3 Urticaire
Urticaire aiguë
L’urticaire peut être aiguë ou chronique, en fonction de la durée de l’éruption.
Par définition, l’urticaire aiguë dure moins de 6 semaines, tandis que l’urticaire chronique dure plus de 6 semaines.
Elle est caractérisée par des plaques rouges, transitoires, œdémateuses ayant des dimensions et des formes différentes. Chaque lésion dure moins de 24 heures.
L’urticaire aiguë est un ensemble de réactions particulières, prurigineuses.
Anamnèse
La cause de la plupart des cas d’urticaire aiguë reste méconnue.
L’urticaire aiguë peut se manifester à tout âge.
Elle est plus fréquente chez les sujets atopiques et elle est intensément prurigineuse.
L’urticaire est causée par la libération d’histamine, induite par des allergènes comme les médicaments, les aliments, les allergènes aéroportés.
L’angio-œdème est une variante plus profonde de l’urticaire et en principe moins prurigineuse.
Manifestations cutanées
Les plaques en relief varient du rose à la couleur chair ; elles peuvent être entourées d’un halo blanc ou rosé.
Chaque lésion varie en taille entre des papules de 2 mm et des plaques de 3 cm.
Elles sont typiquement rondes ou ovales et peuvent devenir polycycliques en confluant.
Les plaques changent de dimensions et de formes par extension périphérique ; elles sont migratoires et régressives.
Le processus est dynamique : les lésions nouvelles évoluent au fur et à mesure que les anciennes disparaissent.
Des lésions bulleuses et des plaques purpuriques se manifestent rarement.
La répartition est habituellement profuse et aléatoire.
Examens de laboratoire et explorations
Traitement
L’usage de toute substance pouvant déclencher la maladie, comme des médicaments, des aliments, des injections, doit être interrompu.
Des antihistaminiques sont ordinairement administrés dans la phase initiale : antagonistes sédatifs des récepteurs à l’histamine de type 1 (anti-H1 ; par exemple l’hydroxyzine, 10 mg, 25 mg, 50 mg, 100 mg, 10 mg/ml) peuvent être utiles, mais sont limités par la somnolence. Ils sont administrés toutes les 4 à 6 heures.
Les antihistaminiques non sédatifs (par exemple la cétirizine 5 et 10 mg) sont aussi utiles ; ils peuvent être utilisés en association avec les antihistaminiques sédatifs anti-H1. Ils sont pris une fois par 24 heures ou deux fois par jour en cas de difficultés.
La prednisone est efficace ; elle peut être administrée périodiquement et peut être efficace chez les personnes dont l’état ne peut pas être amélioré par les antihistaminiques.
La doxépine, un antidépresseur tricyclique et un antihistaminique, peut être utilisée dans les cas récalcitrants.
L’adrénaline est administrée dans les cas de maladie grave et étendue, mais les effets sont très transitoires.
En général, il est conseillé de maintenir le patient au calme.
Des bains frais peuvent être proposés.
Les bains chauds sont à éviter car ils ne font qu’aggraver le prurit.
Les corticoïdes topiques ne sont généralement pas efficaces.
Conseils et recommandations
La cause peut ne pas être trouvée dans de nombreux cas voire la plupart d’entre eux.
Par définition, l’urticaire aiguë disparaît en 6 semaines avec ou sans traitement.
Une plaque d’urticaire ou plusieurs lésions migrent, changent de forme et typiquement disparaissent en 24 heures.
Urticaire chronique
L’urticaire chronique est définie comme une urticaire qui dure plus de 6 semaines.
Cette variante d’urticaire demande des investigations pour rechercher la cause de l’urticaire, ce qui nécessite de s’activer.
Anamnèse
L’urticaire chronique est généralement simple à diagnostiquer, mais représente un dilemme concernant le traitement et la prise en charge.
La cause responsable de l’urticaire chronique est découverte dans seulement 5 à 25 % des cas.
Des personnes de tout âge sont atteintes, mais l’incidence est accrue chez les jeunes adultes.
Il est difficile de prédire l’évolution de la maladie. Elle peut persister durant des mois ou des années.
Les patients doivent être évalués selon les cinq « I » mentionnés ci-dessous :
Manifestations cutanées
Cliniquement, les urticaires aiguë et chronique sont indiscernables.
Les tuméfactions cutanées et les plaques sont roses à rouges, figurées et annulaires, avec une guérison centrale.
Les lésions varient en dimension de quelques millimètres jusqu’à des surfaces de la taille d’une main.
Les plaques peuvent être coalescentes et polycycliques ; elles changent de dimension et de forme avec le temps, et migrent. Les lésions isolées disparaissent en 24 heures, alors que des nouvelles lésions continuent d’apparaître.
Examens de laboratoire et explorations
La cause peut être peu claire après interrogatoire de routine et examen physique.
Des examens de laboratoire peuvent être demandés mais sont rarement utiles.
