Chapitre 29 Item 146 – Tumeurs intracrâniennes
Objectifs pédagogiques
CEN
Connaissances requises
Citer les principales tumeurs intracrâniennes de l’adulte et de l’enfant.
Connaître les localisations responsables d’un obstacle à l’écoulement du LCS.
Connaître les symptômes et signes cliniques révélateurs d’une tumeur intracrânienne (et les caractéristiques cliniques propres à l’enfant).
Savoir que le diagnostic est évoqué sur l’imagerie (TDM/IRM) avec injection de produit de contraste et repose sur l’examen anatomopathologique.
Décrire succinctement la séméiologie radiologique d’un gliome malin, d’une métastase et d’un méningiome.
I Épidémiologie
A Tumeurs intracrâniennes de l’enfant
• Les tumeurs du système nerveux central sont les plus fréquentes des tumeurs solides de l’enfant, deuxième cancer (20 %) derrière les leucémies (30 %).
• Les tumeurs les plus fréquentes sont :
B Tumeurs intracrâniennes de l’adulte
1 Tumeurs primitives
• L’incidence des tumeurs intracrâniennes primitives de l’adulte est de 10 pour 100 000 habitants par an (6 000 nouveaux cas par an en France).
• Par ordre décroissant, il s’agit de méningiomes (40 %), de gliomes tous grades confondus (30 %) et d’adénomes hypophysaires (10 %).
• Les tumeurs cérébrales malignes représentent un tiers d’entre elles, soit 1 % de l’ensemble des cancers.
2 Métastases
• Les métastases cérébrales sont beaucoup plus fréquentes que les tumeurs primitives intracrâniennes.
• Leur incidence est sous-évaluée car restant souvent asymptomatiques du vivant des patients.
• Les études autopsiques suggèrent qu’elles compliquent l’évolution de 20 % des cancers.
• En dehors des cancers du poumon, où les métastases cérébrales peuvent être révélatrices du cancer dans 20 % des cas, celles-ci surviennent tardivement dans l’histoire naturelle du cancer et trois quarts des patients ont déjà des métastases dans d’autres localisations.
II Neuropathologie
A Tumeurs primitives
La classification utilisée est celle de l’OMS, qui distingue les tumeurs en fonction de leur cellule d’origine et de leur grade de malignité (tableau 29.1).
Gliomes | Tumeurs astrocytaires : – astrocytome pilocytique (grade I) – astrocytome diffus (grade II) – astrocytome anaplasique (grade III) Tumeurs oligodendrogliales : Gliomes mixtes : |
Autres tumeurs | Tumeurs épendymaires : épendymome Tumeurs neuronale et glioneuronales : Tumeurs pinéales : germinome Tumeurs embryonnaires : médulloblastome ou tumeurs neuroectodermiques primitives (PNET) |
Tumeurs méningées primitives | Méningiome |
Lymphome primitif du système nerveux central | |
Tumeurs de la région sellaire | Adénome et carcinome hypophysaire Craniopharyngiome |
III Présentation clinique
A Syndrome d’hypertension intracrânienne
• Lié à la croissance du processus expansif intracrânien ou consécutif à un blocage des voies d’écoulement du LCS responsable d’une hydrocéphalie, il est caractérisé par l’association de :
• Chez le nourrisson, le syndrome d’hypertension intracrânienne comporte plusieurs signes spécifiques :
B Crises d’épilepsie
Une crise épileptique partielle ou généralisée est révélatrice de 20 à 40 % des tumeurs cérébrales. La comitialité est plus fréquente pour les tumeurs corticales et d’évolution lente (gliome de bas grade, méningiome).
C Déficits focaux
• Ils sont liés à la compression ou à l’infiltration du parenchyme cérébral par la tumeur.
• Déficit aggravé en cas d’œdème vasogénique tumoral associé.
• Le mode d’apparition du déficit est généralement rapidement progressif, s’étendant en « tache d’huile ». Son type dépend de la topographie tumorale.
E Troubles de l’équilibre et atteinte des nerfs crâniens
• Ataxie cérébelleuse : tumeur du cervelet.
• Atteinte multiple des nerfs crâniens : tumeur du tronc cérébral.
IRM et tumeur cérébrale
• La réalisation d’une IRM cérébrale, sans et avec injection de gadolinium, est systématique en cas de suspicion de tumeur cérébrale et a supplanté le scanner cérébral. Elle permettra :
• La spectro-IRM, en appréciant le degré de prolifération cellulaire (rapport choline/N-acétyl-aspartate), et l’IRM de perfusion en détectant l’existence d’une néoangiogenèse au sein d’une lésion (volume sanguin cérébral relatif), peuvent argumenter en faveur de la nature tumorale d’une lésion cérébrale et estimer son agressivité.
V Complications évolutives
B Hydrocéphalie
• Elle peut affecter une partie du système ventriculaire (par exemple, hydrocéphalie triventriculaire par obstruction de l’aqueduc de Sylvius) ou l’ensemble de celui-ci (hydrocéphalie tétraventriculaire secondaire par exemple à une obstruction des trous de Magendie et Luschka ou à un obstacle à la résorption du LCS secondaire à une méningite tumorale).
C Engagement
L’engagement cérébral correspond au passage d’une partie du parenchyme cérébral à travers une structure rigide de l’encéphale (tente du cervelet, trou occipital, etc.).