17. Corticothérapie locale
Il nous semble justifié d’exposer en détail ici un des traitements les plus employés en dermatologie, la corticothérapie locale. En effet, les dermocorticoïdes sont largement prescrits par les non-spécialistes, qui auront avantage à connaître en détail les caractéristiques de ces médicaments.
Les dermocorticoïdes (DC) sont une thérapeutique majeure, d’utilisation multiquotidienne en dermatologie. Des règles simples permettent d’en obtenir tous les avantages, sans exposer les patients à des effets secondaires.
De nombreuses molécules sont utilisables. La notion essentielle est que les DC ont des puissances anti-inflammatoires variables, et que le risque d’effets secondaires est parallèle à cette puissance anti-inflammatoire. Ainsi, la prescription recherchera non pas la puissance maximale possible, mais la puissance minimale permettant d’être efficace au moindre coût d’effets secondaires.
PHARMACOLOGIE DES DERMOCORTICOÏDES
L’activité anti-inflammatoire est globale et s’exerce sur les principaux acteurs de l’inflammation cutanée. Elle est mesurée par le test de Mackenzie et Stoughton, qui évalue la vasoconstriction (blanchiment) observée après application d’un DC en peau saine.
Outre cet effet vasoconstricteur, les DC inhibent la migration et l’activité des polynucléaires, le nombre et l’activité des cellules de Langerhans, la prolifération des lymphocytes T, ainsi que des mastocytes. Ils inhibent la production de cytokines inflammatoires comme l’IL1 et l’interféron gamma, ainsi que la production d’autres médiateurs comme les prostaglandines et les leucotriènes.
Les DC sont également antiprolifératifs : ils inhibent la synthèse d’ADN et la multiplication cellulaire, au niveau des kératinocytes et des fibroblastes. Cette dernière action explique l’atrophie cutanée, un de leurs effets secondaires les plus fréquents.
La molécule de base est l’hydrocortisone : les molécules dérivées sont des esters d’hydrocortisone, et des dérivés fluorés, plus puissants.
On classe les dermocorticoïdes en quatre classes selon leur puissance anti-inflammatoire (tableau 17.I). Il faut savoir que la classe 2 est hétérogène : aux États-Unis, elle est subdivisée en plusieurs classes ou sous-classes. Par exemple, le Locoïd, le Betneval, le Locatop sont moins puissants que la Diprosone, l’Epitopic, la Nérisone, alors que tous appartiennent à la classe 2 française.
Activité | Nom de spécialité (DCI) | Formes galéniques |
---|---|---|
Très forte (classe 1) | Dermoval (clobétasol 0,05 %) Diprolène (bétaméthasone 0,05 %) | Crème, gel capillaire Crème, pommade |
Forte (classe 2) | Betneval (bétaméthasone 0,1 %) Célestoderm (bétaméthasone 0,05 %) Diprosone (bétaméthasone 0,05 %) Efficort (hydrocortisone 0,127 %) Epitopic 0,05 % (difluprednate 0,05 %) Flixovate (fluticasone 0,05 %) Locatop (désonide 0,1 %) Locoïd (hydrocortisone 0,1 %) Nérisone (diflucortolone 0,1 %) Penticort (amcinolone 0,1 %) Synalar crème ou pommade (fluocinolone 0,025 %) Topsyne 0,05 % pom (fluocinolone 0,01 %) | Crème, pommade, lotion Crème, pomade Crème, pommade, lotion Crème Crème, gel Crème, pomade Crème Crème, pommade, lotion, émulsion Crème, pomades Crème, pomade Crème, pomade Pommades |
Moyennement forte (classe 3) | Célestoderm relais (bétaméthasone 0,05 %) Epitopic 0,02 % (difluprednate 0,02 %) Locapred (désonide 0,1 %) Synalar solution (fluocinolone 0,01 %) Topsyne 0,01 % sol (fluocinonide 0,01 %) Tridésonit (désonide 0,05 %) Ultralan (fluocortolone 0,25 %) | Crème Crème Crème Solution Pommade, lotion capillaire Crème Pommade |
Faible (classe 4) | Hydracort (hydrocortisone 0,5 %) Hydrocortisone (hydrocortisone 1 %) | Crème Crème |