CHAPITRE 14 F. AUDREN, C. BOK-BEAUBE, CH. COSTET, D. DENIS, P.-F. KAESER, G. KLAINGUTI, F. OGER-LAVENANT, A. SAUER, C. SPEEG-SCHATZ and E. ZANIN L’examen de l’oculomotricité centrale [40] (fig. 14-1) étudie la fixation oculaire, les saccades, les mouvements de poursuite, la convergence, le réflexe vestibulo-oculaire et le nystagmus optocinétique. Chaque mouvement est géré par une voie spécifique ; leur action finale est de maintenir la position des deux yeux sur une cible d’intérêt et d’assurer des mouvements appropriés sur des zones d’intérêt. Fig. 14-1 Bases anatomiques de l’oculomotricité centrale. Les mouvements oculomoteurs comprennent les mouvements rapides représentés par les saccades et la phase rapide du nystagmus optocinétique, les mouvements lents représentés par la poursuite et le réflexe oculocéphalique et la convergence (cf. chapitre 21). La fixation oculaire a pour fonction de maintenir l’image d’un objet sur la fovéa. Les atteintes oculomotrices du tronc cérébral [60] concernent les mouvements conjugués latéraux ou les mouvements verticaux. Les atteintes permettent le plus souvent de situer le niveau de la lésion : ainsi, on peut préciser au neuroradiologue les zones à explorer en priorité. L’atteinte la plus fréquente est l’ophtalmoplégie internucléaire (fig. 14-3 et 14-4) caractérisée par l’atteinte isolée de l’adduction lors des mouvements latéraux, la convergence étant respectée quand la lésion n’atteint pas les pédoncules cérébraux : le patient se plaint soit d’une gêne lors des saccades horizontales dans les formes débutantes soit d’une diplopie fugace dans les formes plus avancées. L’examen retrouve lors des mouvements horizontaux une lenteur d’adduction unilatérale ou bilatérale selon l’importance de la lésion, les yeux ne présentant pas de déviation horizontale en position primaire contrairement à une atteinte du noyau du III. Sur l’œil controlatéral au globe dont l’adduction est limitée, c’est-à-dire sur l’œil en abduction, on observe des secousses nystagmiques (nystagmus de Harris). L’ophtalmoplégie internucléaire peut être unilatérale ou bilatérale. Son étiologie chez un sujet jeune est en général une sclérose en plaques, alors que chez un sujet plus âgé les causes vasculaires ou tumorales prédominent. La lésion est située sur le faisceau longitudinal médian ipsilatéral au déficit d’adduction. Fig. 14-3 Ophtalmoplégie internucléaire : lésion du faisceau longitudinal médian (FLM). Le syndrome « un et demi » (fig. 14-5) associe une paralysie de latéralité dans un sens et une paralysie de l’adduction dans l’autre sens : l’œil ipsilatéral à la lésion n’a plus de mouvements horizontaux et l’œil controlatéral n’effectue qu’un mouvement d’abduction. La lésion englobe le noyau du VI et le faisceau longitudinal médian. L’étiologie est vasculaire ou tumorale. En règle générale, il s’agit d’un enfant adressé pour ptosis unilatéral chez lequel on découvre sur cet œil un déficit d’élévation à peu près identique en adduction et en abduction (fig. 14-6). Lorsque l’œil paralysé fixe, il se place en position primaire faisant disparaître le ptosis ou le réduisant considérablement, le ptosis étant dÛ à l’hypotropie du globe paralysé. Il existe une forme minime sans ptosis avec simplement un déficit unilatéral d’élévation. En fait, il s’agit vraisemblablement d’une atteinte congénitale du noyau du droit supérieur (controlatéral à l’œil atteint) qui est le principal élévateur de l’œil, l’oblique inférieur étant essentiellement extorseur et élévateur accessoire en adduction. Le signe de Charles Bell est présent, contrairement à une paralysie du III. Il s’agit donc d’une paralysie monoculaire de l’élévation. La paralysie du regard horizontal comprend : – sur un œil une paralysie de l’abduction ; – sur l’autre œil une paralysie de l’adduction avec préservation de la convergence. Le noyau du nerf oculomoteur (fig. 14-7), situé en position para-médiane au niveau du tegmentum mésencéphalique, est en réalité composé de plusieurs noyaux, chacun innervant un muscle propre [81]. Le noyau dorsal innerve le muscle droit inférieur, le