5: Facteurs influençant la consolidation osseuse ; complications ; fractures pathologiques

Chapitre 5 Facteurs influençant la consolidation osseuse ; complications ; fractures pathologiques





FACTEURS INFLUENÇANT LE TAUX DE CONSOLIDATION D’UNE FRACTURE








5 PERTES OSSEUSES


Les pertes osseuses sont rares, mais plus fréquentes au fémur et au tibia qu’à l’humérus et à l’avant-bras. Les principales causes sont l’extrusion osseuse des fractures ouvertes à l’endroit du traumatisme initial, lors du transport du malade, du parage chirurgical, et les lésions dues à des armes à feu ou à des explosions. Les pertes osseuses touchent surtout les diaphyses ; lorsqu’elles touchent les métaphyses ou les surfaces articulaires, elles sont généralement liées à des traumatismes à très haute énergie.


Si la perte osseuse est conséquente, le traitement sera long et difficile, car il y a souvent des lésions associées cutanées (perte de substance), des contaminations des tissus, des lésions neurologiques ou vasculaires. D’autres facteurs, comme l’âge du patient et son état sur le plan médical, ainsi que d’éventuelles autres blessures influencent la prise en charge. Il faut parfois décider si une amputation n’est pas le meilleur traitement. Cette décision n’est pas facile, et doit être fondée sur une évaluation complète, dans chaque cas, des facteurs en cause. L’utilisation du Mangled Extremity Severity Index (voir p. 51) peut aider à prendre en considération tous les facteurs importants pour prendre la bonne décision, mais il ne s’est pas toujours révélé fiable pour les cas où il indiquait que l’amputation devait être réalisée.



Lorsqu’il est décidé de ne pas amputer, une fixation appropriée de la fracture doit être choisie. Elle dépend du site, de la perte osseuse et d’autres facteurs locaux. Au fémur, au tibia et à l’humérus, l’enclouage verrouillé est la meilleure fixation (sauf contre-indications) pour les pertes inférieures à 6 cm ; pour les pertes supérieures, il faut privilégier les techniques d’allongement osseux permises par des systèmes plus récents. Une autogreffe osseuse peut aussi être utilisée. À l’avant-bras et parfois à l’humérus, des vis et des plaques sont souvent utilisées. Les fixateurs externes sont aussi employés, bien que les montages unilatéraux ne donnent pas assez de rigidité lors des pertes osseuses conséquentes à la jambe. Dans ce cas, les fixateurs d’Ilizarov et circulaires hybrides sont utiles, surtout si un programme d’allongement de membre est planifié, et ils doivent être employés lors des pertes osseuses supérieures à 6 cm.


L’objectif principal est de fixer une fracture en restaurant la longueur de l’os et en s’assurant qu’il n’existe pas de trouble rotatoire. Cependant, lorsque l’état cutané l’impose, il est souvent utile d’autoriser un accourcissement initial qui pourra être corrigé secondairement par technique d’allongement.


Il existe de nombreuses approches face à la diversité de ces lésions. Cela inclut l’utilisation des ciments phosphocalciques qui peuvent être utilisés pour les petites pertes osseuses métaphysaires ou calcanéennes ; des allogreffes pour les pertes de substance articulaires des jeunes patients ; un transfert de fibula vascularisée, surtout pour l’avant-bras ; la création d’un avant-bras ou d’une jambe à un seul os ; l’emploi de substituts osseux ou de facteurs influençant la croissance osseuse (BMP) ; les arthroplasties lorsque les pertes de substance articulaires sont majeures.



6 INFECTION


L’infection d’un foyer de fracture peut retarder ou empêcher sa consolidation.


C’est surtout le cas s’il y a en plus une mobilité du foyer de fracture.


L’infection du site de fracture est très rare lors du traitement orthopédique des fractures fermées ; l’infection, si elle survient, fait suite soit à une fracture ouverte, soit à une chirurgie par fixation à foyer ouvert. Lorsque l’infection est confirmée en présence de matériel d’ostéosynthèse, il est souvent difficile d’obtenir la consolidation en laissant le matériel, celui-ci faisant le nid de l’infection persistante. Cette situation survient souvent lorsqu’il y a un défaut de cicatrisation avec la survenue d’une fistule. Le problème survient assez souvent lorsque l’immobilisation plâtrée ne suffit pas à maintenir la fixation nécessaire pour obtenir la consolidation lorsque le matériel est enlevé et que l’infection persiste. Dans de telles circonstances, il vaut mieux laisser le matériel jusqu’à obtenir une consolidation assez bien avancée, ou bien opter pour un fixateur externe. Dans les cas où les parties molles ont bien cicatrisé après l’ablation du matériel d’ostéosynthèse, il est possible de reposer une fixation interne dans un milieu devenu stérile.




Infection à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM)


Les infections documentées à SARM posent d’énormes problèmes : pour le patient, dans les cas extrêmes, avec un risque vital engagé, et dans les cas avec des traitements longs et d’efficacité moindre ; pour les chirurgiens et les équipes infirmières pour la prise en charge ; et surtout du fait des coûts nettement augmentés. La mesure du problème et les procédures adaptées varient pour chaque pays, mais beaucoup sont identiques. En Grande-Bretagne, Giannoudis et al. [1] suggèrent le protocole suivant pour l’identification du SARM et le traitement de l’infection établie.












9 AUTRES FACTEURS







Pour les fractures fermées, et en règle générale, le traitement conservateur orthopédique doit être préféré. Néanmoins, les infections survenues après ostéosynthèse interne sont dues à des contaminations plutôt qu’à une réponse immunitaire délétère, et lors des techniques à foyer ouvert, une attention particulière doit être portée à l’asepsie et à la cicatrisation. Une antibioprophylaxie par une céphalosporine de première génération est recommandée par Harrison [2].


