Chapitre 17 Temps antérieurs. Plastron
Les conditions de réalisation sont un excédent de tissu vaginal de la paroi antérieure permettant de réaliser un lambeau de vagin, laissé adhérent à la vessie, qui sera suspendu puis enfoui sous la colporraphie antérieure lors de la fermeture vaginale. Son avantage comme ses inconvénients sont ainsi même soulignés. Tissu autologue dont la tolérance est parfaite, le plastron ne peut être réalisé chez la patiente non ménopausée en raison d’un risque de mucocèle secondaire. Même chez une patiente sous traitement hormonal substitutif, il est plus prudent d’interrompre le traitement durant 3 à 6 mois afin de réduire le plus possible ce risque. La taille du plastron est dépendante de l’importance de l’excédent de tissu vaginal et, en cas de cystocèle modérée, sa taille sera limitée sous peine d’entraîner un rétrécissement vaginal. Cette technique simple, peu onéreuse, cumule donc les avantages du traitement des cystocèles latérales par la suspension latérale aux arcs tendineux du fascia pelvien et des cystocèles médianes centrales par le renforcement lié à la multiplication des plans tissulaires sous-vésicaux.
Techniques ou gestes opératoires proches
On peut rapprocher l’intervention :
Mise en place des pinces de Kocher
Les pinces de Kocher sont mises en place aux quatre angles du plastron aux dépens de la paroi vaginale antérieure (fig. 17.2). Pour déterminer l’emplacement exact, il faut bien sûr avoir vérifié l’existence et l’importance de l’excédent vaginal. Le plastron doit être environ de 5 à 6 cm de large sur 6 à 8 cm de hauteur. Il ne saurait être réduit en dessous de 4 cm de large sur 5 de haut sans limiter son efficacité. En cas de cystocèle limitée, on s’assure, après mise en place des pinces, de la possibilité ultérieure de fermeture vaginale sans tension en rapprochant les pinces de Kocher droite et gauche.
Infiltration
Il n’est pas nécessaire de réaliser d’infiltration du plastron qui va rester adhérent à la vessie sans être disséqué. On infiltrera, au contraire, dans l’espace latérovésical jusque dans les culs-de-sac vaginaux et dans les fosses paravésicales environ 50 à 60 cm3 de mélange de Xylocaïne® adrénalinée et de sérum physiologique.
Incision du plastron
Les pinces de Kocher étant écartées et le col utérin mis en tension par les pinces de Museux, lorsque cela est possible, on réalise une incision franche entre les pinces de Kocher. On met ensuite en place deux pinces d’Allis à droite et à gauche du plastron, saisissant l’ensemble de la tranche vaginale incisée. On complète l’incision à l’emplacement des pinces. En soulevant les pinces d’Allis et en les écartant, on ouvre l’espace de dissection entre tissu vaginal et vessie (fig. 17.3).
Dissection vésicovaginale
On débutera la dissection à droite ou à gauche (fig. 17.4), en soulevant les pinces d’Allis homolatérales et en ouvrant l’espace entre la vessie saisie dans une pince à griffes et le vagin tendu par les pinces d’Allis au bistouri froid. Cette dissection peut être réalisée au bistouri froid en raison de l’éloignement de la vessie par l’infiltration (fig. 17.5).
Dissection jusqu’aux culs-de-sac vaginaux
La dissection est poursuivie latéralement jusqu’aux culs-de-sac vaginaux, sur toute la hauteur de la vessie. En effet, l’espace de dissection doit être suffisant (fig. 17.6) pour permettre une vision correcte, puis l’ouverture des fosses paravésicales. Encore plus important, si l’on veut pouvoir remettre en place la vessie lors de sa suspension, il est indispensable qu’elle puisse être mobilisée totalement sans laisser d’accolement au vagin, qui l’attirerait vers le ligament sacro-épineux par l’intermédiaire de la suspension selon Richter. Initiée au bistouri froid, la dissection est poursuivie aux ciseaux ou, plus facilement, au doigt surmonté d’une compresse (fig. 17.7).