Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes : anti-inflammatoires stéroïdiens et non stéroïdiens
I ANTI-INFLAMMATOIRES STÉROÏDIENS
Il s’agit de dérivés synthétiques de l’hydrocortisone auxquels ont été données une plus forte action anti-inflammatoire (tableau 326-I ) et une action minéralocorticoïde plus faible. Les glucocorticoïdes de synthèse et les dérivés naturels se fixent et agissent sur le même récepteur. Ce récepteur est nucléaire et c’est un facteur transcriptionnel. Leurs effets génomiques vont induire ou inhiber la synthèse de certaines protéines selon les situations.
A Mécanismes d’action
Plusieurs mécanismes d’action expliquent les propriétés multiples des corticoïdes.
Leur effet anti-inflammatoire est expliqué par :
− l’inhibition de la phospholipase A2, ce qui empêche ainsi la transformation des phospholipides membranaires en acide arachidonique, à l’origine de l’inhibition des médiateurs de l’inflammation : prostaglandines et leucotriènes ;
− l’inhibition de la migration des leucocytes et de la phagocytose : les glucocorticoïdes peuvent inhiber directement ou indirectement l’expression de certaines molécules d’adhérence. Ils entraînent également une diminution de nombre de lymphocytes circulants ; leur action résulte en une augmentation des neutrophiles circulants par libération du secteur médullaire et une diminution de la margination, une inhibition de l’adhérence des neutrophiles aux cellules endothéliales, ce qui freine l’afflux des neutrophiles sur les lieux de l’inflammation ;
− l’inhibition de la dégranulation des basophiles et des mastocytes (effet antiallergique).
Leurs effets métaboliques comprennent :
− un effet hyperglycémiant (insulinorésistance, stimulation de la néoglycogenèse) ;
− un effet hypercatabolique protéique ;
− une inhibition de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien ;
− un effet minéralocorticoïde : hypokaliémie, rétention hydrosodée ;
− une diminution de l’absorption digestive du calcium responsable d’une déminéralisation osseuse.
Leur effet immunosuppresseur est dû à une modification des réponses lymphocytaires, de la synthèse de cytokines et de la reconnaissance antigénique.
B Voies d’administration
Orale : hydrocortisone, prednisone (Cortancyl®), prednisolone (Solupred®), betaméthasone (Célestène®), dexaméthasone (Dectancyl®).
Parentérale : hydrocortisone, méthylprednisolone (Solumédrol®).
Locale injectables : betaméthasone (Diprostène®), cortivazol (Altim®), triamcinolone (Hexatrione®), acétate de prednisolone (Hydrocortancyl®).
C Indications
1 Traitements de longue durée
Affections dysimmunitaires et inflammatoires : connectivites (polyarthrite rhumatoïde, lupus, polymyosite, etc.) ITEMS 188, 192, pseudopolyarthrite rhizomélique, vascularites (maladie de Horton, maladie de Wegener, périartérite noueuse, etc.) ITEM 191, sarcoïdose, glomérulonéphrite chronique, anémie hémolytique, purpura thrombopénique idiopathique ITEM 190, asthme, maladies inflammatoires chroniques intestinales (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) ITEM 188, pneumopathie interstitielle.
Traitement préventif du rejet de greffe lors de la transplantation d’organes ITEM 197.
2 Traitements de courte durée
Les affections rhumatologiques : radiculalgie commune hyperalgique (en particulier la névralgie cervicobrachiale).
Les affections allergiques : urticaire, œdème de Quincke ITEM 333.
La prévention anténatale de la maladie des membranes hyalines : bétaméthasone (Célestène®), dexamathésone (Dectancyl®).
Les compressions médullaires et le syndrome de la queue-de-cheval (en attendant la chirurgie de décompression).
Les processus expansifs intracrâniens pour limiter l’œdème intracérébral et l’hypertension intracrânienne.
D Contre-indications
E Effets secondaires
Métaboliques : diabète, syndrome cushingoïde, dyslipidémie, hypokaliémie, rétention hydrosodée (HTA, œdèmes, œdème aigu du poumon).
Retard de croissance (enfant).
Infections (tuberculose, zona, par exemple) ; infections à pyogènes surtout en cas de traitement au long cours (staphylocoques).
Toxicité digestive : ulcère gastroduodénal, perforation de diverticulose colique, sigmoïdite.
Cutanés : fragilité capillaire, ecchymoses, vergetures, atrophie cutanée, acné, folliculite, hypertrichose, vergetures.
Troubles psychiques : excitation, euphorie, rares états maniaques, troubles du sommeil.
F Modalités de prescription
1 Corticothérapie intraveineuse
a) Bolus intraveineux : méthylprednisolone (Solumédrol®)
Maladies dysimmunitaires, connectivites et vascularites graves, sclérose en plaques.
En milieu hospitalier, avec surveillance de la pression artérielle, pouls, température et biologique avec ionogramme sanguin, glycémie si diabète.
Recherche de foyers infectieux à l’examen clinique : bandelette urinaire, radiographie thoracique en cas de point d’appel.
ECG avant bolus à la recherche de troubles du rythme préexistants pouvant être aggravé par une hypokaliémie induite par les bolus.