Chapitre 3 Les poches
la peau (et plus ou moins le muscle) :
quelle est sa texture : noter la présence des rides, des « grains de milium », son épaisseur, sa pigmentation ;
la graisse et le septum orbitaire :
existe-t-il un réel excédent de graisse ? Cet excédent est souvent relatif, en rapport avec une faiblesse du septum qui se laisser « pousser » par la graisse intraorbitaire, ou en rapport avec une perte du soutien sous-palpébral produisant le même effet ;
le volume de la graisse intraorbitaire est anatomiquement défini, il n’augmente pas dans le temps. Le phénomène des « poches », « hernies graisseuses » ou lipoptoses est lié au vieillissement :
la graisse intraorbitaire se redistribue avec un glissement du haut (paupière supérieure) vers le bas ;
le soutien palpébral :
quelle est la morphologie du sillon palpébrojugal (frontière anatomique entre paupière et joue) ? Lorsqu’il est marqué, il aggrave les défauts de la paupière ;
En pratique, on peut décrire deux formes anatomocliniques « extrêmes » :
voussure palpébrale simple, sans sillon palpébrojugal marqué, bon soutien zygomatique et peau de bonne qualité ;
voussure importante associant des « hernies » graisseuses ou lipoptoses des trois compartiments, excédent cutané avec plis ou festons, sillon palpébrojugal marqué, affaissement zygomatique.
Tous les intermédiaires, toutes les associations (figures 1 à 7) peuvent se voir, et c’est là que réside la principale difficulté thérapeutique : l’établissement d’un plan de traitement et la discussion des indications. Il importe donc de connaître toutes les techniques de base, véritables outils thérapeutiques, qui seront choisis et associés. L’expérience joue bien entendu un rôle majeur dans ce choix.
Les techniques de base
Les voies d’abord
Voie conjonctivale
Principes
Infiltration : que l’intervention se déroule sous anesthésie générale ou sous anesthésie locale (avec sédation ou non), elle débute par :
Il est nécessaire d’éverser la paupière inférieure efficacement pendant toute l’intervention ; pour cela, deux variantes techniques :
Il existe ensuite deux variantes de la technique :
Variante 1 : voie préseptale
L’incision de la conjonctive se fait parallèlement au bord inférieur du tarse, 2 à 3 mm au-dessous de celui-ci (figure 10).
Le bistouri sectionne ensuite le plan des rétracteurs et le septum, les séparant du tarse, et parvient à la face postérieure du muscle orbiculaire des paupières, dans un plan préseptal (figure 11).
Un fil tracteur (figure 12) est mis en place sur la tranche de section inférieure (opposée au bord inférieur du tarse) de la conjonctive du cul-de-sac inférieur. Ce fil doit être mis en tension vers le haut pour faciliter l’exposition du septum.
La dissection progresse ensuite vers le bas, entre en avant le muscle orbiculaire qui est écarté par un écarteur de Desmarres et en arrière le septum. Cette dissection peut être poursuivie jusqu’à l’arcus marginalis.
Les hernies graisseuses sont apparentes à travers le septum tendu par le fil tracteur n° 3 (figure 13). Elles sont extériorisées par trois ponctions aux ciseaux pointus à travers le septum, puis coagulées à leur base avant leur résection (figure 14). On doit éviter toute traction excessive sur les hernies. Certains auteurs préconisent de commencer par la résection de la hernie graisseuse externe, la moins saillante et la plus difficile à mettre en évidence par cette voie.
Lorsque la résection des hernies graisseuses est terminée, la voie d’abord est laissée sans suture, en cicatrisation dirigée. Une fine couche de vitamine A en pommade ophtalmique est appliquée sur la cornée, sans excès (car risque d’inclusion). Une compresse et un pansement modérément compressifs sont appliqués pendant l’heure qui suit.
Variante 2 : voie directe à travers le cul-de-sac conjonctival
Le repérage préopératoire et l’anesthésie sont identiques.
L’incision se fait beaucoup plus bas en arrière, à proximité du cul-de-sac conjonctival inférieur (figure 15).
La dissection traverse le plan de la conjonctive et des rétracteurs, elle donne directement accès sur la graisse, en arrière du septum (figure 16). Cette voie est plus directe que la précédente et nécessite moins de dissection. L’exposition des pelotons graisseux est d’emblée complète (figure 17).
Elle présente l’inconvénient, pour un opérateur peu entraîné, de modifier l’accès sur les hernies graisseuses. La résection se fera moins à distance de l’insertion du muscle oblique inférieur (cette insertion se situe à 5 mm en arrière de l’arcus marginalis au niveau du plancher orbitaire ; le muscle chemine ensuite obliquement en haut et en dehors jusqu’à son insertion sur le globe oculaire). Là aussi, l’incision n’est pas refermée.
Indications de la voie conjonctivale
Il est possible de l’associer à un traitement des rides par laser ou peeling dans le même temps.
Voie sous-ciliaire
L’incision cutanée se situe à 2 mm environ sous les cils (figure 18), dans le premier pli naturel. En dedans, sa limite médiale est le punctum lacrymal, et latéralement, on peut la prolonger en dehors dans un pli de la patte-d’oie. L’importance de ce prolongement dépend de la quantité de peau que l’on souhaite réséquer (excédent important). Néanmoins, le prolongement en dehors du cadre orbitaire peut donner des cicatrices latérales visibles.
La dissection est ensuite conduite vers le bas, la plupart du temps sous-musculaire, d’emblée en dehors, puis sous le tarse après petit décollement souscutané prétarsal, relevant un lambeau cutanéomusculaire et permettant l’abord et l’exposition du septum (figure 21).
L’excédent graisseux, évalué par une pression très douce sur le globe, fait l’objet selon les cas :
d’une électrolipolyse trans-septale à l’aide d’une pointe très fine de coagulation monopolaire, bien réglée, en prenant la précaution de procéder par petites impulsions séparées par une irrigation pour ne pas appliquer une forte température continue (figure 23b) ;