CHAPITRE 54 TRAITEMENT DES GLAUCOMES PRIMITIFS
GÉNÉRALITÉS
– la dégénérescence maculaire après 75 ans et cela d’autant plus qu’elle va de pair avec l’allongement de l’espérance de vie. Elle est due à une altération ou à une destruction de la partie de l’œil responsable de la vision précise ;
– la cataracte, généralement bilatérale, conséquence d’une opacification du cristallin. C’est la première cause de baisse de l’acuité visuelle liée à l’âge et c’est aussi la seule qui soit réversible après intervention chirurgicale ;
– les glaucomes qui peuvent être de plusieurs types mais dont deux représentent 90 % de cette pathologie à savoir le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) qui s’oppose au glaucome aigu par fermeture de l’angle (GFA). Ils se caractérisent dans les deux cas par une augmentation de la pression intraoculaire (PIO). Les glaucomes secondaires (traumatiques, post-inflammatoires, iatrogènes, etc.) sont volontairement exclus de ce chapitre.
ÉPIDÉMIOLOGIE
Les facteurs de risque connus pour le GPAO sont les suivants :
– l’âge : la fréquence augmente après 40 ans ;
– l’origine ethnique : les personnes à peau foncée plus touchées et plus sévèrement ;
– les antécédents : le support génétique du GPAO a été démontré ;
– une PIO élevée, la myopie, le diabète, la prise de corticoïdes.
PHYSIOPATHOLOGIE
Anatomopathologie du glaucome primitif à angle ouvert
Les signes cardinaux du GPAO sont dans l’ordre :
– au GPAO pigmentaire ainsi appelé en raison d’une perte des pigments de l’iris qui viennent obturer le trabéculum ;
– au GPAO par pseudo-exfoliation, d’origine génétique, qui aboutit également au blocage du trabéculum.
Physiopathologie de l’humeur aqueuse
– la chambre antérieure qui sépare l’iris de la cornée ;
– la chambre postérieure qui sépare l’iris du cristallin et de la vitrée.
Il faut savoir que des fluctuations de cette pression peuvent exister en raison :
– de variations nycthémérales ;
– de traitements médicamenteux (diminution avec bêtablo-quants, augmentation suite à une corticothérapie locale ou générale).
Le flux sanguin oculaire participe également mais à un degré moindre à cette PIO :
– lorsque la pression augmente, le flux artériel est maintenu sauf en ce qui concerne le débit au niveau de la choroïde qui diminue ; ceci a pour conséquence une diminution de la vascularisation de la tête du nerf optique et donc une altération de la fonction visuelle ;
– l’augmentation du flux ciliaire conduit à une hausse de la pression hydrostatique entre les capillaires et le milieu intraoculaire et se traduit par une augmentation de la production d’humeur aqueuse.
Physiopathologie du glaucome par fermeture de l’angle
L’humeur aqueuse sécrétée en permanence par les procès ciliaires ne peut s’évacuer en raison d’un accolement de l’iris sur le cristallin au niveau pupillaire. Il en résulte une accumulation de l’humeur aqueuse dans la chambre postérieure avec augmentation de la pression. Sous la poussée, il y a renflement de l’iris qui s’adosse à la cornée, ce qui explique la fermeture de l’angle iridocornéen. Dans ces conditions, l’humeur aqueuse ne peut s’évacuer par le trabéculum, celui-ci se trouvant isolé de la chambre antérieure.
DIAGNOSTIC ET SURVEILLANCE DU GLAUCOME
La surveillance d’un glaucome tout comme son dépistage repose sur trois examens clés :
MÉDICAMENTS PRESCRITS DANS LE GLAUCOME À ANGLE OUVERT
Médicaments réduisant la sécrétion de l’humeur aqueuse (tableau 54.1)
Bêtabloquants par voie locale
– diminution de la sécrétion active des cellules de l’épithélium ciliaire en empêchant les transferts ioniques responsables du passage de l’humeur aqueuse dans la chambre postérieure ;
– diminution de la diffusion et de l’ultrafiltration passive par blocage des récepteurs adrénergiques ou constriction des vaisseaux et des capillaires ciliaires.
Trois questions principales vont guider le choix de l’ophtalmologiste :
– le médicament est-il aussi efficace que le timolol, qui reste aujourd’hui le produit de rérence ?
– quelle est la tolérance locale et générale ? Du point de vue bronchique, aucun bêtabloquant ne peut dispenser de précautions d’emploi et ils sont contre-indiqués en cas d’asthme sévère ;
– quelles sont les particularités distinctives : effet ASI (activité sympathomimétique intrinsèque), anesthésique local, picotements, brûlures, bradycardie, bronchoconstriction, dyslipidémie, débit sanguin oculaire, demi-vie sérique ? La durée d’action est un facteur garant de l’efficacité du traitement afin d’éviter le caractère néfaste des pics tensionnels. À long terme, le blocage des récepteurs β entraîne leur multiplication, ce qui est une source possible d’échappement thérapeutique et de rebond à l’arrêt du traitement. Ce phénomène semble moins fréquent avec les collyres ayant un effet ASI.
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique
– par voie générale : acétazolamide (Diamox), de façon provisoire soit en attente d’une intervention chirurgicale, soit lorsqu’il y a contre-indication aux autres traitements ou dans le traitement de la crise du GFA ;
– par voie locale : dorzolamide (Trusopt, Dorzolamide) soit en association avec un collyre bêtabloquant (une goutte 2 fois par jour), dorzolamide-timolol (Cosopt), soit en monothérapie chez les patients ne répondant pas aux bêtabloquants ou lorsque ceux-ci sont contre-indiqués (une goutte 3 fois jour).