noyau ventral le droit médial, le noyau intermédiaire l’oblique inférieur, le noyau médian le droit supérieur, le noyau caudal central le releveur de la paupière supérieure, et le noyau d’Edinger-Westphal assure l’innervation parasympathique. Chaque noyau est double et innerve son muscle ipsilatéralement, à deux exceptions près : Fig. 14-7 Rapport du nerf oculomoteur avec le polygone de Willis. – le noyau médian innerve le muscle droit supérieur contro-latéral ; – un seul noyau (le noyau caudal central) innerve les deux muscles releveurs de la paupière supérieure. La paralysie du nerf oculomoteur a des aspects cliniques multiples. L’examen séméiologique doit déterminer précisément le trouble oculomoteur (atteinte extrinsèque) et la présence d’une atteinte pupillaire (atteinte intrinsèque). La paralysie peut être complète ou partielle [47]. Des signes de régénération aberrante ou des paralysies d’autres paires crâniennes rendent parfois le tableau encore plus complexe. Le patient se présente avec un ptosis complet, une exotropie de grand angle (conservation du tonus du muscle droit latéral), une hypotropie (préservation de la fonction d’abaissement du muscle oblique supérieur), une incyclotorsion (conservation du tonus de l’oblique supérieur) (fig. 14-8). L’analyse de la préservation de la fonction du muscle oblique supérieur peut nécessiter une étude des mouvements des vaisseaux conjonctivaux en biomicroscopie [23]. Il existe une paralysie de l’adduction (droit médial), de l’élévation (droit supérieur et oblique inférieur), de l’abaissement (droit inférieur). Fig. 14-8 Paralysie complète du nerf oculomoteur gauche. Une rétraction palpébrale supérieure lors des mouvements d’adduction ou d’abaissement du globe, un myosis paradoxal (vidéo 14-4) peuvent apparaître en période de récupération de la paralysie. Ces phénomènes sont particulièrement retrouvés dans les contextes traumatiques, compressifs ou chez l’enfant. Ils sont exceptionnels dans le cadre d’une paralysie étiquetée ischémique. Leur présence peut orienter le diagnostic topographique : – III, IV, V1 : fente sphénoïdale ; II associé : apex orbitaire ; – III, VII, hémiplégie croisée : syndrome de Weber (pied pédonculaire) (fig. 14-9) ; Fig. 14-9 Syndrome de Weber par accident vasculaire cérébral, paralysies du nerf oculomoteur et du VII droits avec hémiplégie gauche. – III, IV, V1, syndrome de Claude Bernard-Horner (pouvant masquer la mydriase) : loge carotidocaverneuse ; Une paralysie associée du IV est à rechercher dans les suites des traumatismes crâniens. Des particularités anatomiques du noyau du nerf oculomoteur découle l’aspect clinique de son atteinte (vidéo 14-5) : paralysie complète du nerf oculomoteur du côté atteint, associée à une paralysie controlatérale de l’élévation (décussation seulement des fibres destinées au muscle droit supérieur), association possible unilatérale ou bilatérale d’un ptosis et/ou d’une mydriase (proximité des noyaux du releveur de la paupière supérieure et d’Edinger-Westphal). La paralysie du nerf oculomoteur survient soit dans un contexte neurologique grave avec orientation diagnostique (cf. supra), soit de manière en apparence isolée. Dans ce cas, l’atteinte pupillaire et l’âge sont au cœur de la réflexion étiologique : il est fondamental de savoir diagnostiquer en urgence un anévrysme compressif, pouvant mettre en jeu le pronostic vital [38]. Des arbres décisionnels diagnostiques ont été proposés depuis 2002 dans la littérature [11, 12, 38] (fig. 14-10). Ils reposent sur deux critères principaux, l’atteinte pupillaire et l’âge du sujet. Fig. 14-10 Arbre décisionnel : conduite à tenir devant une paralysie isolée du nerf oculomoteur. (D’après Cochard-Marianowschi C., et al., 2008 [12].) L’atteinte ischémique est, pour la plupart des auteurs [44, 65], la cause la plus fréquente de paralysie du nerf oculomoteur chez l’adulte, notamment sur terrain vasculaire (diabète, hypertension artérielle, tabagisme, sujet âgé). L’ischémie touche les vaisseaux nutritifs destinés à la partie centrale du tronc du nerf oculomoteur, porteuse des