22 Maladies du muscle et de la jonction neuromusculaire
Maladies du muscle : les myopathies
Sémiologie générale
Dans les affections musculaires primitives, la cible du processus pathologique est la fibre musculaire. L’atteinte du muscle se fait indépendamment de son innervation, échappant notamment à la systématisation en unités motrices
L’expression clinique est dominée par la faiblesse musculaire dont la topographie, plus souvent proximale que distale, doit être précisée. Elle est associée à une amyotrophie plus ou moins marquée, avec parfois dans certains territoires, notamment au niveau des mollets, un aspect hypertrophique. L’absence de fasciculations est un élément distinctif avec les processus neurogènes, de même que l’abolition précoce de la réponse idiomusculaire à la percussion directe du muscle qui contraste avec sa conservation, voire son exagération, dans les atteintes neurogènes. L’existence éventuelle d’une myotonie doit être recherchée.
Chez un patient atteint d’une affection musculaire, il faut évaluer systématiquement la fonction respiratoire et la fonction cardiaque (ECG, échocardiographie).
Maladies dégenératives du muscle
Dystrophie de Duchenne
La dystrophie de Duchenne atteint un garçon sur 3 000 à 5 000 naissances masculines.
Après une légère amélioration fonctionnelle au cours de la croissance, l’aggravation reprend son cours. Le déficit diffuse à l’ensemble des membres et du tronc, avec apparition d’une cyphoscoliose et de rétractions tendineuses. Un retard mental est observé dans environ 30 % des cas (la dystrophine est exprimée au niveau du cerveau). Le décès survenait vers l’âge de vingt ans, lié à un déficit respiratoire et à une cardiomyopathie. En fait, grâce à une prise en charge la meilleure possible, l’évolution se prolonge souvent à l’âge adulte. Le traitement comprend la prévention et la correction des déformations, les corticoïdes, le traitement de la cardiomyopathie, la ventilation non invasive. Les progrès dans la connaissance de la biologie moléculaire de la dystrophie de Duchenne ont permis le développement d’une recherche intensive dans le domaine de la thérapie génique.
Chez les sujets atteints de maladie de Duchenne, la dystrophine est indétectable ou présente à un taux très faible dans le muscle. Chez les conductrices, l’aspect histologique peut être celui d’une mosaïque avec juxtaposition de fibres positives et négatives pour la dystrophine. L’aspect histologique peut aussi être normal : en cas de doute une analyse du gène de la dystrophine est nécessaire.
Dystrophie de Becker
Il s’agit aussi d’une dystrophinopathie mais, à la différence du type Duchenne, la dystrophine est présente, mais qualitativement anormale et en quantité moindre que normalement. Le phénotype est moins sévère, avec un début plus tardif et une évolution beaucoup plus prolongée. Il est aussi plus variable, l’affection pouvant se révéler par une myopathie quadricipitale, par une cardiomyopathie ou par un épisode d’hyperthermie maligne avec rabdomyolyse.
Dystrophies musculaires avec myotonie
Maladie de Steinert (dystrophie myotonique de type 1) — Avec une incidence de 1 pour 8 000, la maladie de Steinert est la plus fréquente des dystrophies musculaires de l’adulte, débutant le plus souvent entre vingt et trente ans. Sa transmission est autosomique dominante. Elle est remarquable par l’association d’une myopathie distale avec myotonie à une constellation de manifestations extramusculaires. Elle est due à un nombre accru de la répétition d’une séquence cytosine-thymidine-guanine dans une région du chromosome 19 codant une protéine kinase. Le phénomène de l’anticipation est souvent noté, avec une augmentation de la gravité clinique dans les générations successives, allant de pair avec une amplification de la répétition du triplet CTG. En relation avec ce phénomène de l’anticipation, des formes frustes à début tardif peuvent être découvertes par l’examen des ascendants d’une forme avérée.
La myotonie est souvent la manifestation initiale, mais elle est assez bien tolérée et ne constitue pas de façon habituelle le motif de la consultation. Bien mise en évidence en particulier au niveau de la main, elle consiste en un retard de la décontraction musculaire après une contraction volontaire ou provoquée par une stimulation mécanique (percussion de l’éminence thénar), avec activité électrique répétitive de la fibre musculaire. Ses caractères cliniques et l’EMG ont été étudiés avec la sémiologie de l’unité motrice. La myotonie résulte du dysfonctionnement d’un canal ionique chlore (CLCN1) qui est l’une des conséquences de la mutation responsable de la maladie.
Dystrophies facio-scapulo-humérales
Le début est marqué par un déficit facial léger qui peut être méconnu. Cependant, dans une famille atteinte, une inocclusion des paupières pendant le sommeil peut retenir l’attention. L’affection n’est reconnue en général que chez l’adulte jeune devant l’apparition insidieuse d’un déficit et d’une atrophie des muscles de la ceinture scapulo-humérale, volontiers asymétrique. L’atteinte des pectoraux, respectant les chefs claviculaires, est particulièrement marquée, entraînant une surélévation des épaules liée à l’action non contrariée des trapèzes. Il existe aussi une atteinte de la ceinture pelvienne et parfois une atteinte sélective du muscle tibial antérieur. Un phénotype voisin peut être réalisé par certaines amyotrophies spinales. La biopsie musculaire montre parfois une réaction inflammatoire notable. L’évolution est lente et la maladie est longtemps compatible avec une vie sociale sensiblement normale
Dystrophies des ceintures
Dystrophie type Emery-Dreifus
Le phénotype de cette dystrophie est caractérisé par un déficit scapulo-huméro-péronéal et des contractures précoces au niveau du coude, de la cheville et des muscles paravertébraux responsables du syndrome de la colonne raide. La plupart des patients développent des troubles de la conduction cardiaque qui sont le principal facteur de gravité de la maladie.
Myopathies myofibrillaires
Les myopathies myofibrillaires sont caractérisées par la désintégration des myofibrilles débutant au niveau du disque Z avec accumulation de produits de dégradation protéique.