Chapitre 7
Anomalies des voies urinaires
Les anomalies urinaires du fœtus comprennent les uropathies et les néphropathies primitives. Des anomalies du développement du parenchyme rénal (dysplasie) sont souvent associées aux uropathies. Dans les deux cas, la prise en charge prénatale comporte plusieurs étapes. Une première étape diagnostique qui comprend la réalisation ou non d’un caryotype, la recherche d’anomalies associées et un interrogatoire familial soigneux. L’étape pronostique repose sur l’échographie et la biochimie urinaire. Enfin dans certains cas une étape thérapeutique peut être envisagée.
Les malformations rénales sont fréquentes chez les fœtus et concernent 1/500 grossesses [1].
Anomalies du nombre et du développement
Agénésie rénale
Les agénésies rénales unilatérales sont fréquentes. Le plus souvent isolées ou associées à une artère ombilicale unique, elles peuvent s’intégrer dans un syndrome polymalformatif qu’il faut rechercher, ces syndromes étant parfois associés à des mutations dans des gènes connus. Si l’agénésie unilatérale est isolée, elle est de très bon pronostic si le rein controlatéral est normal. En revanche, une agénésie rénale bilatérale est létale à la naissance en raison de l’hypoplasie pulmonaire liée à l’anamnios systématique dans cette situation à partir de 20 SA (séquence de Potter). Avant ce terme, la peau du fœtus est perméable et même en l’absence de rein la quantité de liquide amniotique peut être subnormale. Le diagnostic est fait à l’aide du Doppler couleur qui ne met pas en évidence d’artère rénale [2]. Les surrénales qui occupent les loges rénales dans ce cas sont souvent difficiles à différencier des reins au début de 2e trimestre. En cas d’interruption de grossesse, un examen fœtopathologique est fortement recommandé ainsi qu’une consultation en génétique. Certains gènes dont les mutations sont associées à des agénésies ont été identifiés récemment.
Duplications rénales
Les duplications du système pyélo-caliciel sont une des malformations les plus fréquentes chez l’enfant (1 %) [3]. Elles sont de plus en plus souvent diagnostiquées en prénatal. Le diagnostic prénatal est rarement fait en dehors du cadre d’une urétèrocele (figure 7.1) ou d’une dilatation du pyélon ou de l’uretère. Cette malformation est unilatérale dans 70 % des cas. La duplication peut être accompagnée d’une dilatation pyelique et/ou urétérale (souvent le pyélon supérieur est dilaté, en amont d’une urétèrocele) ou seulement d’une urétèrocèle. Elles n’ont pas de caractère pathologique quand elles sont isolées. Il faut rechercher d’autres anomalies. L’urétérocèle peut devenir obstructif et être responsable d’une dilatation pyélocalicielle parfois majeure voire d’une atteinte du rein controlatéral. Dans ces cas, une ponction in utero peut être discutée. L’intérêt du diagnostic prénatal dans ces cas est également de pouvoir informer le pédiatre qui suivra l’enfant car les risques infectieux sont importants.
Dilatations pyéliques
Les diagnostics possibles sont nombreux : pyélectasie, reflux vésico-urétéral (RVU), valves de l’urètre postérieur (VUP) ou syndrome de jonction pyélo-urétérale. Certains signes échographiques permettent d’orienter le diagnostic, mais il n’est pas toujours possible de trancher. Dans tous les cas, l’évaluation du pronostic sera conduite de la même façon.
Valves de l’urètre postérieur et reflux vésico-urétéral
Ces deux pathologies sont traitées ensemble car souvent difficiles à différencier chez le garçon. Il faut également mentionner l’atrésie de l’urètre qui est plus souvent diagnostiquée au 1er trimestre et qui, si elle n’a pas été vue avant, se présente au 2e trimestre comme une dilatation importante de la vessie, souvent avec hydronéphrose bilatérale et oligoamnios ou anamnios. Le diagnostic différentiel avec les VUP est impossible en prénatal, mais les atrésies se présentent comme des VUP sévères. Le pronostic rénal n’est pas bon. Le diagnostic est fait à l’examen fœtopathologique. Quelques études ont évalué la possibilité de la mise en place d’un cathéter vésico-amniotique, mais il n’y a pas de consensus dans la littérature. La mise en place d’un cathéter améliorerait la survie mais environ 60 % des enfants présentent une insuffisance rénale sévère [4].
Les valves de l’urètre postérieur sont la principale uropathie obstructive du bas appareil chez l’enfant et le nouveau-né, et peuvent être diagnostiquées dès 12 SA. La valve forme une membrane oblique qui s’insère dans le verrumontanum distal et vers le toit de l’urètre postérieur. L’obstruction peut être totale ou partielle, associée à une dysplasie rénale, et peut être responsable d’une insuffisance rénale de degré variable dans la période pré- et post-natale. Le pronostic pour ces enfants est moins bon lorsque le diagnostic est fait avant 24 SA, probablement parce que l’apparition précoce des dilatations est la conséquence d’une obstruction plus sévère [5].
Il est classiquement décrit que certains signes comme l’épaississement et l’augmentation de taille de la vessie serait plus en faveur d’une valve, mais 45 % des fœtus ayant un reflux sévère diagnostiqué dans la période prénatale présentent aussi ces signes [6]. Le tableau 7.1 montre les résultats d’une étude rétrospective sur 52 fœtus porteurs d’une hydronéphrose bilatérale.