation clinique
- • coexistence d’une rétraction d’un muscle associée à une spasticité qui est encore prononcée. Faut-il agir en même temps sur le nerf et le tendon ou successivement ? dans quel ordre ? Il nous paraît nécessaire d’agir en priorité sur la rétraction. L’allongement tendineux, quelle que soit la technique, assure, outre la disparition de la déformation, une modification de la spasticité en raison d’une modification du réflexe d’étirement. Si la spasticité récidivait, il conviendrait alors d’envisager, dans une deuxième étape, un geste sur le nerf ;
- • dans certains cas, la déformation résultante est mixte. Elle fait intervenir des muscles spastiques et des muscles rétractés (exemple : équin du pied secondaire à la spasticité du muscle soléaire associé à une rétraction de la lame tendineuse des gastrocnémiens).