Question 31. Elle demande si elle peut boire un verre de vin pendant la grossesse
La demande
Le préliminaire
Les recommandations proposent clairement d’arrêter la consommation de boissons alcoolisées pendant toute la durée de la grossesse.
Une consommation d’alcool pendant la grossesse, même ponctuelle ou modérée, n’est pas anodine et peut entraîner des risques importants pour l’enfant à naître.
La première consultation
Le médecin devra rester empathique et rechercher la prise d’autre toxique en particulier le tabac et le cannabis. Il délivrera une information éclairée mais non culpabilisante sur les méfaits de ce toxique sur le fœtus. La plupart des femmes arrêtent l’alcool durant leur grossesse, mais certaines éprouvent des difficultés à le faire en raison de leur dépendance.
Le médecin prendra en charge le ou les sevrages, selon ses compétences ou adressera la patiente à une consultation spécialisée.
Le point de vue du gynécologue
La consommation d’alcool reste plus importante chez l’homme en France, mais la femme consomme de l’alcool plus régulièrement avec un âge de début qui se situe vers 18–25 ans, alors que la fertilité est à son maximum. Une enquête de l’Insee de 1986 montre que 24 % des femmes de 25 à 34 ans boivent un à deux verres par jour et 5 % boivent au moins trois verres par jour. Finalement en France, seulement 30 % des femmes n’ont jamais bu d’alcool, 30 % en boivent régulièrement et 40 % occasionnellement. La majorité des femmes réduisent leur consommation pendant leur grossesse, ce changement se faisant en général au premier trimestre de la grossesse. Dans l’enquête nationale périnatale de 1995, 5 % des femmes interrogées en maternité suite à l’accouchement déclaraient consommer au moins un verre d’alcool par jour pendant la grossesse. Heureusement en 1998, ce pourcentage avait diminué à 3,9 %, mais ce chiffre est encore trop élevé, car l’alcool est néfaste pour le fœtus et ceci, quelle que soit la dose ingérée.
L’intoxication aiguë (plus de quatre verres en une occasion), même transitoire, semble plus dangereuse, surtout en début de grossesse, selon les facteurs de risques de la mère (environnement, autres toxicomanies, carences, etc.) mais pas selon la nature du toxique. Ainsi, bières, vins, champagne, spiritueux ont le même pouvoir tératogène. Le terme « verre » désigne le verre standard éou unité internationale d’alcool (UIA) qui correspond à environ 10g d’alcool pur. Il y a autant d’alcool dans un verre de vin, de bière, un apéritif, un digestif ou une coupe de champagne c’est-à-dire entre 8 à 12g d’alcool pur.
L’alcoolémie augmente rapidement après l’ingestion d’alcool. Le maximum est atteint environ au bout d’une heure si la boisson est prise au cours d’un repas et d’une demi-heure en cas de jeun. L’ingestion d’un verre quel qu’il soit fait monter l’alcoolémie en moyenne de 0,20g/l chez un homme de 70kg et 0,30g/l chez une femme de 50kg. Le taux d’alcoolémie baisse par la suite, lentement, de 0,10g/heure : il faut donc 2 heures pour éliminer un verre d’alcool.
Lorsqu’une femme enceinte boit un verre d’alcool, il y a rapidement autant d’alcool dans le sang de son bébé que dans le sien, voire davantage compte tenu du poids du fœtus. Ainsi, tout au long de la grossesse, l’alcool agit directement sur le cerveau du fœtus en développement. L’alcool est un toxique extrêmement puissant au niveau du cortex cérébral. Dans ces conditions, quel que soit le moment de l’alcoolisation de la femme enceinte, le risque d’atteinte des fonctions cérébrales reste très élevé. En outre, une consommation d’alcool importante pendant les trois premiers mois peut produire des malformations irréversibles chez le bébé. Cependant, seule une femme sur trois semble s’attendre à ce que son enfant naisse handicapé ou avec des malformations.