fibres motrices extrinsèques, et peut épargner les fibres pupillomotrices plus périphériques : il en résulte une paralysie volontiers complète extrinsèque, avec le plus souvent épargne pupillaire. La paralysie nucléaire du nerf oculomoteur est également le plus souvent d’origine vasculaire. Le traumatisme est une deuxième cause fréquente de paralysie du nerf oculomoteur [34], tant chez l’adulte que chez l’enfant. En l’absence d’autre cause, il faut savoir évoquer une fistule carotido-caverneuse. Rare, elle représente cependant plus d’un tiers des cas de paralysies du nerf oculomoteur chez l’enfant [50], devançant les causes traumatiques, infectieuses, tumorales et, exceptionnellement, vasculaires. Généralement unilatérale isolée, elle s’accompagne très fréquemment de signes de régénération aberrante (myosis, syncinésies palpébrales) (fig. 14-11 et vidéo 14-6). Fig. 14-11 Paralysie du nerf oculomoteur gauche congénitale. Les mécanismes impliqués sont multiples : traumatisme à la naissance (forceps), hypoxie néonatale, agénésie ou hypoplasie du nerf oculomoteur pouvant être mise en évidence en IRM à haute résolution [41]. Le IVe nerf crânien (nerf trochléaire) émerge sur la face dorsale du tronc cérébral, qu’il contourne après décussation (fig. 14-12). Cette particularité anatomique le rend particulièrement vulnérable. De toutes les paralysies oculomotrices, la paralysie du nerf trochléaire est la paralysie oculomotrice la plus fréquemment rencontrée par l’ophtalmologiste. Elle est pourtant souvent sous-diagnostiquée parce que les déficits moteurs qu’elle entraîne sont moins visibles que ceux que provoquent les autres paralysies oculomotrices. La paralysie du muscle oblique supérieur provoque une déviation verticale et torsionnelle avec diplopie et, à terme, une hyperfonction du muscle antagoniste direct, l’oblique inférieur. Elle s’exprime par des symptômes très différents selon qu’elle est modérée (parésie) ou marquée (paralysie), congénitale ou acquise, unilatérale ou bilatérale (tableau 14-I). Fig. 14-12 Représentation schématique du trajet anatomique du nerf trochléaire (IV). (D’après Kline L.B., Bajandas F.J., 2008 [37].) La positivité du test de Bielschowsky-Nagel d’inclinaison céphalique apporte la réponse pathognomonique [5, 56]. Le test repose sur la stimulation otolithique engendrée par l’inclinaison qui déclenche une innervation accrue des muscles incyclorotateurs, l’oblique supérieur et le droit supérieur. L’oblique supérieur n’étant pas en mesure de contrebalancer l’action verticale du droit supérieur, le globe oculaire se place en hypertropie. Parks a intégré ce test dans une batterie en trois temps qui permet, devant toute déviation verticale, d’identifier le muscle paré-tique [58]. Les coordimètres de Hess-Weiss ou Lancaster (fig. 14-13d) donnent de bonnes indications sur les déviations horizontales et verticales. L’utilisation de la torche de Kratz sur l’écran de Hess-Weiss indique également les déviations torsionnelles en vision rapprochée. Fig. 14-13 Méthodes d’examen. Les verres de Maddox (fig. 14-13, a, b et c) permettent la mesure de la cyclotorsion en position primaire [36] sachant qu’une déviation en excyclotorsion de l’œil droit provoque pour le sujet la perception d’une inclinaison antihoraire de la ligne horizontale. La paroi tangentielle de Harms [24, 70] (fig. 14-13e) repose sur le principe de la confusion et de la dissociation par un verre rouge sombre. Ce dispositif permet de mesurer simultanément, en degrés, les déviations horizontale, verticale et torsionnelle, à une distance de 2,5 ou 3 mètres. Les mesures sont effectuées dans toutes les directions du regard, les versions étant obtenues par déplacement contrôlé de la tête, l’axe de l’œil fixateur demeurant perpendiculaire à la paroi. Présente dès la naissance (fig. 14-14), elle peut cependant demeurer compensée par la fusion verticale durant de nombreuses années et ne se révéler qu’à l’âge adulte. L’amplitude de fusion verticale, normalement comprise entre 3 Δ et 6 Δ, peut ici atteindre des valeurs de 10 Δ à 25 Δ [66], allant jusqu’à neutraliser