Chapitre 9. Les troubles anxieux
LES MÉDICAMENTS UTILISÉS DANS L’ANXIÉTÉ
Six groupes de médicaments sont utilisés pour soulager l’anxiété, ils sont repris dans l’ encadré 9.1.
Encadré 9.1
• Les antipsychotiques sont décrits dans la section 1.
• Les antidépresseurs sont abordés dans la section 2 et le chapitre 10.
• Les tranquillisants mineurs de type benzodiazépine sont repris dans le chapitre 9.
• Les médicaments actifs sur le système sérotoninergique sont discutés au chapitre 10.
• Les bêtabloquants tels que le propranolol sont abordés dans le chapitre 11.
• Les psychostimulants sont traités dans la section 4.
LES DIFFÉRENTES TYPES D’ANXIÉTÉ
Pour comprendre comment ces différents médicaments peuvent être utiles, il faut d’abord comprendre quelles sont les différents types d’anxiété. Ce terme recouvre quatre catégories d’expérience qui peuvent s’exprimer par une variété de symptômes.
La seconde est la tension physique, qui se manifeste par des nœuds dans différents muscles du corps. Ceci pourrait provenir d’une inhibition de l’action. Quand nous sommes envahis par des émotions ou inquiets, nous envisageons les différentes possibilités pour sortir de nos difficultés et dans ce processus, nous tendons nos muscles pour les tenir prêts à l’action qui pourrait s’imposer. Si nous ne faisons que ruminer sans déboucher sur une action, la tension de nos muscles ne peut pas se décharger et devenir chronique. La relaxation physique, l’activité ou les benzodiazépines sont ici efficaces.
La troisième forme consiste en un ensemble de symptômes physiques tels qu’une augmentation du rythme cardiaque ou de l’intensité des battements du cœur (palpitations), des tremblements de la main, des sueurs, des malaises susceptibles de provoquer un évanouissement, des nœuds dans l’estomac, des nausées franches, des spasmes intestinaux pouvant occasionner des diarrhées et de l’hyperventilation, qui consiste à respirer plus rapidement et moins profondément, pouvant causer des picotements des mains et des pieds, des vertiges et des troubles visuels. Les bêtabloquants peuvent apaiser en partie ce type d’anxiété.
Un quatrième type d’anxiété, de plus en plus souvent diagnostiquée ces dernières années, est appelée anxiété dissociative, et ses caractéristiques principales sont :
• la dépersonnalisation : la sensation d’être détaché ou hors de soi-même, ou d’avoir un corps qui ne fonctionne pas normalement (voir le chapitre 5) ;
• la déréalisation : l’impression que le monde est irréel, plat, ou comme si tout se passait sur une scène de théâtre (voir le chapitre 5) ;
• les expériences d’extracorporéité, très proches des deux caractéristiques précédentes ;
• les hallucinations auditives ou visuelles ;
• des décharges émotionnelles subites ou de brefs accès de mauvaise humeur et de la labilité émotionnelle ;
• des sensations fugaces de devenir fou ou de ne plus rien ressentir physiquement, pouvant aller jusqu’à entraîner de l’automutilation ;
• une amnésie des événements de la journée ou d’un passé plus lointain.
LES DIFFÉRENTES FORMES D’ANXIÉTÉ
À côté des différents types d’anxiété mentionnés plus haut, il y a une série de situations qui provoquent de l’anxiété et qui répondront si nécessaire à un traitement chimique approprié.
Le trac
Le trac peut souvent être soulagé par des tranquillisants mineurs ou des bêtabloquants. La réponse à ces médicaments repose sur l’interruption d’un mécanisme d’emballement qui fait que les manifestations physiques de l’anxiété augmentent encore sa composante psychique. En stoppant ces symptômes physiques, notre cerveau semble supposer que nous sommes moins en danger et l’inquiétude diminue. Cette tricherie avec nous-mêmes est une manœuvre légitime et est certainement utilisée par les êtres humains depuis des millénaires, la plupart du temps au moyen d’alcool.
Deux problèmes peuvent cependant potentiellement émerger de cette approche. L’un est que cette anxiété anticipative que l’on nomme le trac est parfaitement normale et qu’elle contribue probablement à la qualité de la performance et à nos possibilités de nous dépasser. Les personnes trop relâchées prennent le risque d’être moins vives et, dès lors, un tranquillisant trop efficace peut ternir la prestation.
Il est déconseillé, par ailleurs, de démarrer le traitement de l’anxiété trop tôt. Dans le cas d’un concert, d’une présentation de conférence ou d’une interview, la médication ne devrait être utilisée que le jour même de la performance ou au plus tôt la nuit qui précède. Si les occasions de performances se multiplient et si la personne s’automédique à l’avance, elle court le risque de se retrouver avec une couverture médicamenteuse plus ou moins constante. Celle-ci peut mener à une dépendance et à une tolérance, surtout avec des produits tels que l’alcool ou les benzodiazépines.
L’autre problème est que même s’il est légitime d’utiliser ces médicaments de façon appropriée, le risque inévitable est de s’appuyer sur l’effet de ces médicaments plutôt que de développer des compétences propres pour faire face aux interviews ou aux performances publiques. Une utilisation judicieuse des anxiolytiques pour combattre le trac serait d’y avoir recours un court moment, le temps que la peur soit dépassée et que l’habitude de ce type de prestation ne s’installe. En d’autres mots, les anxiolytiques peuvent mener, s’ils sont utilisés correctement, à leur propre arrêt.
L’anxiété névrotique
Nous pouvons tous être extrêmement anxieux face à un danger externe ou interne. Si l’anxiété est intense et de longue durée ou si elle nous prend dans un moment de vulnérabilité, elle peut donner lieu à une organisation névrotique. Celle-ci découle d’une mauvaise adaptation à une anxiété autoentretenue et de longue durée.
Par exemple, quelqu’un qui vit un événement stressant pendant qu’il fait ses courses peut rester anxieux et ressentir une appréhension la fois suivante pour les mêmes raisons. Cette personne peut tenter d’éviter ce problème en envoyant un de ses enfants ou un voisin faire les courses à sa place, mais il y a de fortes chances qu’en faisant cela, une angoisse liée à cette activité ne s’installe. La personne peut devenir réellement incapable d’y aller seule. Les symptômes anxieux seront encore plus intenses quand elle ne pourra pas éviter de se confronter à ce qui lui fait peur. Ces difficultés peuvent parfois disparaître spontanément. C’est par ailleurs une forme de névrose qui répond favorablement à différents types d’interventions psychosociales. Dans le cas évoqué ci-dessus, bloquer les réponses d’évitement et exposer la personne à ce qui lui a fait peur est une méthode simple pour résoudre cette difficulté. Ces thérapies par l’exposition fonctionnent très bien pour les névroses phobiques et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) [1].
Nous allons maintenant exposer les différents types de névrose et préciser quand et pourquoi un traitement médicamenteux peut aussi être utilisé.
La névrose phobique
Il existe des phobies générales et spécifiques. L’agoraphobie est un type de phobie générale qui se traduit par une peur de sortir dans des lieux publics. La phobie spécifique se fixe sur un objet précis comme les araignées, les serpents ou le tonnerre et les éclairs.