14: Brûlures

Chapitre 14 Brûlures





Scénario


Vous êtes appelé à intervenir sur un incendie d’immeuble résidentiel. Lorsque votre ambulance arrive sur les lieux, vous constatez qu’il s’agit d’un immeuble de deux étages entièrement embrasé avec une épaisse fumée noire s’échappant des fenêtres et du toit. Vous êtes dirigé vers une victime (patient 1) qui a été prise en charge par les premiers intervenants. Ils vous rapportent que le patient est retourné à l’intérieur du bâtiment en feu pour tenter de sauver son chien et qu’il a été récupéré inconscient par des sapeurs-pompiers. Arrivé aux côtés du patient, vous voyez qu’il s’agit d’un homme d’une trentaine d’années. La plupart de ses vêtements ont été brûlés. Il présente des brûlures évidentes au visage et ses cheveux ont roussi. Il est inconscient ; il respire spontanément, mais laborieusement. Les premiers secouristes ont mis ce patient sous oxygène avec un masque à inhalation. Après examen, sa ventilation est libre avec assistance ; il ventile aisément. Les manches de sa chemise ont été brûlées. Ses bras présentent des brûlures circonférentielles, mais son pouls est facilement palpable. Sa fréquence cardiaque est de 118 battements/minute, sa pression artérielle est à 148/94 mmHg, sa fréquence respiratoire est de 22 mouvements/minute, et l’oxymètre de pouls montre une valeur de SpO2 de 92 %. Après examen, vous déterminez que le patient est brûlé sur toute la tête, sur la face antérieure de la poitrine et de l’abdomen, ainsi que sur le bras et la main. À quelques mètres se trouve le frère de la victime (patient 2), qui s’inquiète frénétiquement de l’état de son frère (patient 1). De là où vous êtes, vous pouvez voir que le patient 2 présente des brûlures sur tout son bras droit ainsi que sa main, de la pointe des doigts jusqu’à l’épaule.


Quelle est l’étendue des brûlures pour chacun de ces patients ? Quelles sont les étapes initiales de la prise en charge de ces patients ? Comment les intervenants préhospitaliers peuvent-ils reconnaître une lésion par inhalation ?


Beaucoup de personnes considèrent que les brûlures sont les blessures les plus redoutables et les plus effrayantes qui soient. Dans notre vie de tous les jours, nous avons tous subi une brûlure plus ou moins grave et expérimenté la douleur intense et l’anxiété qui sont associées à ce type de lésion, aussi mineure soit-elle. Les brûlures sont fréquentes dans l’industrie, dans l’agriculture ainsi que dans des contextes civils ou militaires. Les brûlures peuvent présenter une gamme de lésions allant des plus petites à des blessures catastrophiques couvrant une grande partie du corps. Quelle que soit leur taille, toutes les blessures sont sérieuses. Même des brûlures mineures peuvent mener à un handicap important.


Une idée fausse largement répandue consiste à penser que les brûlures ne concernent que la peau. Bien au contraire, les brûlures étendues peuvent donner lieu à des atteintes multisystémiques, avec des effets menaçant le pronostic vital impliquant le cœur, les poumons, les reins, le tractus gastro-intestinal et le système immunitaire. La principale cause de décès chez un patient brûlé n’est pas directement consécutive à la brûlure, mais aux complications respiratoires auxquelles elles donnent lieu.


Bien que considérées comme une forme de traumatisme, les brûlures présentent des différences importantes par rapport aux autres types de traumatismes, qui méritent considération. Après un traumatisme tel qu’un accident de la circulation ou une chute, la réponse physiologique d’une victime est d’initier différents mécanismes adaptés pour préserver la vie. Ces mécanismes de réponse peuvent comprendre l’arrêt d’une hémorragie d’un organe vital, l’augmentation du débit cardiaque et l’augmentation de la production de différentes protéines sériques protectrices. À l’inverse, après une brûlure grave, le corps du patient a tendance à interrompre les différentes fonctions de la vie, à évoluer vers le choc puis la mort. La prévention de cet état de choc représente une des pierres angulaires du traitement initial des patients brûlés. Chez des patients qui présentent des lésions traumatiques ainsi que des brûlures, le taux de mortalité réelle de ces lésions combinées est beaucoup plus élevé que les taux de mortalité combinés de ces deux lésions prises individuellement.


La recherche de l’étiologie des brûlures permettra au sauveteur d’éviter de prendre en charge de manière inappropriée des blessures ainsi que de prodiguer les meilleurs soins à la victime. Les circonstances dans lesquelles la brûlure est intervenue devront également être prises en compte, dans la mesure où un pourcentage non négligeable de brûlures chez des enfants ou chez des adultes est dû à une blessure intentionnelle.