le signe de Bielschowsky (fig. 14-14, c et d). La décompensation n’est pas soudaine mais apparaît progressivement, favorisée par la fatigue, l’approche de la presbytie, la pénombre, par la prise de médicaments psychotropes et, parfois, par un traumatisme mineur qui peut faire soupçonner à tort une parésie acquise. L’hyperfonction du muscle antagoniste direct, l’oblique inférieur, est toujours présente. La déviation verticale est fortement latéralisée dans la zone d’adduction de l’œil atteint, le patient adoptant un torticolis en rotation horizontale de la tête qui lui permet de fixer en abduction de l’œil parétique, dans un secteur où la déviation verticale est absente ou maîtrisée par la fusion. La déviation torsionnelle en excyclotorsion est uniformément présente dans toutes les directions du regard, mais elle joue un rôle subjectif mineur et la gêne principale est constituée par la déviation verticale. Fig. 14-14 Parésie congénitale unilatérale du nerf trochléaire droit. Elle se caractérise par une déviation verticale et torsionnelle dans le regard inférieur, la gêne principale se situant en adduction inférieure de l’œil parétique (fig. 14-15). Pour y remédier, le patient adopte un torticolis tridimensionnel qui privilégie le regard en haut et en abduction de l’œil atteint, menton abaissé, tête tournée et inclinée du côté opposé à la parésie. L’hyperfonction de l’oblique inférieur homolatéral fait défaut et le déficit moteur est peu visible à l’examen des versions. Le signe de Bielschowsky est présent et constant. La gêne est constituée par la déviation verticale et la déviation torsionnelle. La déviation verticale en position primaire est faible, voire nulle, et n’apparaît que dans les regards latéraux (fig. 14-16). En revanche, la déviation torsionnelle est très marquée, déjà présente en position primaire et augmentant fortement en regard inférieur, où les valeurs d’excyclotorsion peuvent atteindre 20°. L’incomitance en « V », très marquée, entraîne une ésotropie visible en regard inférieur. Le patient adopte une position de tête caractéristique menton abaissé, qui lui permet de fixer regard levé, où les déviations sont minimales. La gêne subjective est marquée dans toute situation qui exige le regard inférieur, lecture, descente des escaliers, par exemple. Le signe de Bielschowsky, s’il est recherché regard en bas, est présent lors de l’inclinaison de la tête sur chaque côté. Si la parésie est fortement asymétrique, il peut arriver que la parésie la plus forte masque la symptomatologie située du côté le plus faiblement atteint, celle-ci pouvant se révéler après le traitement chirurgical de la première. Cette situation appelée « parésie masquée » peut souvent être suspectée par la présence d’une forte excyclotorsion. Le nerf trochléaire peut être atteint au niveau de son noyau, dans l’espace sous-arachnoïdien, dans le sinus caverneux, dans l’orbite, et jusqu’à la jonction neuromusculaire [37]. Le diagnostic différentiel principal est celui de la skew deviation. Dans ce cas, on pourra mesurer une déviation verticale nettement plus faible en décubitus dorsal qu’en position debout [76]. De plus, en cas de skew deviation, l’œil en hypertropie se trouve en incyclodéviation. L’injection de toxine botulique dans l’oblique inférieur homolatéral ou le droit inférieur controlatéral a été décrite [25] mais a l’inconvénient de ne fournir qu’un effet transitoire. Le traitement chirurgical, très efficace, ne s’envisage que sur un tableau clinique stable, après un délai de douze mois. Il vise à réduire les déviations verticales et torsionnelles par affaiblissement de l’oblique inférieur, raccourcissement de l’oblique supérieur, ou combinaison des deux. L’affaiblissement du synergiste opposé, le droit inférieur, est également proposé [27, 33, 45, 64]. Le test de Lancaster est un test rouge-vert qui permet de faire le diagnostic de l’œil et des muscles paralysés et de reconnaître les hyperactions musculaires secondaires à la paralysie, Il consiste en un relevé graphique de l’oculomotricité dans les différentes positions du regard. L’œil