Chapitre 23 Cure de prolapsus génitaux par voie vaginale avec implants de renfort synthétiques
Il est difficile de parler des techniques de cure de prolapsus utilisant des implants de renfort mis en place par voie vaginale de manière précise, sans faire un choix parmi les trop nombreuses techniques décrites dans la littérature spécialisée. La plupart des techniques varient sur la forme et la taille des implants, ainsi que leurs modes d’insertion. Il existe une convergence récente des techniques qui proposent pour la plupart, pour la cure de cystocèle, une prothèse sous-vésicale large avec deux bras transobturateurs de chaque côté, selon la technique décrite par le « groupe TVM ».
De même, la cure du prolapsus du dôme vaginal ou de la rectocèle comprend la plupart du temps une prothèse prérectale mise en place par voie transpérinéale passée au travers du muscle élévateur ou du ligament sacro-épineux, voire de l’arc tendineux du fascia pelvien. Plusieurs sociétés ont actuellement commercialisé un kit complet incluant les prothèses prédécoupées et les aiguilles à usage unique permettant leur mise en place. Nous avons fait le choix de réaliser une description précise du système d’implantation dont nous avons l’expérience clinique et pour lequel nous avons participé à la mise au point. Nous rapporterons ensuite quelques variantes, en particulier celles décrites dans la technique Apogée®-Périgée®.
Description technique : cure de prolapsus génitaux par la technique Prolift®
Dans le cas d’une conservation utérine, l’intervention associe successivement les temps antérieur et postérieur avec la mise en place d’une des deux prothèses et la fermeture vaginale avant de passer au temps suivant de l’intervention (fig. 23.2).
Dans le cas d’une patiente avec antécédent d’hystérectomie, on met en place une prothèse totale, faufilée dans une dissection en arrière de la cicatrice d’hystérectomie au niveau du fond vaginal. (fig. 23.3)
Conservation utérine
Prolift® antérieur : cure de cystocèle (fig. 23.4)
On repère les limites de l’incision en saisissant le vagin par deux ou trois pinces de Kocher placées aux extrémités supérieure et inférieure de la colpocèle, aux extrémités de la future incision et, si nécessaire, par une pince située au milieu de cette ligne pour permettre la mise en tension du vagin lors de l’incision.
Infiltration antérieure
Elle est réalisée en profondeur quelques millimètres sous la muqueuse vaginale en tentant d’infiltrer le futur plan de dissection entre le fascia vaginal et la vessie elle-même. Cette infiltration doit diffuser dans l’espace de dissection qu’on voit se soulever sans faire une « bulle » sous la muqueuse qui signerait une infiltration trop superficielle. Cette infiltration est réalisée, d’après notre expérience, par un mélange de Xylocaïne® adrénalinée à 1 % diluée dans deux volumes de sérum physiologique. La quantité utilisée est de 50 ml en antérieur comme en postérieur, et nous recommandons d’infiltrer environ deux fois 10 ml en médian puis 15 ml latéralement de chaque côté, en direction des fosses paravésicales en avant et pararectales en arrière.
Mise en place des pinces d’Allis
Difficultés à palper les repères anatomiques
Dissection (fig. 23.5)
Fig. 23.5 Dissection vésicovaginale.
1. Muqueuse vaginale. 2. Fascia vaginal. 3. Vessie. 4. Dissection entre vessie et fascia vaginal.
Ouverture des fosses paravésicales
Une fois la vessie individualisée, la dissection est menée vers le cul-de-sac vésicovaginal de chaque côté et est alors prolongée vers la fosse paravésicale soit au doigt, soit aux ciseaux, en effondrant le reste de suspension paravaginale à l’arc tendineux du fascia pelvien. En cas de défect paravaginal, cette ouverture est très facile au doigt, sans effort ; en revanche, en l’absence de défect, il faudra parfois pousser dans l’espace de dissection avec les ciseaux, afin d’ouvrir cet espace de dissection et l’agrandir ensuite en ouvrant les ciseaux, puis au doigt.
Passage des aiguilles antérieures
Passage de l’aiguille proximale (fig. 23.6 et 23.7)
On peut alors retirer complètement l’aiguille métallique (fig. 23.8) en maintenant la canule, puis insérer la boucle qui est poussée fermement jusqu’à arriver au contact de l’index qui maintient la canule. On peut retirer progressivement l’index en même temps qu’on pousse la boucle pour la sortir progressivement du champ de dissection jusqu’à la voir apparaître (fig. 23.9).
On saisit alors la boucle avec une petite pince de Kocher, on pousse la canule sur le fil jusqu’à l’enfoncer jusqu’à la garde et on passe la boucle dans le fil avant de le mettre en attente sur l’abdomen de la patiente comme indiqué (fig. 23.10).