clinique du pied

Examen clinique du pied



L’examen clinique du pied inclut plusieurs étapes qui doivent être adaptées à l’âge du patient et à sa capacité à déambuler. Cet examen s’intègre dans un examen clinique global orthopédique des membres et du rachis, ainsi que dans un examen neuro-orthopédique [1]. Cet examen est mené sur un patient en sous-vêtements afin de n’omettre aucun élément clinique. Quel que soit l’âge du sujet examiné, l’examen clinique est un élément déterminant mais ne suffit pas à analyser une déformation du pied. Il doit être complété par la radiologie (voir le chapitre « Radiologie et imagerie »), qui apporte des éléments complémentaires inaccessibles à la seule approche clinique [2].



Examen clinique de base


C’est l’examen de tous les sujets marchants, qu’ils soient enfants (de plus de 6 ans), adolescents ou adultes.




Examen dynamique



Cycle de marche


Le cycle de marche normal comprend une phase d’appui pendant laquelle le pied est en contact avec le sol et une phase oscillante [3]. La phase d’appui peut être décomposée en plusieurs périodes : l’attaque du pas se fait avec le talon puis le pied se déroule sur le sol, aboutissant à une phase d’appui complet. Ce déroulement est associé à un mouvement passif de flexion dorsale de cheville. Le transfert de la charge se fait alors sur l’avant-pied et est accompagné par un temps de propulsion avec mise en flexion plantaire de l’articulation talocrurale et soulèvement du talon. La phase d’appui se termine par la perte de contact des orteils avec le sol. Ce temps correspond au début de la mise en charge du membre opposé. Il peut exister un équin, c’est-à-dire une limitation irréductible de la flexion dorsale de cheville : mineur avec absence de contact du talon au sol ou majeur dans sa forme digitigrade. Un « pied tombant », secondaire à une paralysie de la loge antérieure de jambe, correspond à l’impossibilité d’exercer une flexion dorsale active de cheville lors du passage du pas avec accrochage du pied au sol. À l’inverse, un calcaneus révélateur d’une insuffisance tricipitale est caractérisé par un excès de flexion dorsale de cheville lorsque le pied est en charge. Dans ce cas, l’équilibre sagittal est rétabli par une flexion de hanche et de genou. Il s’agit d’une démarche en triple flexion. Il est intéressant de faire cet examen à différentes vitesses de marche et d’étudier la facilité à faire demi-tour ou à s’arrêter. La qualité de la marche est évaluée avec chaussures et éventuel appareillage, puis pieds nus.



Orientation du pied


L’orientation du pied par rapport au reste du membre inférieur et à la ligne de marche correspond à l’angle du pas (ou angle de Fick) qui est orienté dans le plan transversal vers l’extérieur de l’ordre de 10°. Dans certains cas, le pied peut être orienté vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Un élément important dans l’analyse est l’orientation des patella. Elle témoigne de la rotation de hanche liée à l’activité musculaire ou à l’importance de l’endotorsion fémorale. Une orientation médiale de la patella peut être liée à un ou plusieurs facteurs diversement associés : défaut d’activité des muscles rotateurs externes, hyperactivité telle qu’une spasticité des muscles rotateurs internes, hyper-endotorsion fémorale. Ce sont des facteurs inverses qui expliquent une orientation de la patella en dehors. L’importance de l’aggravation des déformations lors de la mise en charge pendant la phase d’appui est à considérer. Cette approche dynamique est complétée par un examen statique, détaillé plus loin.


L’étude de la mobilité en charge des pivots de marche est notée (cheville, articulations métatarsophalangiennes), car c’est cette mobilité qui est le mieux corrélée avec la réalité dynamique [4]. Par exemple, si l’amplitude de flexion dorsale de la 1re articulation métatarsophalangienne est inférieure à 45°, la marche normale et a fortiori les allures rapides sont perturbées, voire impossibles.




Test de montée sur demi-pointes


Le test de montée sur demi-pointes de façon bilatérale (figure 1) ou unilatérale doit entraîner un varus dynamique des talons. Si cette bascule en varus est absente, on recherchera une raideur sous-talienne, une insuffisance de la sangle formée par le ligament calcanéonaviculaire plantaire et le tendon tibial postérieur ou une pathologie de l’avant-pied.





Marche sur les talons


La mobilité des articulations du pied et de la cheville, mais aussi la force musculaire globale peuvent être testées par différentes manœuvres. Dans des conditions physiologiques, la marche sur les talons se fait sans difficulté avec une flexion dorsale de cheville, une extension harmonieuse des orteils, et sans modification de l’alignement entre le tronc, les hanches et les genoux (figure 2a). En cas de paralysie des muscles intrinsèques, on observe une hyperextension des orteils avec visualisation à la face antérieure du cou-de-pied des tendons extenseurs, y compris celui du tibial antérieur, mais sans aucune dorsiflexion de la cheville. Cela s’accompagne d’une rétroposition du tibia et d’un recurvatum du genou et/ou d’une projection du tronc en avant. L’enfant explique clairement qu’il ne peut pas faire cette manœuvre et adopte une démarche avec rétroposition des tibias puis recurvatum des genoux, flexion de hanche avec antéprojection du tronc et écartement des membres supérieurs (figure 2b). Le test de la « taloche du maçon » ou du plateau basculant de Freeman à deux boules (figure 3) consiste à faire tenir le sujet sur un plan incliné talons vers le sol. Une brièveté des gastrocnémiens impose au sujet soit de basculer les pointes en avant, soit de tomber en arrière. L’équilibre est rétabli au prix d’une flexion des hanches avec le tronc penché en avant.






Examen debout immobile


Cet examen comporte une étape d’observation des pieds en charge statique suivie de l’appréciation de l’effet de manœuvres externes. Il convient d’apprécier l’orientation des genoux et du bassin.



Observation statique


Il convient de placer les pieds à la hauteur du regard de l’examinateur, c’est-à-dire de faire monter l’enfant sur un podium ou à défaut sur le bureau. L’enfant se déplace de telle sorte qu’il est possible de l’examiner sous toutes les incidences.


Dans le plan frontal, on apprécie l’orientation de l’arrière-pied (varus, neutre ou valgus). Cependant, la quantification clinique manque de finesse (valgus excessif, valgus physiologique, neutre, varus). Les appuis sur l’avant-pied, par la position au sol des têtes des 1er et 5e métatarsiens, peuvent être perturbés. Par exemple, un défaut d’appui antéromédial ou une supination de l’avant-pied se traduit par une sensation palpatoire de « touche de piano » plus ou moins souple lors de l’appui manuel sur la face dorsale de la tête du 1er métatarsien (figure 4). Si ce défaut est unilatéral, l’examinateur perçoit très bien l’abaissement de la tête du 1er métatarsien du côté pathologique, alors que du côté sain il n’existe aucune mobilité car l’extrémité distale du 1er métatarsien est au contact du sol. Un valgus peut être d’origine talocrurale, révélé par la palpation de la pointe de la malléole latérale qui se situe au même niveau, voire au-dessus de la pointe de la malléole médiale, alors qu’en principe elle se situe en dessous.


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Aug 10, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on clinique du pied

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