20: Interruption médicale de grossesse

Chapitre 20


Interruption médicale de grossesse



Le diagnostic prénatal (DPN) des maladies génétiques, des anomalies chromosomiques et des malformations fœtales aboutit dans certaines conditions à l’interruption de grossesse.


L’interruption volontaire d’une grossesse pratiquée pour motif médical (IMG) peut, à toute époque, être pratiquée si deux médecins membres d’une équipe pluridisciplinaire attestent, après que cette équipe a rendu son avis consultatif, soit que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme, soit qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic (lois de bioéthique de 1994 modifiée en juillet 2011, article L.162–12 et article L.2213–1 du Code de Santé publique). Depuis 2011, hors urgence médicale, la femme se voit proposer un délai de reflexion d’au moins 1 semaine avant de décider d’interrompre ou de poursuivre sa grossesse.


Dans ces conditions, l’interruption médicale de la grossesse est réalisable. Sur le plan médical, un certain nombre d’impératifs doivent être exigés : l’ensemble des informations prénatales doivent avoir été collectées, les avis multidisciplinaires nécessaires doivent avoir été pris. L’information aux parents doit être complète et personnalisée. La sécurité et le confort (analgésie) doivent être assurés. Le soutien psychologique doit être rendu possible. Le contrôle fœtopathologique doit être garanti.


Lorsque l’interruption de grossesse est envisagée au motif que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme, l’équipe pluridisciplinaire chargée d’examiner la demande de la femme comprend au moins quatre personnes qui sont : un médecin qualifié en gynécologie-obstétrique, membre d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, un praticien spécialiste de l’affection dont la femme est atteinte, un médecin choisi par la femme et une personne qualifiée tenue au secret professionnel qui peut être un assistant social ou un psychologue. Le médecin qualifié en gynécologie obstétrique et le praticien spécialiste de l’affection dont la femme est atteinte doivent exercer leur activité dans un établissement de santé.


En pratique, après l’annonce de la maladie ou de la malformation la décision d’IMG est prise par les parents et l’équipe médicale. Une information des parents, la plus complète possible, est indispensable avant la réalisation de l’IMG. Doivent être discutés : la pathologie et le pronostic du fœtus, le déroulement de l’IMG, ses risques, les séquelles obstétricales éventuelles, la prise en charge psychologique, l’autopsie, la déclaration de l’enfant, l’inhumation.



Techniques d’extraction ou de déclenchement du travail



IMG du 1er trimestre


La décision est le plus souvent prise entre 11-13 SA après l’échographie du 1er trimestre qui aura mis en évidence une ou des anomalies morphologiques ou après DPN sur biopsie de trophoblaste ayant retrouvé une anomalie du caryotype, une anomalie génétique ou métabolique.


Les techniques sont quasiment les mêmes que celles recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour la prise en charge de l’interruption volontaire de grossesse jusqu’à 14 SA. Étant donné le terme, la technique chirurgicale est la technique de choix.


Une préparation cervicale est recommandée. Son but est d’éviter la dilatation mécanique, à la bougie qui peut être traumatisante.


Elle repose sur :



L’évacuation utérine repose sur l’aspiration à l’aide d’une canule de 10 à 12 mm et lorsque cela est nécessaire sur l’utilisation de pinces spécifiques (pince à faux germes).


L’évacuation a lieu sous Syntocinon® (5 unités) par voie intraveineuse directe. L’ocytocique durcit la paroi utérine, la rendant moins sensible aux agressions, et plus perceptible par l’opérateur. L’utérus se contracte ainsi sur l’expulsion en cours, rendant la réalisation de l’aspiration particulièrement facile et peu hémorragique.


Le contrôle échographique continu par voie abdominale est systématique. Il permet de diminuer le risque fausse route, de diminuer la durée de l’intervention, de vérifier la vacuité évitant le risque de rétention.


L’évacuation instrumentale nuit à la qualité de la fœtopathologie. Si l’examen fœtopathologique doit être privilégié (syndrome polymalformatif), une technique médicale peut être réalisée afin d’obtenir un fœtus intact.


Dans ce cas, le protocole comprend :



Le contrôle de la vacuité utérine par échographie après l’expulsion est indispensable à ce terme.



IMG du 2e trimestre


Plusieurs techniques ont été décrites. Les techniques chirurgicales de dilatation/évacuation ne sont plus qu’exceptionnellement utilisées. Les risques infectieux et hémorragiques ainsi que ceux de séquelles obstétricales sont plus importants que ceux d’un accouchement par voie basse. L’hystérotomie doit rester absolument exceptionnelle.


Les médicaments utilisés pour induire le travail sont les prostaglandines. Actuellement, la prostaglandine de choix pour les IMG est le misoprostol (Cytotec®) [1, 2]. Les effets secondaires de ce médicament sont essentiellement les nausées, les vomissements et l’hyperthermie. Les nausées sont diminuées par l’administration vaginale des comprimés. La survenue d’une hyperthermie en cours de travail rend indispensable la réalisation d’un bilan infectieux complet même si elle est probablement imputable à l’administration de Cytotec®. Il faut rappeler que le Cytotec® n’a pas reçu l’AMM pour l’indication d’IMG, mais que son usage est pratiquement généralisé.


Le protocole utilisé par plusieurs équipes françaises est :


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Aug 1, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 20: Interruption médicale de grossesse

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