25: Imagerie du sein de l’homme

Chapitre 25 Imagerie du sein de l’homme



Chez le sujet de sexe masculin, le développement de la glande mammaire s’arrête au stade initial. Il n’y a pas de lobules et on ne trouve à l’âge adulte que des canaux excréteurs au sein d’un tissu conjonctif lâche. Ces structures maintenues en l’état par les sécrétions d’androgènes peuvent à certaines périodes de l’existence proliférer et il y a ainsi des gynécomasties transitoires chez le nouveau-né, l’adolescent et aussi chez le sujet sénile. Chez l’adulte, la glande mammaire est peu développée et recouverte d’une couche adipeuse sous-dermique plus ou moins développée selon la morphologie et l’adiposité des sujets. La pathologie tumorale du sein est moins fréquente que chez la femme. Le motif de consultation le plus fréquent est la gynécomastie qui se caractérise par une augmentation de volume du sein, mais chez un homme d’âge mûr il faut toujours garder à l’esprit la possibilité d’un cancer du sein. Les points d’appel clinique sont une masse palpable plus ou moins douloureuse, unilatérale ou bilatérale très rarement un écoulement mamelonnaire.


L’imagerie mammaire de l’homme et en particulier la mammographie et l’échographie doivent conforter une suspicion clinique et orienter d’éventuels prélèvements.


L’examen clinique du sein est plus facile chez l’homme parce que la glande est moins volumineuse. Il comporte une palpation de la glande et des aires ganglionnaires axillaires sus- et sous-claviculaires.


La mammographie utilise les mêmes techniques et incidences que chez la femme mais est difficile parfois du fait du petit volume de la glande mammaire. On utilisera des kilovoltages plus bas (26–27 KV). Il est souvent difficile de travailler en mode automatique parce que le sein ne recouvre pas toujours complètement la partie sensible de l’exposeur automatique et on peut donc être amené à utiliser des réglages manuels des constantes. Il est inutile de multiplier les incidences et en cas de gynécomastie et surtout d’adipomastie, une incidence oblique qui permet de visualiser la presque totalité du sein est suffisante. Les agrandissements sont peu pratiqués et peuvent être difficiles à réaliser. Ils peuvent avoir un intérêt en cas de microcalcifications, mais sont rarement indispensables pour aboutir à un diagnostic.


L’échographie est faite presque systématiquement et parfois à l’exclusion de tout autre examen et la technique de balayage est la même que chez la femme. Elle demande à être confrontée aux informations fournies par l’examen clinique et par la mammographie. La galactographie n’a jamais connu beaucoup d’applications et elle ne garde plus aucune indication.


Les prélèvements percutanés (cytologie et microbiopsies) ont les mêmes indications que chez la femme.



Gynécomasties


La gynécomastie est une hyperplasie bénigne des structures canalaires et stromales de la glande mammaire, ce qui exclut les tuméfactions mammaires d’origine uniquement graisseuse : pseudo-gynécomasties ou adipomasties. Chez l’adulte, elle survient entre 50 et 80 ans.


Elle représente 85 % des étiologies des syndromes tumoraux chez l’homme et concerne 32 à 65 % de la population masculine et survient surtout chez les obèses, les hommes âgés et atteints de pathologies.


On admet qu’elle est liée à un déséquilibre de la balance androgènes–estrogènes avec des causes diverses responsables d’une augmentation absolue ou relative des taux d’estradiol ou des modifications des récepteurs hormonaux. Les facteurs favorisant sont génétiques (syndrome de Klinefelter), hormonaux (hyperœstrogénie endogène et exogène), exogènes (alcool, chimiothérapie, neuroleptique, antidépresseur, transsexuels) ou systémiques (insuffisance rénale chronique, virus de l’immunodéficience humain – VIH, hyperthyroïdie, tumeur testiculaire). Les encadrés 25.1 et 25.2 détaillent les principales causes de gynécomastie [1].




Bien que gynécomastie et cancer du sein soient associés dans 40 % des cas, aucune relation directe de cause à effet n’a à ce jour été identifiée.


La crise mammaire du nouveau-né est passagère et dans le cas d’un adolescent, il fait surtout rassurer en attendant la disparition spontanée des anomalies. Dans les autres cas, le traitement est celui de la cause si c’est possible. Beaucoup de gynécomasties finissent par régresser mais elles peuvent aussi persister indéfiniment à cause d’une transformation fibreuse. Les thérapeutiques hormonales (testostérone en application locale ou per os, anti-estrogènes) peuvent être utilisées. Dans les cas résistants avec retentissement psychique, la solution chirurgicale peut se discuter.




Imagerie (Fig. 25.1 à 25.5)


On utilise pour la description des anomalies les mêmes termes du lexique BI-RADS que chez la femme.







En mammographie, on a décrit trois types différents de gynécomasties : une forme nodulaire, une forme dendritique et une forme diffuse. Cliniquement, les gynécomasties nodulaires sont associées le plus souvent à un nodule palpable d’apparition récente, les formes dendritiques à une induration déjà plus ancienne de plus d’un an et les formes diffuses à une densification étendue.


Les gynécomasties nodulaires apparaissent le plus souvent comme des images denses triangulaires à sommet mamelonnaire s’estompant à leur périphérie. La densification est centrée par rapport au mamelon, unilatérale ou plus souvent bilatérale et asymétrique (deux tiers des cas) [2]. Ce sont elles, surtout si elles sont unilatérales, qui peuvent poser le problème du diagnostic différentiel avec un carcinome.


Les gynécomasties dendritiques sont peu différentes des formes nodulaires mais moins denses avec des contours plus flous.


Les formes diffuses sont plus étendues reproduisent l’aspect radiologique d’un sein féminin dense.


Le diagnostic différentiel des gynécomasties bilatérales se fait essentiellement avec les adipomasties avec uniquement une accumulation de graisse dans le sein Dans les formes nodulaires, la gamme des diagnostics différentiels est plus étendue.


En échographie, les trois aspects mammographiques correspondent à trois aspects échographiques différents. Dans les gynécomasties nodulaires, la lésion se caractérise par une plage hypoéchogène rétro-aréolaire avec dilatation des canaux. Dans les formes dendritiques, la plage anormale est hypoéchogène avec des contours digitiformes. Les formes diffuses ont le même aspect qu’une glande mammaire dense normale.


Chez le nouveau-né et l’adolescent, il n’y a pas d’indications à faire des investigations complémentaires après l’examen clinique. Chez le sujet plus âgé, il n’est pas utile d’envisager des explorations complémentaires mammaires en plus de la mammographie et de l’échographie, en dehors d’un prélèvement percutané s’il y a un doute concernant une possible malignité.


En fonction du contexte clinique et en particulier des données de l’interrogatoire, on doit compléter le bilan par une échographie testiculaire et des dosages biologiques.


L’encadré 25.3 résume les actions à mener si un bilan étiologique complet est décidé.


Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 25: Imagerie du sein de l’homme

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