Chapitre 17. L’amélioration des performances cognitives dans les démences
INTRODUCTION
Les premières tentatives systématiques visant à améliorer les performances cognitives chez des sujets normaux de tous âges ou chez des personnes souffrant soit d’un accident vasculaire cérébral, soit d’un processus démentiel ont eu lieu dans les années 1990. En fait, les stimulants avaient déjà été utilisés dans ce but depuis des décennies. L’amélioration des performances cognitives vise principalement à améliorer la mémoire. Ces médicaments ont été dénommés « nootropes » pendant un temps, mais sont maintenant plus souvent appelés « psychostimulants », « médicaments de l’intelligence » ou « bonbons du cerveau » (« smart drugs »).
Le but initial dans ce domaine était de trouver des médicaments pour traiter ou améliorer les fonctions cognitives dans les démences. Plus récemment, le champ d’application de ces recherches s’est élargi pour inclure d’une part des substances qui pourraient limiter les conséquences d’un accident vasculaire cérébral ou être neuroprotectrices, et d’autre part des substances susceptibles de ralentir le déclin normal de la mémoire lié à l’âge. En aucun cas les produits capables d’améliorer les performances cognitives n’ont ou n’auront la propriété de traiter ou d’inverser des processus démentiels de quelque nature qu’ils soient.
À l’inverse, les produits qui arrêteraient un processus démentiel n’auront pas d’effet sur l’amélioration des performances cognitives. Il y a donc une ligne de démarcation bien nette au milieu de cette section avec d’un côté le « traitement » des démences et de l’autre l’amélioration des performances cognitives.
Pour des raisons en partie pharmacoéconomiques, la plupart des grandes firmes pharmaceutiques ont, ces dernières années, déplacé leur centre d’intérêt jusque-là fixé sur les antidépresseurs, les neuroleptiques et les anxiolytiques, vers le marché de la neuroprotection et de l’amélioration des performances cognitives [1]. Il convient de garder à l’esprit, cependant, à l’instar de tous les médicaments présentés dans ce livre, que tout produit issu d’un tel programme de recherche devrait être observé avec la plus grande attention par tous ceux qui sont impliqués dans leur utilisation en pratique clinique. En effet, il n’existe pas une seule substance agissant sur le cerveau qui n’agirait que sur un seul groupe de comportements à la fois. Pour illustrer ce propos, rappelons que les antidépresseurs agissent sur l’anxiété mais aussi sur les fonctions sexuelles (voir la section 8). Il n’est d’ailleurs pas inconcevable qu’une nouvelle génération d’agents neuroprotecteurs puisse être utile également dans la gestion de la schizophrénie et dans celle de la démence. Les personnes les mieux placées pour mettre ce type d’éléments en évidence sont les personnes qui prennent ces produits et celles qui les soignent de près, comme les équipes infirmières par exemple.
LES DÉMENCES
Les difficultés que nous rencontrons pour trouver des médicaments efficaces dans les démences proviennent en partie du fait que nos hypothèses concernant ce qui est à la base de ce processus ont radicalement changé ces dernières années. Il était habituel auparavant d’opérer une distinction entre la démence d’Alzheimer, la démence sénile de type Alzheimer (DSTA) et la démence vasculaire causée par des infarctus multiples (multi-infarct dementia [MID]) qui dégradent peu à peu le tissu cérébral jusqu’à compromettre le fonctionnement cognitif global.