52: Autres rétinopathies ischémiques proliférantes

Chapitre 52 Autres rétinopathies ischémiques proliférantes



Des décollements de rétine tractionnels peuvent survenir dans toutes les causes de rétinopathie ischémiques proliférantes, mais ils sont néanmoins beaucoup moins fréquents que ceux vus lors du diabète (cf. chapitre 51). Ainsi, des décollements de rétine peuvent survenir secondairement à des occlusions veineuses, une maladie de Eales, lors des rétinopathies drépanocytaires, la rétinopathie des prématurés ou d’autres affections plus rares héréditaires, telles que la vitréorétinopathie exsudative familiale. Ces deux dernières pathologies sont traitées respectivement aux chapitres 67 et 68.


Les proliférations associées aux occlusions veineuses et à la maladie de Eales ou la drépanocytose ont des aspects assez similaires à celle compliquant la rétinopathie diabétique, avec cependant quelques particularités. Dans toutes ces pathologies, le tissu fibrovasculaire pousse dans le cortex vitréen postérieur et les complications sont secondaires au décollement partiel du vitré, à l’origine d’une traction antéropostérieure. La pathogénie du décollement de rétine tractionnel est donc la même que lors de la rétinopathie diabétique.


Les objectifs chirurgicaux sont donc également les mêmes : supprimer le vitré et le cortex vitréen postérieur et les tractions antéropostérieures ou tangentielles, disséquer et exclure les proliférations fibrovasculaires, occlure les déhiscences rétiniennes. Les techniques chirurgicales sont également les mêmes, mises à part quelques spécificités liées à certaines étiologies comme la drépanocytose.



Occlusions de branche veineuse


Une prolifération néovasculaire complique les occlusions de branche veineuse dans 20 % à 25 % des cas. Le plus souvent, la prolifération est localisée en moyenne périphérie rétinienne à proximité des zones de non-perfusion rétinienne. Habituellement, la prolifération fibrovasculaire est moins sévère et moins étendue que lors de la rétinopathie diabétique. Sa contraction peut entraîner, dans des cas exceptionnels, un décollement de rétine tractionnel, voire mixte tractionnel et rhegmatogène lorsque survient une déhiscence postérieure (fig. 52-1).



Il n’y a que peu de publications rapportant les résultats de la chirurgie pour des décollements compliquant des occlusions de branche veineuse : la plupart des études sont des cas cliniques ou ne comportent qu’un faible nombre de cas.


Dans une série de vingt-cinq yeux opérés de vitrectomie pour un décollement de rétine rhegmatogène associé à une occlusion de branche veineuse, l’acuité visuelle était inférieure à 20/200 dans seize yeux en préopératoire (64 %). En postopératoire, vingt yeux (80 %) avaient une acuité visuelle supérieure ou égale à 20/200, huit yeux (32 %) présentaient un décollement de rétine récidivant et, dans vingt-deux yeux (88 %), la rétine était recollée à l’examen final [8]. Les facteurs associés à un mauvais pronostic fonctionnel étaient la présence de déchirures rétiniennes, la présence d’un décollement de rétine maculaire et une récidive de décollement après une vitrectomie initiale. Les causes de mauvaise vision finale étaient la persistance d’un décollement maculaire dans trois yeux et des atrophies de l’épithélium pigmentaire maculaire dans deux yeux.


Les mêmes auteurs ont rapporté les résultats d’une série de vingt-deux yeux ayant bénéficié d’une vitrectomie pour un décollement de rétine tractionnel associé à une occlusion de banche veineuse [7]. L’acuité visuelle préopératoire médiane était de 2/200 chez les sept patients présentant une néovascularisation prépapillaire et « voit la main bouger » chez les quinze patients sans néovascularisation prépapillaire. En postopératoire, treize yeux (59 %) avaient une acuité visuelle supérieure ou égale à 20/200, huit yeux (36 %) ont présenté une récidive de décollement de rétine et dix-neuf yeux (86 %) avaient une rétine réappliquée à l’examen final. La présence d’une néovascularisation prépapillaire était associée à un taux significativement plus élevé de récidive de décollement de rétine et à un pronostic fonctionnel moins bon.


Dans une autre série incluant quinze yeux opérés de décollement de rétine tractionnel sur occlusion de branche veineuse, l’acuité visuelle préopératoire était supérieure ou égale à 20/100 dans neuf yeux (60 %) [1]. En postopératoire, dix yeux (67 %) avaient une acuité visuelle supérieure ou égale à 20/200, deux yeux (13 %) présentaient une récidive de décollement de rétine et, en fin de suivi, quatorze yeux (93 %) avaient une rétine réappliquée.



Maladie de Eales


Il s’agit d’une pathologie rare décrite initialement par Henri Eales en 1880 [3]. Cette maladie survient le plus souvent chez des jeunes hommes en bonne santé, se présentant initialement avec des périphlébites rétiniennes et, plus tard, une ischémie rétinienne périphérique qui peut se compliquer de néovascularisation. Celle-ci peut être responsable d’hémorragies intravitréennes récidivantes et de décollement de rétine tractionnel.


La pathogénie de la maladie de Eales n’est pas claire. Elle peut être associée à différentes pathologies systémiques, notamment une tuberculose.


Peu d’études ont évalué les résultats de la vitrectomie pour décollement de rétine compliquant une maladie de Eales [2, 11]. Badrinath et al. ont décrit l’aspect per-opératoire des patients atteints de maladie de Eales compliquée de décollement de rétine [2]. En per-opératoire, ils ont observé un décollement postérieur du vitré incomplet chez tous les patients et de nombreuses adhérences vitréorétiniennes multifocales dans 80,3 % des yeux. Une prolifération fibrovasculaire était vue dans dix yeux et une prolifération fibreuse seule dans huit yeux. Un pli radiaire s’étendant de la papille vers la rétine périphérique a été observé dans trois yeux. Les résultats fonctionnels après chirurgie ont été bons, avec une amélioration de l’acuité visuelle dans 77 % à 88 % des yeux. À la fin du suivi, une acuité visuelle supérieure ou égale à 20/200 a été observée chez 62,4 % des patients à deux mois, et 71,8 % des patients à six mois.

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Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 52: Autres rétinopathies ischémiques proliférantes

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