Chapitre 46 Brûlure et humanitaire
exemples d’un bénévolat sans limites
Le contexte mondial
Le tiers monde, ou ce qu’il est convenu d’appeler plutôt désormais les pays en développement, ou pays du « Sud » par opposition à ceux du « Nord » plus riches, souffre, assurément beaucoup plus que nous, d’une injustice caractérisée face au droit à la santé.
Et, dans ces parties du monde, aucune éventuelle « sécurité sociale » ne prend en charge les médicaments, les soins, les interventions, les arrêts de travail ou l’invalidité secondaire… C’est dire l’impérative nécessité d’une aide des Occidentaux, qui savent soigner cela, qui peuvent donner du temps, de la technicité, de l’expertise, du matériel, enfin, qui doivent transmettre leur savoir…
Aide humanitaire chirurgicale
Le traitement global de la brûlure est un tout indissociable qui, dans les pays du tiers monde comme en Occident, nécessite un suivi à moyen et long terme extrêmement rigoureux. Celui-ci doit être fait soit par des équipes locales bien formées, soit par les ONG occidentales permanentes ou avec un turnover constant. Cela est plus compliqué parce que les patients, pour des raisons économiques ou géographiques, se déplacent difficilement et se rendent rarement aux consultations de contrôle. D’où l’importance d’une « éducation » des patients lors des interventions… sinon gare aux récidives de séquelles…
Brûlures domestiques de l’enfant au Bangladesh : un bateau-hôpital sur le Brahmapoutre
Les brûlures surviennent le plus souvent au moment de la préparation du repas, sur l’unique brasier familial, creusé dans la terre ou posé à même le sol. Chez ces petits enfants, les brûlures sont graves et profondes, ne sont pas soignées ou cicatrisent spontanément en position vicieuse, entraînant des rétractions monstrueuses. Les zones les plus touchées sont essentiellement les mains et les pieds (fig. 46-1 et 46-2), mais aussi, lorsqu’il y a embrasement des vêtements, le tronc et le cou, créant des placards cicatriciels qui retentissent sur la croissance. Bien souvent, ces enfants brûlés sont vus en consultation très tard, parfois de nombreuses années après l’accident, voire à l’âge adulte.
HumaniTerra intervient au Bangladesh depuis 2003, et travaille sur place en collaboration avec une ONG locale, Friendship, à bord d’un bateauhôpital – une ancienne péniche fluviale française. Ce bateau se déplace le long des bras principaux du delta de la Megna et du Brahmapoutre, établissant plusieurs « camps » successifs différents au fil du temps en raison des déplacements permanents des bancs de sable auxquels il est amarré (fig. 46-3). Sur la rive sont construites des installations temporaires pour le postopératoire et les préconsultations. Ce bateau-hôpital est accompagné d’un bateau d’hébergement pour les médecins et les infirmières d’HumaniTerra, d’une barge pour la rééducation fonctionnelle et d’une flottille de barques satellites servant au recrutement des patients, aux soins de santé primaires et à l’éducation sanitaire et diététique des familles autochtones.