L’inhalation de fumées est une lésion qui risque de mettre en jeu le pronostic vital ; ses conséquences sont généralement plus importantes que celles de la brûlure elle-même. L’inhalation de fumées toxiques est un facteur prédictif majeur de mortalité, plus important que l’âge du patient ou que l’étendue des brûlures [1]. Il est à noter que des volumes relativement faibles de fumées toxiques inhalées sont susceptibles de générer des lésions systémiques majeures qui peuvent n’apparaître que plusieurs jours après l’inhalation.


Environ 20 % des brûlés sont des enfants, et 20 % de ces enfants sont les victimes de brûlures intentionnelles ou de violences volontaires [2,3]. La plupart des personnels soignants sont surpris d’apprendre que les violences par brûlures sont classées au deuxième rang dans la typologie des violences physiques infligées aux enfants. Ce type de violences ne concerne pas que les enfants. Il est relativement courant de voir des femmes brûlées dans le cadre de violences conjugales. Il en va de même pour les personnes âgées, elles aussi victimes de maltraitances.




Caractéristiques des brûlures


La chaleur coagule les protéines ; c’est de cette manière que l’on cuit les œufs. C’est également le mécanisme primaire des lésions induites par la chaleur. L’œuf présente à l’état initial une apparence liquide et transparente. Lorsque cet œuf est exposé à des températures élevées, il devient rapidement opaque et se solidifie. Un processus similaire se produit lorsqu’un patient est brûlé. Dans le cas de l’œuf, les protéines changent de forme et sont détruites dans un processus connu sous le nom de dénaturation. Lorsqu’une brûlure survient chez des patients, l’élévation de la température, la radiation ou la présence d’un agent chimique entraîne des lésions importantes qui donnent lieu à la dénaturation protéique. La blessure de la peau peut se dérouler en deux étapes : l’une immédiate et l’autre à retardement. La peau peut supporter des températures de 40 °C pendant de brèves périodes. Cependant, une fois que les températures dépassent cette valeur, l’on constate une augmentation exponentielle de l’ampleur de destruction des tissus [4].


Une brûlure profonde intéresse trois zones de tissus cutanés (figure 14-2) [5]. La zone centrale est connue sous le nom de zone de coagulation ; c’est celle-ci qui sera majoritairement affectée. Cette zone est nécrotique et n’est pas capable de se régénérer.



Adjacente à cette zone de nécrose, la zone dite de stase est en général le siège de lésions moindres. Les cellules dans cette zone, si elles sont lésées, ne le sont pas de manière irréversible. Cependant, à la suite de privation d’oxygène ou d’irrigation sanguine, ces cellules viables vont mourir et deviendront nécrotiques. Cette zone est appelée zone de stase car, immédiatement après la brûlure, l’irrigation sanguine dans cette région est stagnante. Des soins précoces et adaptés au patient brûlé auront pour objectif de préserver cette forme de circulation et l’apport d’oxygène au niveau des cellules atteintes. La phase de réanimation du patient brûlé aura pour finalité d’éliminer cette stase et de rétablir une circulation normale qui favorise l’oxygénation. Une réanimation inadéquate conduit à la mort cellulaire dans cette zone de stase et risque de faire évoluer une brûlure intermédiaire en brûlure profonde. Une des erreurs très fréquemment observées dans la prise en charge des patients brûlés consiste en l’application de glace sur des zones brûlées. Lorsque de la glace est utilisée pour stopper le processus de brûlure, elle provoque une vasoconstriction qui aura notamment pour effet délétère d’empêcher le rétablissement d’un débit sanguin. S’il est établi que l’application de glace a un effet immédiat de nature antalgique, ce bénéfice se traduira, in fine, par une augmentation des lésions tissulaires. Pour ces raisons, le processus de brûlure doit impérativement être interrompu en utilisant de l’eau à température ambiante ou proche de la température cutanée normale. Notons que l’analgésie doit être administrée par voie orale ou parentérale.


Enfin, la zone la plus profonde est nommée zone d’hyperémie. Cette zone est généralement peu affectée sur le plan lésionnel. C’est à ce niveau que se produit une augmentation du débit sanguin, secondaire à un processus inflammatoire en réaction à la brûlure.



Profondeur des brûlures


L’estimation de l’étendue d’une brûlure peut être très difficile, même pour l’intervenant le plus expérimenté. Souvent, une brûlure qui relève a priori du second degré peut se révéler être du troisième degré 24 à 48 heures plus tard. Une surface brûlée qui peut apparaître comme étant du premier ou du deuxième degré à première vue peut, après débridement, révéler des brûlures au troisième degré, une fois que l’épiderme s’est détaché du reste du revêtement cutané. Comme la brûlure peut évoluer au fil du temps, il est souvent sage de réserver le jugement final concernant sa profondeur jusqu’à 48 heures après l’accident. Il est donc recommandé de se contenter de dire au patient que la brûlure est d’apparence plutôt superficielle ou plutôt profonde et qu’il faut du temps pour la détermination finale de la profondeur de la brûlure.



