Chapitre 18 Temps postérieurs. Suspension du fond vaginal selon Richter
Cette intervention, décrite à l’origine comme un traitement des prolapsus post-hystérectomie par voie basse, a connu de nombreuses adaptations tant sur le plan technique qu’en ce qui concerne les indications. Le principe reste, lui, immuable, consistant en la suspension du fond vaginal au ligament sacro-épineux droit ou gauche par l’intermédiaire d’un fil de suture passé dans l’épaisseur vaginale d’un côté et dans l’épaisseur du ligament de l’autre. Cette intervention, en permettant la suspension du fond vaginal à un ligament solide, reproduit par voie basse le principe de la ligamentopexie prévertébrale utilisée par voie haute. Dépassant son indication originelle, elle est par extension devenue en peu de temps la clé de voûte de toute cure de prolapsus réalisée par voie basse, associée à un geste antérieur et postérieur le plus souvent.
Description
Infiltration vaginale
L’intervention débute par la mise en place de trois pinces de Kocher sur la partie médiane de la paroi vaginale postérieure, étagées depuis le fond vaginal pour la plus haute ou 1 cm sous le col en cas de conservation du col utérin ; la plus basse des pinces est placée au niveau de la limite cutanéomuqueuse à 2 cm environ de l’orifice vulvaire ; la troisième pince est placée à mi-chemin des deux précédentes. Ces pinces permettent, par leur mise en tension, l’exposition de l’ensemble du trajet de l’incision. L’infiltration réalisée par l’injection au moyen d’une aiguille intramusculaire est constituée de 60 ml environ d’un mélange de Xylocaïne® adrénalinée à 1 % et de sérum physiologique à parts égales. Elle est effectuée sous l’épaisseur vaginale, au niveau du trajet d’incision, et latéralement au rectum jusque dans les fosses pararectales.
Incision vaginale médiane
L’incision vaginale au bistouri froid est franche, sectionnant l’ensemble de la paroi vaginale en deux incisions, séparées dans un premier temps, entre les pinces de Kocher (fig. 18.2).
Mise en place des pinces d’Allis
On peut alors mettre en place les huit pinces d’Allis saisissant l’ensemble de la paroi vaginale de chaque côté et exposant le plan de dissection par leur traction divergente par les aides opératoires. On réalise l’ablation des pinces de Kocher avant de compléter l’incision sous la pince de Kocher médiane (fig. 18.3).
Dissection rectovaginale
Les pinces d’Allis étant fermement écartées, on réalise la dissection rectovaginale en incisant au bistouri froid le plan infiltré entre rectum et vagin (fig. 18.4 et 18.5). Cette incision est ensuite prolongée, en écartant en controlatéral le rectum par une pince sans griffes. Cette dissection est facilement prolongée au doigt (fig. 18.6 et 18.7) et on amorce l’ouverture des fosses pararectales à la partie haute de l’incision sur le rayon de 4 heures à gauche de la patiente et de 8 heures à droite. Cette ouverture se fait sans forcer et est accentuée par le balayage au doigt de la partie latérale du rectum jusqu’aux élévateurs (fig. 18.8 et 18.9). Il est souvent nécessaire, en élevant le rectum par une pince à griffes, de libérer ses attaches latérales et inférieures en regard de la partie basse de l’incision. Ce complément de dissection est indispensable avant de pouvoir mettre en place les valves permettant la dissection du ligament sacro-épineux, afin que son écartement par la grande valve ne cause pas une plaie rectale par dilacération au niveau de ses attaches latérales.
Mise en place des valves
Les valves sont introduites en débutant par la valve postérieure, ce qui permet de réaliser l’ablation des pinces d’Allis postérieures. On met ensuite en place la petite valve latérale au contact de l’élévateur en réalisant le retrait des pinces d’Allis gauche puis, après mise en place de la grande valve de Breitski, on termine d’enlever les pinces d’Allis afin d’améliorer la mobilité des valves et donc d’agrandir le champ opératoire (fig. 18.10).