5: Les conflits de la cheville

Chapitre 5 Les conflits de la cheville


Les conflits de la cheville ne sont pas rares et doivent être reconnus. Ils peuvent être dus à des microtraumatismes répétés lors d’hypersollicitation sportive (football, danse…). Le conflit antérolatéral est plus volontiers à la source de douleurs chroniques séquellaires après une entorse de la cheville. Nous aborderons les conflits les plus fréquents : antérolatéral, antérieur et postérieur.



1 Conflit postérieur de la cheville





Clinique






Anatomie et facteurs favorisants


Pour faire le diagnostique positif et étiologique, il faut tout d’abord avoir une connaissance précise de l’anatomie du versant postérieur de l ’articulation talocrurale.


Les variantes morphologiques favorisantes doivent être recherchées.



Composante osseuse




Os trigone


Un centre d’ossification secondaire se forme à la partie postérieure du talus, entre 11 et 13 ans chez le garçon et entre 8 et 10 ans chez la fille [7]. Cet ossicule se développe à partir d’une extension cartilagineuse du versant postérieur du talus. Normalement, ce noyau d’ossification va fusionner avec le talus au cours de la première année après son apparition. Mais, chez 8 à 13 % de la population, l’ossicule reste séparé et sera alors appelé « os trigone ». Chez 1,4 % de la population, il est bilatéral.


Cet ossicule est un os accessoire, composé d’une partie corticale périphérique et d’un centre spongieux. Il forme avec le tubercule postérolatéral du talus une articulation de type synchondrose [2,8].


Habituellement, cet os trigone comporte trois faces : une antérieure, en rapport avec le tubercule postérolatéral du talus, une inférieure, pouvant s’articuler avec la face supérieure du calcanéus, et une postérieure, sans rapport articulaire (fig. 5-3). Il est le plus souvent unique et mesure moins de 1 cm de grand axe. Il peut également être bipartite ou multipartite [9]. Le tendon du LFH chemine médialement par rapport à lui.








Parties molles


Les tissus mous comprimés peuvent être la capsule articulaire tibiotalienne et sous-talienne postérieure, les ligaments talofibulaire postérieur, intermalléolaire postérieur et tibiofibulaire postéro-inférieur, le tendon du LFH et sa gaine [5].




Ligaments


Trois ligaments jouent un rôle dans le conflit postérieur.






Tendons et muscles





Tendinopathie du muscle long fléchisseur de l’hallux


C’est au niveau de la gouttière du tubercule postérieur du talus, au sein du tunnel ostéofibreux inextensible, que le tendon est le plus vulnérable (cf.fig. 5-1). Les sportifs faisant des mouvements répétitifs de flexion-extension sur la pointe des pieds sont les plus exposés (danseurs avec mouvements de plié et grand plié) [1,15]. Le surmenage du tendon dans son tunnel peut entraîner une tendinopathie et peut être une cause, toutefois peu fréquente, de conflit postérieur.


Elle se manifeste par des douleurs rétromalléolaires médiales et rétrotaliennes d’effort. Le diagnostic est avant tout clinique.



Les différents syndromes


On peut décrire plusieurs entités cliniques, regroupées en deux syndromes distincts : le syndrome de compression osseuse et le syndrome de pincement des tissus mous. L’association des deux syndromes est fréquente [6].



Syndrome de compression osseuse



Traumatisme aigu


La fracture du tuberculepostérolatéral ou fracture de Shepherd[16] en est la cause principale (fig. 5-6).



Elle est le plus souvent provoquée par une chute sur le talon, pied en flexion plantaire. Le diagnostic est souvent retardé, conduisant à la pseudarthrose du fragment, dont l’hypermobilité peut expliquer les douleurs.


Le traitement est controversé : certains auteurs recommandent l’ostéosynthèse par broche ou vis lorsque le déplacement dépasse 3 mm, d’autres ne retiennent aucune indication chirurgicale en urgence et d’autres enfin préconisent l’immobilisation plâtrée en urgence et la résection-arthrolyse antalgique si l’évolution se fait vers une pseudarthrose douloureuse.


La fracture du tubercule postéromédial ou fracture de Cedell[17] correspond à une avulsion du ligament tibiotalien postérieur à son insertion sur le tubercule médial du talus. En urgence, l’immobilisation plâtrée amène la guérison.


Il peut également s’agir d’une contusion ou d’une fracture de l’os trigone (fig. 5-7) ainsi que d’une fracture de la synchondrose.





Syndrome de pincement des tissus mous


La compression de ces tissus mous peut entraîner un épanchement intra-articulaire (fig. 5-7 à 5-10) et une synovite talocrurale ou sous-talienne postérieure (fig. 5-11)[1,18]. La capsule articulaire postérieure peut être le siège d’un œdème et prendre un aspect nodulaire, inflammatoire, surtout en postérolatéral.




La ténosynovite du LFH, le plus souvent sténo-sante, peut être la conséquence du conflit osseux. Elle est à différencier de la tendinopathie vraie du LFH, cause rare de conflit postérieur. Hamilton et al. [19] ont décrit l’évolution de cette ténosynovite (exsudative, sténosante, nodulaire, rupture partielle) qui peut aller jusqu’à l’hallux rigidus.


Les ligaments postérieurs (tibiofibulaire postéroinférieur, intermalléolaire postérieur et talofibulaire postérieur) sont presque toujours intacts mais souvent épaissis [1]. Un épaississement du ligament intermalléolaire postérieur est défini en IRM s’il est de taille au moins équivalente à celle des ligaments tibiofibulaire postéroinférieur et talofibulaire postérieur. Ce ligament (ou pseudoménisque postérieur) peut, en flexion plantaire, s’insinuer dans la partie postérieure de l’interligne tibiotalien [2,12] et être source de conflit postérieur.



Imagerie[4,5]


Le bilan d’imagerie est indispensable pour faire le diagnostic positif de conflit postérieur et pour en déterminer la cause. Il permet d’éliminer les autres causes de douleurs postérieures de la cheville [6].


Le bilan d’imagerie va permettre aussi de faire le diagnostic de gravité, en évaluant l’étendue de l’atteinte osseuse et des parties molles. Il va guider la prise en charge thérapeutique.



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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 5: Les conflits de la cheville

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