Brûlures du premier degré


Les brûlures du premier degré ne concernent que l’épiderme et sont caractérisées par une peau rouge et douloureuse (figure 14-3). Celles-ci sont également connues sous le nom de brûlures superficielles. Elles sont rarement significatives cliniquement, à l’exception des coups de soleil couvrant une grande étendue de peau. Dans ce cas, le patient ressent une douleur importante et risque la déshydratation s’il n’y a pas hydratation orale appropriée. Ces brûlures évoluent spontanément vers une guérison au bout d’une semaine et le patient n’aura pas de cicatrice.




Brûlures du deuxième degré


Les brûlures du deuxième degré, également appelées brûlures partielles, concernent l’épiderme et une partie plus ou moins importante du derme (figure 14-4). Les brûlures du deuxième degré peuvent être classées en superficielles ou profondes. Ces brûlures sont caractérisées par l’existence de phlyctènes (encadré 14-1) ou de zones brûlées dénudées, avec une base d’apparence brillante ou humide. Ces plaies seront très douloureuses. Dans la mesure où le derme n’est pas atteint, ces brûlures peuvent évoluer favorablement et guérir en 2 à 3 semaines. Dans ces brûlures intermédiaires, la zone de nécrose s’étend à tout l’épiderme mais également au derme dans des proportions variables. Si les soins ne sont pas adéquats, la zone de stase en rapport avec la brûlure peut évoluer vers une nécrose et donner lieu finalement à une brûlure du troisième degré. Une brûlure du deuxième degré superficielle guérit grâce à des soins appropriés. Une brûlure du deuxième degré profonde peut nécessiter une intervention chirurgicale.





Brûlures du troisième degré


Les brûlures du troisième degré peuvent prendre des apparences différentes (figure 14-5). Le plus souvent, ces plaies laissent apparaître une peau épaisse, sèche, blanche et tannée, indépendamment de la couleur de peau (figure 14-6). Dans les cas graves, la peau peut avoir une apparence carbonisée et on peut voir des thromboses des vaisseaux sanguins (figure 14-7). Ce type de brûlure est également appelé brûlure profonde parce qu’il concerne toute la profondeur de la peau. On pense généralement, à tort, que les brûlures profondes ne sont pas douloureuses parce que, du fait de sa profondeur, une telle brûlure détruit les terminaisons nerveuses dans les tissus brûlés. C’est une perception erronée de croire que les brûlures du troisième degré ne provoquent pas de douleur. Les patients avec des brûlures au troisième degré souffrent. Les zones de brûlures du troisième degré sont généralement entourées de brûlures d’épaisseur partielle et superficielle. Les nerfs de ces zones sont intacts et continuent de transmettre des sensations de douleur à partir des tissus endommagés. Des brûlures de cette profondeur sont susceptibles de mettre en jeu le pronostic vital. Une excision chirurgicale rapide et une rééducation dans un centre hospitalier spécialisé sont requises.







Évaluation et prise en charge d’une brûlure



Évaluation primaire et réanimation


L’objectif de l’évaluation primaire est d’identifier les menaces vitales afin de préserver la vie. La technique de l’ABCDE est parfaitement applicable pour les patients brûlés, même si le cas de ces derniers est particulièrement difficile.


Des brûlures majeures sont souvent des blessures très meurtrières. Cependant, à part l’altération de la ventilation ou de la respiration, les brûlures en elles-mêmes ne mettent généralement pas immédiatement le pronostic vital en jeu. L’apparence globale des brûlures peut se révéler spectaculaire ou même incroyable. L’intervenant doit être conscient du fait que le patient peut aussi avoir subi un traumatisme mécanique et présenter des blessures internes moins apparentes pouvant rapidement s’avérer mortelles.