Les examens à effectuer dans certains cas incluent un hémogramme complet, une radiographie des sinus pour évaluer l’existence d’une sinusite, une radiographie des dents pour chercher la présence d’un abcès dentaire occulte, un test sérologique streptococcique ou une culture bactérienne du pharynx, et enfin un dosage des anticorps anti-TSH (thyroid-stimulating hormone) et antimicrosomes thyroïdiens, permettant de déceler une maladie thyroïdienne auto-immune.
D’autres examens sont demandés en fonction des signes physiques et des symptômes de patients.
Traitement
Des antihistaminiques de type H1 sont prescrits au début, le plus souvent diphénhydramine et hydroxyzine.
Ils sont la base du traitement des urticaires aiguës ou chronique.
L’hydroxyzine, 10 à 20 mg, ou la diphénhydramine, 25 à 50 mg, peuvent être administrées à intervalle de 4 heures et augmentées à 100 mg à intervalles de 4 heures en cas de besoin, mais elles peuvent entraîner une sédation.
Les antihistaminiques non sédatifs (de type anti-H1) doivent être utilisés pendant le jour. Ceux-ci incluent la loratadine et la cétirizine.
Les antihistaminiques anti-H1 peuvent être combinés avec des antihistaminiques anti-H2 tels que la cimétidine 400 mg deux fois par jour, ou la ranitidine 150 mg deux fois par jour.
La doxépine, un antidépresseur tricyclique et un antihistaminique, peut être prescrite dans les cas difficiles.
Les corticoïdes oraux sont des traitements de seconde ligne contre l’éruption urticarienne. Leur utilisation contre l’urticaire chronique est controversée et parfois préjudiciable, particulièrement si de fortes doses sont nécessaires.
L’adrénaline est rarement nécessaire ; l’effet est de courte durée et controversé, mais elle est parfois administrée.
Un traitement antibiotique empirique peut être essayé si l’on soupçonne un abcès dentaire.
Malgré des traitements agressifs, de très rares cas d’urticaire chronique peuvent persister indéfiniment.
Conseils et recommandations
Les lésions urticariennes isolées sont récurrentes, migratoires et prurigineuses, mais ont tendance à disparaître en 24 heures, pendant que des nouvelles lésions apparaissent.
Certains cas d’urticaire chronique sont récurrents et ne disparaissent pas après plusieurs mois ou années ; la cause reste méconnue.
La vascularite urticarienne est un trouble systémique. Elle peut avoir un lien avec le lupus érythémateux qui mime l’urticaire chronique. La différence réside cependant dans le fait que le lupus érythémateux laisse des taches purpuriques. Le diagnostic est établi par le biais d’une biopsie.
Une pemphigoïde bulleuse précoce peut se manifester par des plaques urticariennes précédant la formation des bulles.
Rarement, un cancer occulte sous-jacent peut être associé à une urticaire chronique.
Urticaire physique
L’urticaire physique est une éruption urticarienne brève provoquée par des stimulus physiques tels que le grattage, la pression, la vibration, la chaleur, le froid et le rayonnement ultraviolet.
L’épisode peut être de courte durée, mais récidive après une stimulation récurrente.
Anamnèse
Une particularité est que les éruptions sont brèves et généralement autolimitées.
La plupart des poussées urticariennes durent de 1 à 6 heures.
Le dermographisme est l’urticaire physique la plus courante. Dans ce cas, les éruptions urticariennes sont provoquées par le frottement ou le grattage de la peau.
Cet état peut être provoqué par une infection virale, un traitement antibiotique ou une perturbation émotionnelle, bien que la cause ne soit pas toujours déterminée.
L’urticaire due à la pression se manifeste 4 à 6 heures après la pression et peut durer de 8 à 72 heures. Des brûlures profondes ou des œdèmes douloureux se manifestent. Les mains, les pieds, le tronc, les fesses, les lèvres et le visage sont généralement atteints. Les lésions sont provoquées par la station debout, la marche, le port de vêtements serrés ou la station assise sur une surface dure pendant longtemps. Cet état peut constituer un handicap pour les travailleurs manuels.
L’urticaire cholinergique est une variante d’éruption urticarienne qui se déclenche en une à 20 minutes au cours d’une hyperthermie faisant suite à un exercice, une exposition à la chaleur ou un stress émotionnel. Elle peut durer quelques minutes ou plusieurs heures.
Elle est plus habituelle chez les jeunes patients et a tendance à être chronique.
L’urticaire au froid se manifeste suite à une chute soudaine de la température ou à une exposition à l’eau froide. Cet état peut succéder à une infection, un traitement médicamenteux ou un stress émotionnel.
L’urticaire solaire est caractérisée par des éruptions urticariennes survenant quelques minutes après une exposition au rayonnement ultraviolet et qui disparaissent au bout d’une heure environ. L’urticaire solaire est provoquée par plusieurs longueurs d’ondes différentes du rayonnement ultraviolet, et peut être considérée comme une variante de la lucite polymorphe. Cette affection persiste dans la plupart des cas.