Chapitre 42 Brûlures électriques
Le courant électrique engendre deux types de lésions : des lésions thermiques par flash électrique (avec parfois inflammation des vêtements) et des lésions électriques vraies dues à l’atteinte directe du courant [1]. Nous ne parlerons ici que de ces dernières, les premières étant des lésions plus superficielles, de même type que les brûlures thermiques classiques.
L’étude épidémiologique des brûlures électriques permet de faire ressortir une sorte de portrait- robot de la victime : comme le rappelle Remensnyder [9], c’est un homme, presque exclusivement, jeune, de moins de 30 ans, actif ; la lésion touche le plus souvent la partie supérieure du tronc, membre supérieur surtout. Le traitement se termine très fréquemment par une amputation de plus ou moins grande ampleur.
Mécanismes d’action
Interaction de ces paramètres dans les différents mécanismes d’action
Lésions induites par la chaleur produite
L’étude du voltage permet de séparer les brûlures électriques en deux groupes : d’une part, les lésions par bas voltage, en principe moins graves mais où l’intensité peut quelquefois entraîner des lésions non négligeables. D’autre part, les lésions par haut voltage qui surviennent lorsque celui-ci est supérieur à 800 ou 1 000 volts. Ce sont surtout ces patients que l’on voit en service de chirurgie ou en centre de brûlés. Elles sont toujours très graves.
Symptomatologie spécifique
Lésions cutanées
Le point d’entrée est marqué par une zone marbrée ou blanchâtre, cartonnée, insensible et qui ne saigne pas à la scarification. Cette zone de nécrose est parfois très minime en superficie, quelques centimètres, voire quelques millimètres carrés (fig. 42-1). C’est sous la peau, en profondeur, que les dégâts sont les plus importants. On sait maintenant que sous une peau sèche, un courant de haut voltage peut générer une chaleur de plus de 1 000 degrés centigrades !
Ce point d’entrée est parfois entouré d’une zone de profondeur variable, deuxième degré profond, due en général à l’inflammation des vêtements par l’éventuel flash qui accompagne le passage du courant. Le point de sortie est souvent circonscrit. Il se présente comme une petite zone de nécrose, blanche et grise, une sorte d’ulcération au niveau des membres inférieurs, surtout de la plante des pieds. Là encore les lésions sont en profondeur et il faudra savoir s’en rappeler.
Lésions musculaires
Des causes secondaires
On peut en citer trois principales.
La première est l’œdème lésionnel qui fait gonfler le muscle et entraîne très vite une nécrose de pression par syndrome de loge. Ces syndromes bien spécifiques sont le résultat, comme dans le « crush syndrome », d’une augmentation de la pression (supérieure à 30 mm Hg) dans la loge aponévrotique inextensible. Le traitement est l’ouverture en urgences des loges [6].