Anesthésie générale d’une patiente sous amphétamines au long cours

56. Anesthésie générale d’une patiente sous amphétamines au long cours




Solution


Nous avons récemment rapporté neuf cas d’anesthésies générales menées sans problème chez des patients sous traitement par amphétamines au long cours [1, 2]. Les conclusions suggèrent un schéma d’anesthésie générale potentiellement stable chez ces patients. Toutefois il est recommandé que des vasopresseurs à effet direct, comprenant phényléphrine et adrénaline, soient immédiatement disponibles en salle d’opération. Cependant, aucun de nos neuf patients n’en eut besoin.


Discussion


Les amphétamines sont des non-catécholamines, amines sympathiques avec une puissante action de stimulation du système nerveux central.

Leur mécanisme d’action est le relargage d’amines biogéniques comme la noradrénaline à partir de sites de stockage au sein des terminaisons nerveuses [3]. L’effet périphérique des amphétamines comprend une augmentation des pressions artérielles systolique et diastolique, et une discrète action respiratoire avec bronchodilatation et stimulation respiratoire. Leur prise au long cours avec stimulation des terminaisons nerveuses adrénergiques et périphériques entraîne une déplétion des stocks des récepteurs catécholergiques [4]. Cette réduction des stocks, notamment de noradrénaline, peut affaiblir les réponses physiologique et sympathique à l’hypotension, comme cela a été rapporté au cours de l’anesthésie [5, 6]. Par conséquent, l’hypotension réfractaire avec ou sans bradycardie chez les patients sous amphétamines au long cours doit être traitée par des vasopresseurs directs comme l’adrénaline (50–100mg par intraveineuse) ou la phényléphrine (50–100mg par intraveineuse). Il a été montré que l’effet vasopresseur de l’éphédrine chez ces patients était réduit ou absent [6]. Le cas clinique unique, publié en 1979 [5], d’arrêt cardiaque avec décès au cours d’une césarienne chez une patiente sous amphétamines au long cours est devenu une référence de la littérature anesthésique pour alerter sur l’anesthésie générale chez ces patients. Il est intéressant de noter que les auteurs [5] admettent la difficulté de prouver que l’association de l’anesthésie générale et du traitement chronique par amphétamine fût à l’origine du décès, et ce en raison de nombreux autres facteurs cliniques qui auraient pu y contribuer. Malheureusement ce cas clinique a été cité dans de nombreux manuels d’anesthésie et a de ce fait contribué à la croyance que les amphétamines doivent être interrompues avant toute intervention sous anesthésie générale afin d’éviter la morbidité et la mortalité.

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Apr 25, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Anesthésie générale d’une patiente sous amphétamines au long cours

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