Chapitre 6 L’entorse de la cheville
1 Entorse fraîche : algorithme et imagerie utile
En imagerie traumatologique d’urgence, un algorithme peut être proposé principalement dans deux situations différentes :
Quelle imagerie réaliser pour une entorse récente de la cheville ?
Le meilleur compromis doit être trouvé entre l’enjeu fonctionnel, le délai acceptable, la performance et la disponibilité des techniques d’imagerie.
Radiographies
Si une imagerie est indiquée, les radiographies sont toujours réalisées en première intention. Elles permettent essentiellement de vérifier l’absence de fracture. Quatre incidences sont importantes à connaître (fig. 6-1).
Fig. 6-1 Les quatre incidences radiographiques réalisées pour un bilan d’entorse de la cheville.
Face (a), face en rotation interne de 20° (b), profil (c) et pied déroulé (d).
Résultats
Talus, fractures ostéochondrales
Ce sont des fractures impactions de petite taille, mais de grande importance clinique. Elles surviennent habituellement après un traumatisme en inversion. Ces fractures intéressent souvent la berge médiale ou latérale du dôme du talus. Elles apparaissent comme une perte de substance ou une irrégularité de la corticale. Un fragment peut se détacher et se mobiliser librement dans l’articulation (fig. 6-2).
Autres méthodes d’imagerie utiles après les radiographies
Scanner
Certaines fractures sont de diagnostic difficile ou impossible en radiographie (fractures occultes du talus et autres fractures), et dans ce cas, un scanner est utile, après avis d’un traumatologue ou d’un orthopédiste. Le scanner est également performant pour le diagnostic de certaines lésions tendineuses. Le scanner est facile à obtenir et à réaliser, reproductible et d’interprétation aisée (fig. 6-2 et 6-4).
IRM
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet un bilan complet des lésions ligamentaires, tendineuses et/ou osseuses (fig. 6-5). Cependant, étant donné sa disponibilité limitée en urgence et son coût, l’IRM est rarement indiquée en urgence sauf chez les athlètes de haut niveau. Elle est le plus souvent réalisée quelques semaines après le traumatisme initial.
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2 Échographie et entorse de la cheville
Technique
Les ligaments : généralités
À l’état normal, tous les ligaments ont le même aspect échographique : bande hyperéchogène, fibrillaire, fine, à bords nets, réguliers, parallèles et rectilignes quand on met le ligament en tension (fig. 6-6). Pour qu’un ligament normal soit hyperéchogène, il faut qu’il soit abordé perpendiculairement par les ultrasons, sinon il apparaît partiellement ou totalement hypoéchogène. Le caractère hyperéchogène des ligaments normaux les rend parfois difficiles à différencier de la graisse sous-cutanée dont la texture est plus granuleuse. En devenant pathologique, un ligament devient hypoéchogène et s’épaissit.