4: Brûlures graves: constitution de la lésion

Chapitre 4 Brûlures graves


constitution de la lésion



Initialement, la brûlure représente un traumatisme local. Très vite, dans les minutes qui suivent, cette agression, phénomène local limité au début, devient un phénomène général.


L’analyse de ces atteintes tissulaires locales et des mécanismes de départ est une chose indispensable à la bonne compréhension de la pathologie « brûlure » et des conséquences locales et générales qui en découlent.


Les causes initiales et les effets immédiats sur la profondeur et sur l’étendue de la brûlure sont souvent liés. De l’agent causal et des conditions dans lesquelles il agit, dépend souvent un type bien précis de lésion.


Les mécanismes conduisant à une brûlure sont extrêmement variés ; d’une manière générale on les regroupe en trois catégories : les brûlures thermiques, les brûlures chimiques, les brûlures électriques.


Pour chaque catégorie nous verrons que les agents déclenchants sont nombreux et variés. Mais pour chaque catégorie on doit aussi analyser ce qu’on appelle les facteurs « aggravants ». Ils sont liés à l’état général du brûlé, avant le traumatisme, mais aussi souvent, hélas, à son état « socio-économique ». On a voulu voir parfois dans la brûlure une pathologie de « classe ». On pourrait penser que les classes sociales les plus défavorisées, les éthyliques, les malades psychiatriques sont plus souvent victimes de brûlures. Statistiquement, rien ne le prouve. Pourtant au cours de l’examen initial, il est extremêment important de tenir compte de l’état antérieur du patient, de tous ses antécédents, comme de tous les facteurs aggravants.



Causes et mécanismes



Facteurs directs



Brûlures par la chaleur ou brûlures thermiques


Ce sont de loin les plus fréquentes de toutes. Elles représentent un peu plus de 90 % des brûlures. La spécificité de l’agent causal, aussi bien que son temps d’application entrent en ligne de compte dans la constitution de la lésion. On les divise en brûlures par contact, brûlures par flamme et brûlures par rayonnement.


Les brûlures par contact reconnaissent deux mécanismes le contact liquide et le contact solide. Dans la première catégorie (fer à repasser, braise incandescente, plaque du four…), les lésions sont le plus souvent limitées en superficie mais la plupart du temps assez profondes, voire très profondes si le temps d’application a été long. Les secondes,fréquentes chez l’enfant (eau bouillante, huile chaude, casserole de lait, bain trop chaud…), sont plus étendues mais souvent moins profondes.


Les brûlures par flamme sont dues soit aux hydrocarbures enflammés (alcool à brûler, essence,pétrole, barbecue…), soit à l’explosion de gaz (suicide, explosion de gaz de cuisine) ou à l’explosion de vapeur d’essence (moteur de bateau par exemple). Les premières sont souvent étendues et profondes. Les secondes sont plutôt en « mosaïques », panachées de zones profondes et de zones plus superficielles. On rappellera aussi, dans ce type de lésions, les brûlures par incendie ou explosion d’appartement ou de maison, et celles liées aux accidents de voiture, toutes graves, et entraînant, en outre, des dégâts respiratoires souvent importants par inhalation de fumées toxiques et chaudes ou par brûlure vraie de l’arbre trachéobronchique.


Les brûlures par rayonnement sont essentiellement dues aux rayons ultraviolets du soleil. Elles sont souvent très étendues et très superficielles, donc peu graves. Elles sont parfois aggravées par des agents photosenbilisants type méladinine ou cyclines. Dans ce type de lésions, on peut aussi évoquer les lésions par rayons X ou par rayonnement nucléaire. Les atteintes sont alors bien sûr plus profondes, et surtout évolutives, en raison des mécanismes déclenchants, très différents.






Conséquences locales : profondeur de la lésion



Anatomo-histologie de la peau normale


Avant d’étudier les lésions histopathologiques créées par les différents facteurs que nous avons évoqué, il est nécessaire de faire un bref rappel histologique de la peau normale.


La peau est un organe à part entière. C’est même le plus étendu de l’organisme (plus de 2 m² chez l’adulte) et le plus lourd aussi. Il est constitué, pour les chirurgiens, de deux couches de deux tissus très différents l’un de l’autre, mais très intriqués et très complémentaires – le derme et l’épiderme. Les dermatologistes et les histologistes y ajoutent volontiers une troisième couche, plus profonde, l’hypoderme qui, en réalité, bien que faisant partie de la couverture globale du corps humain, est une entité différente sur le plan chirurgical (fig. 4-1).



La composante la plus superficielle, l’épiderme, est fine, souple, cellulaire. Celui-ci est constitué essentiellement (à plus de 90 %) de kératinocytes, cellules produisant la kératine, qui lui donne sa résistance. Ils sont répartis en quatre couches (basale, épineuse, granuleuse et cornée) qui, de la profondeur vers la superficie, assurent un turn over de cellules, allant de 20 à 45 jours. Ils sont accompagnés, ça et là, de mélanocytes, produisant la cellules de Merckel. L’épiderme est la couche protectrice de la peau : protection contre la lumière par la mélanine, protection contre les agressions traumatiques par la couche cornée (fig. 4-2).


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Sep 21, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 4: Brûlures graves: constitution de la lésion

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