5 Éveil, sommeil et coma
L’éveil
L’éveil est un préalable à l’exercice de la conscience définie par l’ensemble des activités cognitives qui permettent d’attribuer une signification et de répondre de façon appropriée aux stimulations sensitives et sensorielles, notamment aux plus complexes d’entre elles, les stimulations verbales.
Tronc cérébral et éveil
Les expériences de section étagée du névraxe ont montré le rôle essentiel du tronc cérébral dans l’éveil. Par la suite, des expériences de stimulation et de destruction ont établi que cette fonction d’éveil revient à la formation réticulaire du tronc cérébral, et plus précisément à la formation réticulaire contenue dans la partie rostrale du tegmentum pontin et dans le tegmentum mésencéphalique. Ainsi est définie la formation réticulaire activatrice ascendante dont l’activité tonique entretient l’état d’éveil. Cette activité est modulée par la convergence de multiples afférences, notamment sensitives et sensorielles, dont la mise en jeu est responsable de la réaction d’éveil.
La formation réticulaire activatrice ascendante projette sur l’hypotalamus postéro-latéral, sur le cortex cérébral de façon diffuse et sur le noyau réticulaire thalamique.
Un autre noyau, le noyau thalamique ventro-médian fait partie d’un circuit impliquant l’hypothalamus et le système limbique, rendant compte de la place particulière pour l’éveil du contenu affectif des stimulations.
Électroencéphalogramme de veille
Le rythme alpha a une fréquence de 8 à 14 Hz ; il est enregistré sur les deux tiers postérieurs du scalp lorsque le sujet au repos sensoriel garde les yeux fermés. Il est suspendu par l’ouverture des yeux (réaction d’arrêt). Sur les régions plus antérieures du scalp (région rolandique, région frontale), le rythme alpha fait place à une activité plus rapide (supérieure à 14 Hz), moins ample, le rythme bêta. En revanche, les régions temporales sont souvent occupées par une activité plus lente (4 à 7 Hz) relativement ample, le rythme thêta.
Le sommeil
Électroencéphalogramme de sommeil
Couplé à l’enregistrement des mouvements oculaires et du tonus musculaire, l’électroencéphalogramme permet de distinguer deux types de sommeil : le sommeil lent, ou non-REM sleep1, et le sommeil rapide, ou REM sleep.
Sommeil à activité rapide (sommeil paradoxal, REM sleep)
Le sommeil à activité rapide correspond à 20 à 30 % de la durée totale du sommeil. Il survient par période dont la durée moyenne est de dix à quinze minutes. Il est d’installation soudaine, faisant toujours suite à une phase de sommeil lent. Sur le plan électroencéphalographique, il est caractérisé par une activité rapide de bas voltage contrastant avec une totale atonie musculaire sommeil paradoxal). Par ailleurs, cette phase est marquée par la survenue de mouvements rapides des yeux (REM sleep) et correspond aux périodes de rêve.
Troubles de la régulation veille-sommeil
Troubles du sommeil
L’insomnie, perçue comme un sommeil insuffisant a souvent une cause tenant à l’environnement et/ou au mode de vie, à l’existence d’un trouble psychique tel que dépression ou anxiété, ou à une maladie somatique. En neurologie, l’insomnie est souvent liée à des symptômes interférant avec l’endormissement ou avec le déroulement normal du sommeil, tels que douleurs, crampes, contractures, inconfort résultant d’un état de rigidité ou d’akinésie. Le traitement, dans ces cas, repose principalement sur celui de la maladie causale et des symptômes gênants. Un lien plus spécifique entre la maladie neurologique et le trouble du sommeil peut aussi exister.
Maladies neurodégénératives
Une anomalie du sommeil paradoxal caractérisée par l’absence de l’atonie musculaire peut se traduire par un comportement violent correspondant au vécu du rêve : c’est le trouble du comportement en sommeil paradoxal (REM sleep Behavior Disorder). Ce trouble peut être idiopathique, plus fréquent chez l’homme âgé, ou survenir en association avec une maladie neurodégénérative telle qu’une maladie de Parkinson ou une démence à corps de Lewy. Le traitement repose sur le clonazépam à une posologie modérée.
Syndrome des jambes sans repos
Hypersomnies
Une somnolence est un phénomène fréquent. Elle peut avoir des conséquences sérieuses sur la vie socioprofessionnelle et rendre compte d’accidents graves survenant au cours du travail ou de la circulation. Dans de tels cas, il peut être nécessaire de l’objectiver par la réalisation de tests de latences multiples d’endormissement.
Syndrome de Pickwick
Il concerne des obèses qui s’endorment à tout moment et en tout lieu lorsque leur attention n’est pas sollicitée. Il existe chez ces sujets une hypoventilation alvéolaire avec hypoxie-hypercapnie, cyanose, polyglobulie. L’intrication avec le syndrome des apnées du sommeil est fréquente.
Narcolepsie avec cataplexie (syndrome de Gélineau)
Les accès de cataplexie, traduisant l’irruption anormale à l’état de veille de l’atonie du sommeil paradoxal, sont moins fréquents, mais particulièrement évocateurs. Déclenchés par la surprise ou les émotions positives et durant de quelques secondes à plusieurs minutes, ils provoquent la chute lorsque le trouble intéresse les membres inférieurs. L’atonie peut aussi se traduire par une chute de la tête ou de la mâchoire.
Des hallucinations liées au sommeil survenant à l’endormissement (hypnagogiques) ou au réveil (hypnopompiques) et des épisodes de paralysie du sommeil peuvent compléter le syndrome. Des épisodes d’automatisme au cours desquels le sujet poursuit son activité en commettant des erreurs et sans en garder le souvenir peuvent aussi être observés.
Un enregistrement polysomnographique du sommeil de nuit permet d’éliminer une autre cause à la somnolence diurne, notamment des apnées du sommeil. Il peut aussi montrer la survenue précoce du sommeil paradoxal et la mauvaise qualité du sommeil nocturne. Le test des latences multiples d’endormissement confirme la somnolence pathologique avec apparition anormalement rapide de sommeil paradoxal.
Des formes symptomatiques de narcolepsie-cataplexie ont été exceptionnellement décrites, en relation notamment avec des lésions du tronc cérébral. Mais il s’agit en règle générale d’une affection primitive résultant de la disparition des neurones hypothalamiques produisant l’hypocrétine. Ce fait peut être objectivé par le dosage dans le LCR de l’hypocrétine 1 dont le taux est diminué.
Anomalies de l’éveil : coma
Définition
Le coma peut être défini par une abolition de la conscience et de l’éveil comportemental, non réversible sous l’influence des stimulations. En pratique, on étudie avec le coma des troubles de moindre sévérité :
Examen
Examen général — Il est essentiel de rechercher un syndrome méningé, un syndrome infectieux, les signes d’un traumatisme, d’une affection viscérale ou endocrinienne pouvant être à l’origine du coma.
Examen de la motricité
L’examen de la motricité repose sur les réponses aux stimulations douloureuses (pression du lit unguéal, du nerf sus-orbitaire, manœuvre de Pierre Marie et Foix) :