Pour les fractures ouvertes, en cas d’ostéosynthèse interne, le taux d’infection est souvent inacceptablement élevé, et alors une fixation externe est préconisée si possible. Pour le tibia, un fixateur externe peut être utilisé en anticipant l’infection des fiches du fixateur. Dans chaque cas, les plus strictes précautions doivent être prises pour éviter que l’opérateur soit exposé aux tissus infectés et au sérum du patient.


Pour tout type de fracture, s’il existe un taux important de pseudarthrose, il faut recommander une fixation interne avec greffe osseuse, qui est souvent couronnée de succès.


Les complications qui peuvent exister chez un patient ayant eu une fracture ou une luxation peuvent être regroupées de la façon suivante.



COMPLICATIONS DES FRACTURES



1 COMPLICATIONS DES TRAUMATISMES MAJEURS



COMPLICATIONS DES FRACTURES – TRAUMATISME MAJEUR


Cela inclut :






Les traumatismes majeurs des tissus activent les mécanismes de défense des cellules qui combattent l’infection, enlèvent les tissus lésés et facilitent la réparation tissulaire. Ces processus peuvent être affectés par des médiateurs systémiques qui peuvent provoquer un déséquilibre. Cela peut être en faveur d’un état pro-inflammatoire généralisé (syndrome de réponse inflammatoire systémique ; systemic inflammatory response syndrome [SIRS]), accompagné de dommages cellulaires avec une perméabilité des membranes augmentée, ou d’une suppression de l’inflammation (syndrome de réponse anti-inflammatoire compensatoire ; compensatory anti-inflammatory response syndrome [SRAC]), qui crée une susceptibilité à l’infection. De tels déséquilibres seraient le résultat soit d’un traumatisme particulièrement sévère, soit d’une réponse individuelle particulière [3]. Le SDRA est décrit comme une manifestation locale du SIRS, et pour ceux qui y survivent, il est la cause d’une défaillance multiviscérale. Celle-ci peut inclure des défaillances cardiaques, gastro-intestinales, rénales, hépatiques, hématologiques et neurologiques.


L’hypoxie et l’insuffisance respiratoire aiguë sont fréquentes après des traumatismes, et les causes incluent l’obstruction des voies aériennes supérieures, des lésions thoraciques (par exemple dues à un pneumothorax) et une défaillance circulatoire. La plupart répondent au traitement de la cause et à l’oxygénation, mais en cas d’échec, d’autres raisons doivent être suspectées comme le SDRA ou le SEG.


Après la plupart des fractures, de la graisse est relarguée dans la circulation et ne pose pas de problème. Dans le SEG, la situation est différente, et cela peut être en rapport avec une plus grande quantité de graisse. La présence de graisse dans la circulation pulmonaire peut créer des problèmes respiratoires comme dans le SDRA. Les particules de graisse peuvent entrer dans la circulation systémique par les capillaires pulmonaires et les shunts, ou au travers d’un foramen ovale persistant, produisant des conséquences différentes méritant ainsi le titre d’« embolie graisseuse ». Cela se voit surtout dans les fractures du bassin et de la diaphyse fémorale.


Dans le SDRA et le SEG, il n’y a pas de défaillance cardiaque évidente ; les radiographies de thorax montrent des poumons en « tempête de neige » et il y a une perturbation du ratio PaO2/FiO2 (concentration artérielle en oxygène divisée par la concentration d’oxygène fractionnée inspirée). Lorsqu’il y a une embolie graisseuse, les caractéristiques (qui apparaissent 2 ou 3 jours après le traumatisme) sont les suivantes :







COMPLICATIONS DES FRACTURES – DÉCUBITUS PROLONGÉ







2 COMPLICATIONS DU DÉCUBITUS PROLONGÉ


Cela inclut :




3. une thrombose veineuse profonde et une embolie pulmonaire. Cette complication peut être grave et fatale ; c’est pourquoi il faut prendre toutes les précautions lors des polytraumatismes et lors des décubitus prolongés. Les mesures prises pour la prévention et le traitement doivent prendre en compte la possibilité de saignement des plaies, ou si une anesthésie rachidienne ou épidurale a été réalisée, le risque d’un hématome rachidien.

Les facteurs de risque incluent :






Lorsque les risques sont jugés importants les mesures à prendre sont les suivantes.


Des mesures mécaniques doivent être prises, comme :






Prophylaxie pharmacologique : lorsque les risques sont élevés, il faut songer à la prophylaxie pharmacologique. Il semble bénéfique de la prolonger 4 à 5 semaines, même si le patient est rentré à son domicile. Il faut faire attention au moment où le traitement doit être débuté : plus il est débuté tôt, plus il est efficace – mais s’il est débuté trop tôt, cela risque de provoquer une hémorragie. Beaucoup de produits, d’efficacité variable, sont disponibles. Ils incluent :














C’est pour éviter ces complications et le coût d’un traitement par traction que la tendance est à opérer beaucoup de fractures. Dans le cas des polytraumatismes, la fixation interne aide grandement l’équipe soignante pour les soins.




5 COMPLICATIONS PARTICULIÈRES AUX FRACTURES



COMPLICATIONS DES FRACTURES – FRACTURES PARTICULIÈRES


Cela inclut :










Nous allons étudier ce dernier groupe plus en détail.










Traitement





May 27, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 5: Facteurs influençant la consolidation osseuse ; complications ; fractures pathologiques

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