Artérites à cellules géantes
Pseudopolyarthrite rhizomélique
I ÉLÉMENTS DIAGNOSTIQUES
La pseudopolyarthrite rhizomélique touche environ 0,5 % des sujets de plus de 50 ans.
A Aspects cliniques
La présentation clinique est souvent trompeuse et variable d’un patient à l’autre mais les signes ci-dessous sont très évocateurs chez un patient de plus de 50 ans.
En quelques semaines ou plus brutalement s’installent :
– des signes généraux variables : asthénie surtout, amaigrissement, fébricule anarchique ;
– des douleurs inflammatoires souvent bilatérales des ceintures :
L’interrogatoire recherche toujours des signes de maladie de Horton.
B Examens complémentaires
1 Biologie
Le syndrome inflammatoire est quasi constant mais très variable en intensité d’un patient à l’autre :
– élévation de la VS et de la CRP, du fibrinogène ;
– une anémie ITEM 209 inflammatoire peut s’observer, ainsi qu’une polynucléose neutrophile ou une hyperplaquettose.
La cholestase anictérique ou une cytolyse hépatique sont classiques.
Le dosage des CPK, souvent demandé à cause des myalgies, doit être normal.
La biopsie d’artère temporale n’est pas indiquée s’il n’y a pas de signe de maladie de Horton.
Un ECBU est souvent pratiqué pour le diagnostic différentiel et avant la mise en route de la corticothérapie en raison de la fréquence des infections urinaires asymptomatiques chez le sujet âgé, source de syndrome inflammatoire.
2 Imagerie
Elle sert au diagnostic différentiel et au bilan préthérapeutique.
Les radiographies des épaules et des hanches, principaux sites douloureux, recherchent des calcifications dans le cadre d’une chondrocalcinose articulaire diffuse.
Les radiographies d’autres sites douloureux sont pratiquées dans le même but.
La radiographie de thorax est très importante : elle recherche un foyer infectieux, des adénopathies médiastinales ou une anomalie parenchymateuse néoplasique pour le diagnostic différentiel, des séquelles tuberculeuses avant la mise en route de la corticothérapie.
Une scintigraphie osseuse est utile en cas de douleurs diffuses, à la recherche de métastases osseuses.
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est souvent pratiqué, notamment en cas d’altération de l’état général ou d’antécédents, à la recherche de néoplasie.
C Diagnostic différentiel
1 Pathologies rhumatismales
La polyarthrite rhumatoïde ITEM 192 se présente souvent selon une topographie rhizomélique chez le sujet âgé, les anticorps anti-CCP, les érosions radiologiques éventuelles sur les radiographies des mains et pieds confortent le diagnostic.
La chondrocalcinose ITEM 194 polyarticulaire est fréquente chez le sujet âgé et, atteignant les épaules, elle peut mimer une pseudopolyarthrite rhizomélique, s’accompagnant souvent d’un syndrome inflammatoire. Le diagnostic est corroboré par le liseré calcique intra-articulaire et l’efficacité de la colchicine.
La polyarthrite œdémateuse du sujet âgé, ou syndrome RS3PE (Remitting Seronegative Symmetrical Synovitis with Pitting Edema), peut donner des douleurs rhizoméliques mais est caractérisée par une atteinte typiquement distale, faite d’œdèmes en « gants de boxe ». Le syndrome inflammatoire est classique, sans présence d’autoanticorps. Le traitement est la cortisone.
Le rhumatisme à hydroxyapatite peut atteindre les racines des membres. Les radiographies trouvent des opacités périarticulaires évocatrices.
L’arthrose ITEM 125 est la pathologie articulaire la plus répandue ; elle donne rarement un tableau de pseudopolyarthrite rhizomélique : les arthralgies sont typiquement d’horaire mécanique, en général asymétriques et, surtout, sans syndrome inflammatoire.
2 Myopathies
Les myopathies d’origines diverses sont à rechercher quasi systématiquement chez des sujets âgés, donc à risque, même si celles-ci ne s’accompagnent pas de syndrome inflammatoire.
– les myopathies iatrogènes, notamment sous hypolipémiants (interrogatoire) ;
– l’hypothyroïdie (dosage TSH, T4) ;
– la polymyosite, évoquée chez un patient ayant des myalgies, fréquentes au cours de la pseudopolyarthrite rhizomélique : on recherchera un déficit musculaire et/ou une augmentation des CPK.
3 Tendinopathies multiples
Les tendinopathies multiples peuvent mimer une pseudopolyarthrite rhizomélique mais sont dépourvues de syndrome inflammatoire.
4 Ostéomalacie
L’ostéomalacie avec fissures osseuses est à évoquer, surtout dans les régions peu ensoleillées où la carence en vitamine D3 est fréquente. Le dosage de celle-ci et la scintigraphie osseuse confirment le diagnostic. Aucun syndrome inflammatoire n’est trouvé.
5 Néoplasies
Les néoplasies ITEM 289 sont un grand diagnostic différentiel, puisque la pseudopolyarthrite rhizomélique survient à un âge où ceux-ci sont fréquents, qu’elle a souvent un tableau polyalgique accompagné d’une altération de l’état général.
Les antécédents personnels et familiaux de cancers (rein, pancréas, côlon, prostate, sein…) et d’hémopathies sont à rechercher systématiquement.
Les examens tels que palpation ganglionnaire, toucher rectal, dosage des PSA, échographie prostatique, examen gynécologique, frottis cervicovaginal, mammographie, coloscopie, sont prescrits s’ils n’ont pas été faits suivant les recommandations actuelles des dépistages systématiques.
La scintigraphie osseuse, dans l’hypothèse de localisations osseuses diffuses, peut être réalisée chez les patients ayant une pseudopolyarthrite rhizomélique de forme polyarthromyalgique.
6 Infections
Les infections, sévères ou non, s’accompagnent souvent de polyalgies chez le sujet âgé.
L’existence d’un syndrome inflammatoire au cours d’une pseudopolyarthrite rhizomélique impose la recherche systématique d’infections, d’autant qu’une corticothérapie au long cours doit être envisagée.
Par l’ECBU, l’auscultation pulmonaire et la radiographie thoracique systématiques seront recherchés selon les cas une endocardite bactérienne (souffle cardiaque, notion de soins dentaires, hémocultures, échocardiographie), un abcès (dentaire ou viscéral), une ostéite.