Chapitre 19
Cancer pancréatique
Définition: Le cancer pancréatique désigne généralement l’adénocarcinome canalaire, car plus de 90 % des tumeurs pancréatiques dérivent de l’épithélium canalaire. Les autres tumeurs de cet organe sont les tumeurs endocrines (chapitre 20), les tumeurs carcinoïdes, les lymphomes, les tumeurs kystiques et des cancers rares comme les carcinomes épidermoïdes, les carcinomes à cellules géantes, les carcinosarcomes, les histiocytomes fibreux malins, les tumeurs pseudopapillaires solides, les sarcomes et les pancréaticoblastomes.
Épidémiologie: Le cancer du pancréas est la quatrième cause la plus fréquente de décès par cancer aux États-Unis, malgré sa faible incidence : chaque année, environ 42 500 tumeurs du pancréas sont diagnostiquées et causeront 35 200 morts liées à ce cancer. Dans le monde entier, le cancer du pancréas représente 2 % des cancers. Son incidence est plus élevée dans les pays développés que dans les pays en développement, mais elle varie moins de deux fois entre les diverses parties du monde. Le taux de survie à 5 ans pour un adénocarcinome du pancréas est inférieur à 5 %, et la plupart des patients meurent dans les deux premières années. Le risque de développer un cancer du pancréas augmente avec l’âge, avec un pic au cours des septième et huitième décennies. Le risque est presque équivalent chez les hommes et les femmes.
Le plus grand facteur de risque de développer un cancer du pancréas est une prédisposition génétique. On estime que jusqu’à 10 % des patients atteints de cancer du pancréas ont un ou plusieurs parents du premier ou du second degré atteints de la maladie. Les syndromes héréditaires reconnus comprennent la pancréatite héréditaire, la mutation du gène BRCA2 (chapitre 23), le syndrome familial des multiples nævus atypiques avec mélanome et une mutation germinale de p16, le cancer colorectal héréditaire sans polypose (chapitre 18), la polypose de Peutz-Jeghers (chapitre 18) et l’ataxie-télangiectasie. Dans la plupart des familles, les facteurs génétiques responsables de la prédisposition ne sont pas connus.
Physiopathologie: Trois états précurseurs principaux de l’adénocarcinome pancréatique invasif ont été identifiés : le néoplasme intraépithélial pancréatique (pancreatic intraepithelial neoplasia [PanIN]), la TIPMP et le néoplasme mucineux kystique (mucinous cystic neoplasm [MCN]). Le PanIN est le type le plus répandu de précurseur provenant des cellules épithéliales canalaires. On présume que ces lésions progressent comme suit : absence de dysplasie, dysplasie modérée (limite), dysplasie de haut grade (carcinome in situ), carcinome invasif. Avec l’aggravation de l’atypie canalaire, la fréquence des altérations génétiques associées augmente (fig. 19-1). Contrairement aux lésions PanIN, les TIPMP et les MCN sont détectables par tomodensitométrie (TDM) ou par échographie endoscopique (écho-endoscopie). Bien que responsables d’une minorité de cancers du pancréas (moins de 15 %), les TIPMP et les MCN montrent qu’il est possible d’identifier une lésion précancéreuse pancréatique, en particulier grâce à la généralisation des techniques d’imagerie abdominale non invasive et de haute résolution.
Fig. 19-1 Modèle de progression moléculaire du cancer du pancréas.
Les anomalies moléculaires dans la PanIN (pancreatic intraepithelial neoplasia) peuvent généralement être stratifiées en changements « précoces » (par exemple l’expression de MUC5 et de l’antigène des cellules souches prostatiques ou la perte de p16), en changements « intermédiaires » (par exemple l’expression de la cycline D1), et en changements « tardifs » (par exemple l’expression de p53, d’antigènes prolifération, de MUC1, de la mésothéline et des protéines 14-3-3, ou la perte de SMAD4/DPC4). (Adapté de Maitra A, Adsay NV, Argani P, et al. Multicomponent analysis of the pancreatic adenocarcinoma progression model using a pancreatic intraepithelial neoplasia tissue microarray. Mod Pathol. 2003 ; 16 : 902–912).