32: Rééducation du creux axillaire, du bras, du pli du coude et de l’avant-bras

Chapitre 32 Rééducation du creux axillaire, du bras, du pli du coude et de l’avant-bras



L’épaule a une fonction majeure d’orientation de la main dans l’espace : le coude permet de l’éloigner ou de la rapprocher du plan du corps. Les brûlures du creux axillaire et du coude sont souvent associées à des lésions du cou et/ou du thorax, celles de l’avant-bras à la main. La prise en charge de ces lésions sera donc différente selon que la lésion est localisée ou étendue, les risques étant donc plus grands. Après une brûlure profonde, la cicatrice a une période de maturation de 18 mois. Durant cette période, il existe un risque de préjudice fonctionnel et esthétique important. Il est capital de maîtriser l’inflammation cutanée, source de pathologies cicatricielles (hypertrophie, rétractions, brides), se localisant préférentiellement sur les zones de flexion (creux axillaires, coudes et poignets).


Si la rééducation est négligée, on aboutit à une perte de fonction du membre supérieur. Ses principes sont simples : précocité de prise en charge, mobilisations lentes posturantes et infradouloureuses, postures pluriquotidiennes et hygiène de vie (hydratation, modération dans l’activité).



Rééducation en centre aigu


En centre aigu, le pronostic vital du patient est engagé lorsque les brûlures sont étendues ; il est pris en charge dans un contexte de réanimation. À ce stade, le rééducateur doit s’intégrer dans la prise en charge pour faciliter le drainage des oedèmes et limiter les risques orthopédiques liés à l’immobilisation et aux brides naissantes [1] (fig. 32-1). La posture au lit est prioritaire et sera mise en place de façon alternée. Deux types de posture sont appliqués toutes les quatre heures, surtout dans les atteintes circulaires :


abduction d’épaule 90 à 100° (140 à 160° chez l’enfant [2]) rotation externe, flexion de coude à 90 à 100° ;



Ces postures ont pour but d’obtenir une épidermisation en position d’étirement cutané ; elles sont réalisées en dehors des séances de mobilisation. Les appareillages, à ce stade, font appel aux mousses adaptées au patient et aux matériaux thermoplastiques, parfois aux suspensions par potence au lit. Durant cette phase, la kinésithérapie est essentiellement orientée vers le drainage des œdèmes, le maintien des amplitudes articulaires et la recherche de capacité cutanée maximale ; les mobilisations passives sont réalisées lentement dans le sens opposé à la rétraction puis en sens inverse, avec une posture en fin de mobilisation. Progressivement, lors de la séance, le nombre d’articulations posturées est augmenté jusqu’à l’obtention d’une posture globale allant en sens inverse de la tendance rétractile.


Si le patient est coopérant, les contractions isométriques permettent d’entretenir l’image motrice, de libérer les plans de glissement et d’aider au drainage des œdèmes. Lorsque l’état général du patient s’améliore et que la sédation est arrêtée, la rééducation est dirigée vers son autonomisation ; les autopostures peuvent être introduites et la participation active plus importante. Dés que l’épidermisation le permet, la compression est mise en place.



Rééducation en centre spécialisé


On peut distinguer quatre types d’atteintes, les brûlures localisées en dehors d’une zone articulaire, les brûlures localisées en zone articulaire ou périarticulaire, les brûlures débordant sur le thorax et/ou le cou et les ostéomes.



Brûlures localisées en dehors des zones articulaires


Il s’agit essentiellement de cicatrices situées dans la région deltoïdienne, le bras ou l’avant-bras. Le risque de ces lésions est surtout esthétique avec hypertrophie, induration et/ou rétraction. Dans ce type de brûlures, le thérapeute doit gérer la maturation cicatricielle et contenir l’inflammation, afin d’obtenir le meilleur résultat esthétique possible. L’hydratation à l’aide de crème thermale doit être pluriquotidienne pour éviter la sècheresse cutanée qui majore le prurit. Les vêtements compressifs sont mis en place dès que possible ; il peut s’agir de manchons au niveau du bras ou de l’avant-bras. Il convient de surveiller toute majoration de l’œdème et le glissement du vêtement sur le membre supérieur ; dans ce cas, il faudra confectionner un gilet. Pour prévenir l’hypertrophie, il est possible d’interposer des adjonctions (plaques de mousse ou de néoprène et, surtout, des gels de silicone [4]) Parfois l’application de « tuiles » réalisées sur moulage en matériau transparent apporte une compression de meilleure qualité au niveau du bras ou de l’avant-bras. Le massage doit être réalisé prudemment en fonction de l’inflammation. Progressivement, l’épiderme devient suffisamment solide et il est possible de compléter la prise en charge par des massages mécanisés et des douches filiformes pour assouplir la peau et améliorer le prurit.


Si la brûlure touche de façon séparée la face antérieure du bras et l’avant-bras, le risque de bride est très important. Lors d’atteintes de l’avant-bras, la rétraction cutanée peut limiter les amplitudes du poignet, créer un œdème de la main. Sur la face antérieure, il y a un risque de limitation de l’extension du poignet et de l’ouverture de l’arche entre les deux éminences de la main. Sur la face postérieure, il y a risque de limitation de la flexion du poignet. Le traitement insistera sur les mobilisations et les postures au plateau canadien, les orthèses d’extension du poignet et d’ouverture de la main. En cas de brûlure circulaire associée, on réalisera une installation sur orthèse de Shessington ou sur coussin au lit, un drainage lymphatique et des mobilisations du poignet et de la main.

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Sep 21, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 32: Rééducation du creux axillaire, du bras, du pli du coude et de l’avant-bras

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