18: Maladie de Dupuytren

Chapitre 18 Maladie de Dupuytren





Anatomie de l’aponévrose palmo-digitale




Anatomie des aponévroses digitales


On individualise une lame latérale digitale qui naît à la base du doigt dans l’espace commissural par la réunion des expansions du ligament palmaire interdigital (ligament natatoire) et de la bandelette sagittale issue de la bandelette prétendineuse.


Son bord dorsal est en rapport avec l’appareil extenseur, alors que le bord palmaire est libre.


L’orientation globale des fibres est dans l’axe du doigt. Cette lame fixe le revêtement cutané par des tractus fibreux très fins.


De la base de la première phalange jusqu’à l’articulation interphalangienne proximale, la lame digitale s’interpose entre le revêtement cutané et le pédicule vasculo-nerveux. Au niveau de l’articulation interphalangienne proximale, la lame digitale émet des fibres qui, pour les profondes, vont s’insérer sur l’appareil capsulo-ligamentaire en arrière du pédicule vasculo-nerveux. Elles forment la bandelette rétrovasculaire de Thomine [9] et le ligament de Cleland [3], qui est une structure indépendante jamais intéressée par la maladie de Dupuytren. Les fibres les plus superficielles passent en avant du pédicule vasculo-nerveux pour se fixer sur la gaine des fléchisseurs. C’est à ce niveau que l’on peut parler de ligament de Grayson.


Au niveau de la phalange moyenne, la lame latérale du doigt s’amincit, les fibres fixées à l’appareil capsulo-ligamentaire de l’IPP gagnent la face latérale de l’articulation interphalangienne distale. Les fibres plus antérieures, fixées sur la gaine des fléchisseurs, gagnent obliquement à 45°, par la face latérale de P2, la terminaison du tendon extenseur réalisant une lame triangulaire individualisée par Landsmeer [6] comme ligament rétinaculaire oblique.




Anatomie de la maladie de Dupuytren


La terminologie décrivant les lésions de la Maladie de Dupuytren est unanimement adoptée sur le plan international.


Il convient de bien individualiser les nodules qui sont essentiellement palmaires, plus rarement digitaux, des brides ou cordes qui, elles, sont palmaires et digitales (fig. 18-3A à D).



Dans la paume de la main, le ligament transverse superficiel, dans sa partie centrale, ainsi que les cloisons de Legueu et Juvara [7] ne sont jamais touchés par la maladie. En revanche, tous les éléments aponévrotiques, à l’exclusion du ligament de Cleland et du ligament rétinaculaire oblique de Landsmeer [6], sont intéressés par la maladie de Dupuytren. Ajoutons à la terminologie, la notion d’ombilication cutanée qui siège essentiellement entre les plis palmaires proximal et distal et les points d’insertions des fibres longitudinales issues des brides. Les distorsions des plis palmaires apparaissent dès le début de la maladie. Quant aux rétractions articulaires, elles touchent essentiellement les articulations MP et IPP, plus rarement l’IPD. L’extension de la maladie de Dupuytren ne se fait pas au hasard, l’affection suit les voies anatomiques des fascia, aussi bien au niveau de la paume de la main, que des chaînes digitales. Au niveau digital, les brides peuvent se présenter sous différentes formes, imposant au chirurgien une dissection minutieuse pour respecter les pédicules vasculo-nerveux et l’appareil fléchisseur (fig. 18-3D).



Classification et évaluation des lésions


Tubiana [10], dans un souci d’efficacité, a proposé en 1996 une cotation chiffrée simplifiée destinée aux chirurgiens et rééducateurs pour évaluer les lésions pré- et postopératoires. Par ailleurs, à l’usage des chirurgiens, chacune des lésions fait l’objet d’une cotation chiffrée qui permet d’évaluer avec précision les gains postopératoires mais également les aggravations par récidive ou extension de la maladie.


Enfin, il propose, à partir de cette même cotation chiffrée, une classification des formes sévères de la maladie de Dupuytren.


Afin de faciliter l’apprentissage pour le lecteur de cette cotation améliorée de Tubiana, nous décrirons les lésions en allant du versant radial au versant cubital, en commençant par l’atteinte de la première commissure (tableau 18-1 et fig. 18-4).




La rétraction de la première commissure est évaluée en quatre stades en mesurant, dans un plan sagittal, l’angle formé par l’intersection des axes des 1er et 2e métacarpiens qui est normalement supérieur à 70°.


Le stade 0 signifie l’absence de lésion, le stade N, la présence de nodule n’induisant aucune rétraction, le stade 1 situe l’angle d’écartement entre 45° et 30°. Le stade 2 entre 30° et 15° et enfin le stade 3 en dessous de 15°.


Le stade lésionnel est suivi de la lettre P. Ainsi, 0P signifie l’absence de lésion de Dupuytren dans la première commissure. 1P signifie que la rétraction de la première commissure se situe entre 45° et 30°, etc.


Derrière cette note, suit l’évaluation de la colonne du pouce (tableau 18-1 et fig. 18-5). Elle additionne la rétraction des articulations métacarpo-phalangienne et interphalangienne du pouce, soit un secteur de mobilité qui varie de 0° (extension complète) à 160° (flexion maximale des deux articulations). Les stades gravitent de 1 à 4 et progressent chaque fois de 45°. Chaque stade est détaillé dans le tableau 18-1. La cotation du pouce est suivie de la lettre D. Ainsi, 2D signifie que la rétraction du pouce constitue un flessum de la MP et de l’IP compris entre 45° et 90°.



Dans la formule de Tubiana, les lésions de la première commissure et de la colonne du pouce sont rassemblées. Par exemple, 1P-2D signifie que la première commissure est rétractée au stade 1 (angle entre 45 et 30°) et que le pouce est au stade 2 (45–90°).


Les chaînes digitales longues sont évaluées en cinq stades, en additionnant les déformations MP-IPP-IPD. 0 étant l’extension complète et 200, l’enroulement complet de la chaîne digitale (tableau 18-1 et fig. 18-6).



Mais lorsque la déformation entraîne une hyperextension de l’IPD ou de l’IP du pouce, le degré d’hyperextension (H) est ajouté, en plus des rétractions en flexion des articulations MP-IPP.


Pour affiner la description des lésions, Tubiana a ajouté un codage par lettre facilement compréhensible :



L’exemple n°1 (tableau 18-2) indique que la première commissure est le siège de nodule mais sans rétraction et que le pouce a une rétraction MP + IP au stade 1 pouvant atteindre 45°. L’index (0) est indemne de lésion. Le majeur (1) a une rétraction par une corde palmo-digitale qui se situe par addition des déformations MP-IPP-IPD entre 0° et 45°. L’annulaire (2+) signifie que l’IPP à elle seule présente une rétraction égale ou supérieure à 70°. Cette lésion est sévère, de correction chirurgicale difficile et de pronostic fonctionnel incertain.



L’auriculaire coté 4H PD signifie que le doigt est au stade 4, totalisant des rétractions supérieures à 135° et qui ont pour origine une localisation palmo-digitale de la maladie de Dupuytren. La lettre H indique l’hyperextension de l’IPD.


Pour affiner l’évaluation chirurgicale précoce ou tardive d’une main opérée, Tubiana apporte un codage supplémentaire par lettre aisément mémorisable :


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May 26, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 18: Maladie de Dupuytren

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