paralysé a un cadre plus petit que la normale (par hypoaction du muscle paralysé), l’œil controlatéral a un cadre plus grand que la normale (par hyperaction de l’agoniste controlatéral suivant la loi de Hering). Ainsi, dans une paralysie du nerf abducens, le cadre sera plus petit dans le champ temporal de l’œil atteint par rapport au côté sain (fig. 14-17). L’examen clinique sera complété par un examen neurologique complet comprenant une analyse systématique de l’ensemble des paires crâniennes et par un examen ophtalmologique, notamment un fond d’œil recherchant un œdème papillaire associé [12, 22, 72]. On distingue habituellement les formes congénitales des formes acquises [12, 22, 72]. Les paralysies congénitales du nerf abducens sont rares, assez souvent bilatérales, et s’intègrent dans des formes syndromiques complexes. Les deux formes les plus classiques sont le syndrome de Möbius et le syndrome de Stilling-Duane [39]. Le syndrome de Möbius associe une diplégie faciale, une paralysie bilatérale de l’abduction et souvent des anomalies générales (malformations des extrémités, atteintes des dernières paires crâniennes, retard mental). Dans la majorité des cas, le syndrome de Möbius résulte d’anomalies vasculaires prénatales du tronc cérébral [48]. Le syndrome de Stilling-Duane est habituellement décrit comme un syndrome de restriction (cf. infra) et un diagnostic différentiel des paralysies du nerf abducens, mais il est en fait une atteinte congénitale du nerf abducens. Il atteint plus souvent les filles et l’œil gauche. La majorité des cas sont sporadiques, mais des formes héréditaires sont rapportées dans la littérature et plusieurs mutations sont impliquées. Des anomalies associées sont présentes chez un quart des patients environ [28]. Chez l’enfant (vidéo 14-7), on évoquera principalement les causes congénitales, traumatiques et tumorales. Dans le sinus caverneux, la sémiologie est souvent plus riche, avec des associations à un syndrome de Claude Bernard-Horner homolatéral, une paralysie du III et/ou du IV ou une atteinte du trijumeau. Les causes sont diverses : tumorales, vasculaires (thromboses et anévrysmes de la carotide interne, fistules carotidocaverneuses), ischémiques (maladie de Horton et diabète), inflammatoires (sarcoïdose, tuberculose et syndrome de Tolosa-Hunt), infectieuses et traumatiques [12, 22, 72]. Le principal diagnostic différentiel est représenté par l’atteinte myogène du muscle droit latéral, dont les principales causes sont la myasthénie, les myosites, rarement les myopathies dysthyroïdiennes. Les traumatismes, par lésion directe du muscle et/ou incarcération musculaire, et les spasmes en convergence peuvent poser aussi le problème du diagnostic différentiel [7, 26]. Chez l’enfant, les examens complémentaires doivent avant tout éliminer une tumeur intracrânienne. Une IRM cérébrale ou, à défaut, un scanner doit être pratiqué(e) dans les meilleurs délais. Si l’imagerie cérébrale est normale, une ponction lombaire à la recherche d’une cause infectieuse ou inflammatoire sera indiquée [12, 39, 72]. Chez l’adulte de moins de cinquante ans, en cas d’atteinte non traumatique isolée du nerf abducens, il est nécessaire de pratiquer un bilan neuroradiologique. S’il est négatif, des examens sanguins à la recherche d’un syndrome inflammatoire et une consultation neurologique avec ponction lombaire sont demandés [22, 26, 72]. Après cinquante ans, la maladie de Horton doit être recherchée (vitesse de sédimentation en urgence) et un bilan cardiovasculaire est réalisé afin d’éliminer les facteurs de risque, comme une hypertension artérielle ou un diabète. En dehors de ces causes, l’atteinte du nerf abducens isolée, le plus souvent d’origine vasculaire, se résout généralement en six à huit semaines et ne nécessite pas d’exploration supplémentaire. Il n’y a pas d’indication à un bilan neuroradiologique [22, 26, 72]. Les atteintes bilatérales imposent un bilan neuroradiologique. En cas de normalité, une ponction lombaire avec prise de pression à la recherche d’une hypertension intracrânienne est indiquée [72].
