5 Chirurgie de l’orbite
ANATOMIE DE L’ORBITE, INCIDENCE SUR LA PATHOLOGIE ORBITAIRE
L’orbite est la cavité qui contient le globe oculaire, qu’elle sépare de la boîte crânienne mais dont les foramens permettent le passage des nerfs crâniens vers les structures orbitaires ainsi que celui des artères. Elle contient également des structures glandulaires, nerveuses, vasculaires et la graisse orbitaire.
Le contenu orbitaire est enfermé dans une enveloppe conjonctive, la périorbite, adhérente au périoste des structures osseuses orbitaires, qui se réfléchit sur les muscles extra-oculaires, les nerfs et le gobe oculaire pour former crânialement sous la conjonctive bulbaire la capsule de Ténon (fig. 5.1). La graisse orbitaire est incluse entre la périorbite et les parois orbitaires, les muscles extra-oculaires vont de l’anneau de Zinn (qui entoure le foramen optique) au globe oculaire sur lequel ils s’insèrent (fig. 5.2). La base de la glande lacrymale accessoire nictitante est maintenue en position inférieure par le retinaculum orbitaire constitué de fibres collagènes en continuité avec la périorbite, recevant une innervation sympathique. Pour le détail des structures vasculaires et nerveuses de l’orbite, le lecteur se reportera soit à un atlas d’anatomie, soit à un précis d’ophtalmologie.
Fig. 5.1 Périorbite et structures orbitaires
(d’après D. Slatter, Fundamentals of veterinary ophtalmology, 3 rd ed. Philadelphia : WB Saunders, 2001).
Fig. 5.2 Muscles extra-oculaires orbitaires
(d’après G. Severin in Severin’s Veterinary Ophtalmology Notes, third edition, édité par Design Pointe TM Communications Inc).
L’orbite est une cavité conique (fig. 5.3) dont le plancher est essentiellement formé par la surface dorsale de la glande salivaire zygomatique chez le chien (cette glande est située sur le muscle ptérigoïdien interne), le muscle ptérigoïdien interne caudalement, le muscle ptérigoïdien interne et la graisse orbitaire pour le tiers crâniomédial . Chez le chat, il n’y a pas de glande zygomatique mais une glande infraorbitaire proche du nerf maxillaire. Seule une fine couche d’os alvéolaire sépare le plancher de l’orbite de l’apex des racines dentaires de la quatrième prémolaire (PMS4) et des deux molaires supérieures (MS1, MS2) : chez les brachycéphales, la position crâniale de l’orbite et l’arcade molaire supérieure courte augmentent proportionnellement cette contiguïté. La glande lacrymale principale est située sous le ligament orbitaire.
Fig. 5.3 Anatomie de l’orbite
(vue latérale droite, modifiée d’après ME. Miller, GC. Christensen, HE. Evans).
Note : voir en annexe le diagnostique différentiel des affections orbitaires, p. 176.
EXAMENS PRÉOPÉRATOIRES
La consultation pour une affection orbitaire est fréquemment différée : le propriétaire n’en remarque les signes que tardivement, lorsqu’ils sont évidents et que, souvent, des signes fonctionnels douloureux sont présents. Si la consultation est plus précoce, le diagnostic spécifique est plus difficile, et les examens préopératoires, même s’ils ne relèvent pas du cadre de cette présentation, méritent d’être rappelés.
MISE EN ÉVIDENCE DE SIGNES SIMPLES ÉVOCATEURS D’AFFECTION ORBITAIRE
Une hyperhémie conjonctivale, un chémosis, un épiphora, un œdème palpébral marqués d’apparition soudaine, une exophtalmie, un strabisme, la procidence de la MN doivent faire rechercher une affection orbitaire (fig. 5.4).
RECHERCHE DE SIGNES NERVEUX ÉVOCATEURS D’UNE AFFECTION ORBITAIRE
Une altération de la vision, des anomalies de position des paupières, une anisocorie et la modification des réflexes photomoteurs pupillaires sont autant de signes qui peuvent être évocateurs d’une atteinte orbitaire. Les mouvements conjugués des globes oculaires, le nystagmus provoqué, la réponse à la rétropulsion du globe sont recherchés.
APPRÉCIATION DES RAPPORTS ŒIL/ORBITE
Le déplacement du globe dans l’orbite peut permettre de localiser la présence d’une inflammation ou d’une masse intra-orbitaire : la modification de position du globe est fonction de la topographie lésionnelle (fig. 5.5).
Fig. 5.5 Modifications de positions du globe oculaire en fonction des lésions orbitaires
(d’après D. Slatter, Fundamentals of veterinary ophtalmology, 3rd ed. Philadelphia : WB Saunders, 2001).
La consistance du contenu orbitaire peut être appréciée par palpation-pression transpalpébrale sur le globe, dont la rétropulsion est douloureuse en cas de cellulite ou d’abcès orbitaire.
MÉTHODES DIAGNOSTIQUES
La radiographie reste un examen simple très intéressant lors de traumatisme orbitaire par plombs, de fracture de l’arcade zygomatique et d’abcès orbitaire consécutif à une infection dentaire (granulome(s) périapical(aux) et lyse éventuelle de l’os alvéolaire mis en évidence par incidence latérale oblique à bouche ouverte) ; l’orbitographie de contraste, que nous avons jadis pratiquée, a été largement supplantée par l’échographie en mode b, non invasive et plus renseignante dans la mise en évidence et l’identification de lésions des tissus mous (cellulite, abcès, néoplasmes, fig. 5.6A et B). Notre expérience de l’artériographie orbitaire est très limitée (injection du produit de contraste par l’artère infraorbitaire) et nous n’en avons jamais tiré d’informations précieuses ; comme l’orbitographie, elle est maintenant largement supplantée par les méthodes d’imagerie non invasives.