Chapitre 6 Traitement d’image en scanner cardiaque
Le traitement de l’image est une étape essentielle de l’examen cardiaque au scanner.
En effet, pour des raisons anatomiques, les coupes axiales sont insuffisantes pour analyser toutes les structures cardiaques, en particulier les artères coronaires. Il est dangereux de n’utiliser que les coupes axiales ou les plans orthogonaux pour l’étude des artères coronaires et la quantification des sténoses. En effet, certains segments sont mal visibles dans le plan axial ou en MPR (multiprojection reformat) standard, en particulier la portion horizontale du segment 3 de la coronaire droite, les bifurcations, les artères distales, d’autant plus que la sténose est excentrée (fig. 6.1).
Une étude complète du cœur se fait selon un protocole systématique, rigoureux, utilisant plusieurs outils de traitement d’image (tableau 6.1).
Étude du myocarde, cavités cardiaques et valves | ||
1 | Étude morphologique | 2D MIP : 2, 3, 4 cavités et short axis VR, navigator |
2 | Étude cinétique (VG, valves…) | Multiphase en 2D, mode ciné-IRM |
3 | Étude fonctionnelle | Volumes, fraction d’éjection, masse myocardique, perfusion |
Étude des artères coronaires | ||
1 | Sélection de la phase optimale | 2D revue multiphasique |
2 | Indentification des artères coronaires droite et gauche | Imagerie 3D : VR, MIP |
3 | Étude des bifurcations | MIP, MPVR |
4 | Étude de chaque artère coronaire ; paroi, lumière | Suivi (tracking), 2D curviligne (grand et petit axe) |
Étude de la plaque | Color mapping, CT-IVUS, navigator | |
Quantification des sténoses | Mesures de diamètre, surface, profil de densité |
Pour l’étude des artères coronaires, le premier temps est la sélection de la meilleure phase où les artères coronaires sont le mieux visualisées sans artéfacts cinétiques. Cette première phase sélectionnée, l’imagerie 3D telle que le volume rendering(VR) ou le maximum intensity projection(MIP) repère les artères coronaires droite et gauche et leurs branches collatérales. On fera particulièrement attention à d’éventuelles anomalies d’implantation et aux bifurcations en orientant l’image 3D afin de bien les dégager. L’étude de la lumière et de la paroi se fait ensuite en 2D curviligne après suivi (tracking) automatique de chaque branche des artères coronaires. Cette imagerie 2D permet d’apprécier non seulement la lumière, mais aussi d’éventuelles plaques calcifiées ou molles. Sur ces coupes 2D, il sera possible de quantifier les sténoses en se servant d’outils automatiques ou manuels de mesure de diamètre, de surface ainsi que de profil de densité.
Étude des parois du ventricule gauche et des cavités cardiaques
Étude morphologique en mode 2D mono- ou multiphasique
Ces plans habituels sont des plans obliques définis en fonction des axes du cœur.
Axes du cœur
On définit ainsi, par rapport à cette pyramide basale (fig. 6.2) :
Fig. 6-2 Sur une coupe quatre cavités : en rouge, le grand axe du cœur et en jaune, le petit axe du cœur.
Étude cinétique et fonctionnelle du ventricule gauche
L’étude 2D multiphase va permettre l’étude morphologique et cinétique des cavités, de la paroi du ventricule gauche et des valves en mode ciné-IRM dans les plans identiques à ceux de l’échocardiographie (fig. 6.11). On apprécie la viabilité myocardique et les lésions d’ischémie ou de nécrose du myocarde. Il est possible d’apprécier des zones d’hypokinésie, de dyskinésie et d’akinésie en mode ciné-IRM.
L’étude fonctionnelle comporte plusieurs étapes :
Fig. 6-12 Contourage automatique de l’épicarde et de l’endocarde en diastole (0 %) et systole (30 %).
Étude de la paroi myocardique
Pour l’étude segmentaire de l’épaisseur et de la cinétique de la paroi du ventricule gauche, on utilise comme paramètres : l’épaisseur en diastole et en systole, l’épaississement et la cinétique de la paroi sous forme de représentation graphique en « bull’s eye » comme en scintigraphie (fig. 6.15 et 6.16).
L’étude de la perfusion myocardique est encore en cours de développement. De nouveaux logiciels sont en cours d’élaboration. Toutefois, l’irradiation du patient est une limite importante à l’utilisation du scanner dans ce domaine. Ce problème résolu, on peut imaginer des logiciels comparables à ceux étudiant la perfusion cérébrale (fig. 6.17).
Quelques valeurs à connaître
Les tableaux 6.2 à 6.4 donnent quelques valeurs de référence réalisées en IRM, pas toujours superposables au scanner mais qui ont une valeur indicative.
Épaisseur diastolique du septum IV | 6–11 mm |
Épaisseur diastolique de la paroi postérieure du VG | 6–11 mm |
Diamètre télédiastolique du VG | 38–55 mm |
Diamètre télésystolique du VG | 27–37 mm |
Diamètre télédiastolique du VD | 9–26 mm |
Diamètre de l’atrium gauche | 28–42 mm |
Épaisseur du myocarde VD | < 4 mm |
Absolues (ml) | Normalisées BSA (ml/m2) | |
---|---|---|
Homme | ||
VTDVG | 136 ± 30 | 69 ± 11 |
VTSVG | 45 ± 14 | 23 ± 5 |
VEVG | 92 ± 21 | 47 ± 8 |
FE | 67 ± 5 % | |
Masse VG | 178 ± 31 g | 91 ± 11 g/m2 |
Femme | ||
VTDVG | 96 ± 23 | 61 ± 10 |
VTSVG | 32 ± 9 | 21 ± 5 |
VEVG | 65 ± 16 | 41 ± 8 |
FE | 67 ± 5 % | |
Masse VG | 125 ± 26 g | 79 ± 8 g/m2 |
VTDVG : volume télédiastolique du ventricule gauche ;
VTSVG : volume télésystolique du ventricule gauche ;
VEVG : volume d’éjection ventriculaire gauche ;
FE : fraction d’éjection.
Absolues (ml) | Normalisées BSA (ml/m2) | |
---|---|---|
Homme | ||
VTDVD | 157 ± 35 | 80 ± 13 |
VTSVD | 63 ± 20 | 32 ± 8 |
VEVD | 95 ± 22 | 48 ± 8 |
FE | 60 ± 7 | |
Masse VD | 50 ± 10 g | 26 ± 5 g/m2 |
Femme | ||
VTDVD | 106 ± 24 | 67 ± 10 |
VTSVD | 40 ± 14 | 26 ± 6 |
VEVD | 66 ± 16 | 42 ± 8 |
FE | 63 ± 8 | |
Masse VD | 40 ± 8 g | 25 ± 4 g/m2 |
VTDVG : volume télédiastolique du ventricule gauche ;
VTSVG : volume télésystolique du ventricule gauche ;
VEVG : volume d’éjection ventriculaire gauche ;
FE : fraction d’éjection.
Étude des artères coronaires
Sélection de la phase optimale en revue multiphasique
En pratique, pour l’étude des artères coronaires, il faut reconstruire plusieurs phases pour rechercher la meilleure avec une qualité d’image optimale sans artéfact cinétique (fig. 6.18).