Désordres oculomoteurs neurogènes et myogènes
Troubles oculomoteurs supranucléaires
ÉTUDE CLINIQUE DE L’OCULOMOTRICITÉ
III, nerf oculomoteur ; IV, nerf trochléaire ; VI, nerf abducens ; MA, moelle allongée ; P, pont ; C, cervelet ; M, mésencéphale ; Th, thalamus ; CP, cordon postérieur ; FLM, faisceau longitudinal médian ; riFLM, noyau rostral interstitiel du FLM ; NR, noyau rouge ; fr III, fibres radiculaires du III ; fr VI, fibres radiculaires du VI ; FRPP, formation réticulée pontique paramédiane ; NV, noyau du V (nerf trijumeau).
STABILITÉ OCULAIRE
ATTEINTES OCULOMOTRICES DU TRONC CÉRÉBRAL
ATTEINTES MONOCULAIRES
Ophtalmoplégie internucléaire
DL, droit latéral ; DM, droit médial. (D’après Vignal C., Miléa D., 2002 [72].)
Syndrome « un et demi » de Fischer
Paralysie dite « des deux élévateurs »
TROUBLES DE L’OCULOMOTRICITÉ HORIZONTALE
Paralysie du nerf oculomoteur (III)
RAPPEL ANATOMIQUE
1. Artère communicante postérieure. 2. Bifurcation du tronc basilaire. 3. Nerf oculomoteur. 4. Artère cérébrale postérieure. 5. Nerf trochléaire. 6. Artère cérébelleuse supérieure. 7. Nerf abducens. 8. Artère communicante antérieure. 9. Artère cérébrale antérieure. 10. Artère cérébrale moyenne. 11. Artère carotide interne. (D’après Jacob-Lebas M., Vignal-Clermont C., 2011 [32].)
DIAGNOSTIC CLINIQUE
PARALYSIE COMPLÈTE
a. Position primaire : exotropie, hypotropie, ptosis et mydriase gauche. b. Versions droites : limitation totale de l’adduction gauche (fonction préservée du muscle oblique supérieur gauche). c. Versions gauches : abduction gauche préservée. d. Regard vers le bas : limitation abaissement gauche. e. Regard vers le haut : limitation de l’élévation gauche.
SIGNES DE RÉGÉNÉRATION ABERRANTE
PARALYSIES D’AUTRES PAIRES CRÂNIENNES ASSOCIÉES
PARALYSIE NUCLÉAIRE DU NERF OCULOMOTEUR
DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE
ÉLIMINER UNE COMPRESSION ANÉVRYSMALE
AUTRES CAUSES
PARALYSIE CONGÉNITALE DU NERF OCULOMOTEUR
Mydriase gauche, hypotropie gauche prédominant sur l’exotropie par paralysie de l’élévation et parésie de l’adduction gauche (hyperfonction du droit supérieur droit mise en évidence au test de l’écran translucide).
Paralysie du nerf trochléaire (IV)
MÉTHODES D’EXAMEN
TEST DE BIELSCHOWSKY-NAGEL
COORDIMÈTRES DE HESS-WEISS OU LANCASTER
a, b, c. Verres de Maddox. En cas d’excyclodéviation de l’œil droit, le patient perçoit avec son œil droit une bascule anti-horaire du trait horizontal (c, incyclodiplopie). d. Torche de Kratz sur coordimètre de Hess-Weiss. e. Paroi tangentielle de Harms utilisant un critère lumineux horizontal pour la mesure de la torsion. f, g. Ophtalmoscopie indirecte. Excyclotorsion objective bilatérale plus marquée sur l’œil gauche (g).
VERRES DE MADDOX
PAROI TANGENTIELLE DE HARMS
COMMENT DIFFÉRENCIER LES PARALYSIES DU NERF TROCHLÉAIRE ?
Paralysie congénitale
a. Torticolis en rotation horizontale à droite. b. Élévation en adduction de l’œil droit (hyperfonction de l’oblique inférieur droit). c, d. Signe de Bielschowsky inconstant en inclinaison sur l’épaule droite. e. Torticolis déjà présent dans l’enfance.
Parésie récemment acquise, unilatérale
Parésie acquise bilatérale
ÉTIOLOGIE
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
CONDUITE À TENIR ET TRAITEMENT
Paralysie du nerf abducens (VI)
DIAGNOSTIC CLINIQUE
FORMES CLINIQUES
ÉTIOLOGIE DES PARALYSIES DU NERF ABDUCENS
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
CONDUITE À TENIR DEVANT UNE PARALYSIE ACQUISE DU NERF ABDUCENS
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