Voies aériennes


Le maintien d’une ventilation efficace et adaptée représente la première priorité dans l’administration de soins aux patients brûlés. La chaleur dégagée par le feu peut provoquer des œdèmes au niveau des voies aériennes, œdèmes qui peuvent évoluer vers une obstruction partielle ou complète des voies aériennes supérieures. C’est la raison pour laquelle l’évaluation initiale et continue doit être minutieuse. C’est une erreur de croire qu’une fois l’évaluation ABC accomplie, tout a été vérifié et donc que tout va bien en ce qui concerne la ventilation. Les intervenants devant faire face à un temps de transport prolongé devront être particulièrement vigilants par rapport à l’évaluation des voies aériennes. Par exemple, un patient brûlé peut présenter des voies aériennes libres lors de la première évaluation de sa ventilation. Par la suite, son visage ainsi que ses voies aériennes vont se mettre à enfler. Ainsi, une ventilation satisfaisante initialement peut devenir critique dans les 30 ou 60 minutes qui suivent. Les voies aériennes peuvent se rétrécir au point de s’obstruer, l’air ne pouvant plus circuler dans la trachée. Un scénario plus probable est lié à l’effet physiologique de voies aériennes rétrécies, sans obstruction. Le rétrécissement de la trachée causé par le gonflement de la muqueuse diminue le flux d’air inhalé, ce qui physiologiquement revient à augmenter la résistance à ce même flux. Une augmentation de la résistance provoque un supplément de travail respiratoire au patient. Cette augmentation d’effort pour respirer en cas de voies aériennes gonflées peut contribuer ou conduire à un arrêt respiratoire, même si le patient a des voies aériennes libres. Afin d’éviter le rétrécissement catastrophique des voies aériennes ou leur occlusion, il est prudent de les contrôler de manière précoce. L’intubation endotrachéale de ces patients est souvent difficile et parfois dangereuse, en raison de la déformation de l’anatomie. Souvent, les patients sont les mieux placés pour s’occuper de leur propre respiration ou pour adopter une position qui maintienne leurs voies aériennes ouvertes et leur permette de respirer sans gêne. Dans les cas où une intervention se révèle nécessaire, la prise en charge des voies aériennes chez ces patients doit être faite par le personnel le plus expérimenté disponible. En outre, des effets pharmacologiques vont supprimer la faculté du patient de respirer par lui-même, nécessitant une intervention et une surveillance des intervenants.


Si l’intubation endotrachéale devient nécessaire, des précautions particulières doivent être prises lors de la sécurisation de la sonde et pour éviter toute extubation accidentelle. Suite à une brûlure, la peau du visage va souvent peler ou suinter. Une fixation avec du tissu adhésif doit être proscrite chez un patient présentant des brûlures de la face. La technique la plus sûre consiste à utiliser une épingle à nourrice dans laquelle on fait glisser un lien en tissu, que l’on dispose d’un côté de la tête au-dessus de l’oreille, de l’autre côté en dessous de l’oreille avant de le nouer. Des dispositifs de fixation type Velcro® peuvent aussi être utilisés.




Circulation


L’évaluation et la prise en charge de la fonction circulatoire incluent la mesure de la pression artérielle, la recherche de brûlures circulaires et la pose de deux voies veineuses de gros calibre. La mesure précise de la pression artérielle peut être difficile ou même impossible lorsque les brûlures affectent les extrémités. Si une pression artérielle peut être mesurée, les valeurs de pression artérielle systémique risquent d’être erronées dans le cas de brûlures profondes et de la formation, parfois rapide, d’œdèmes des extrémités. Même si un patient a une pression artérielle adéquate, la perfusion distale des extrémités peut être très diminuée par des brûlures circulaires. Durant le transport, les membres brûlés doivent être surélevés, afin de minorer le processus inflammatoire et le développement d’œdèmes.


Deux voies veineuses de gros calibre à haut débit doivent être mises en place rapidement chez tout patient présentant des brûlures impliquant plus de 20 % de la surface corporelle totale. Idéalement, ces cathéters ne devraient pas être placés à proximité des tissus brûlés ; cependant, une veine peut être cathétérisée dans une zone brûlée si aucune autre alternative n’est envisageable. Dans ce cas, la fixation du cathéter devra être soignée et solide. Chez certains patients, il ne sera peut-être pas possible d’avoir un accès veineux. L’accès intraosseux est alors une méthode alternative pour administrer des liquides ainsi que des opiacés.




Exposition/environnement


La priorité suivante est de mettre le patient entièrement à nu. Chaque centimètre carré du patient doit être exposé et inspecté rigoureusement. Les vêtements et les bijoux doivent être enlevés rapidement. Chez les victimes de traumatisme mécanique, tous les vêtements seront retirés afin d’identifier les blessures cachées. Chez une victime brûlée, le retrait des vêtements peut constituer un bénéfice thérapeutique. Comme indiqué plus haut, les vêtements et bijoux peuvent conserver une chaleur résiduelle susceptible d’entretenir le processus de brûlure. En cas de brûlures chimiques, les vêtements peuvent être trempés par l’agent chimique ayant causé la brûlure. Par conséquent, une mauvaise manipulation des vêtements de la victime qui ont été saturés par un matériau potentiellement dangereux peut avoir pour conséquence de blesser et la victime et les secouristes.


Le contrôle de la température ambiante est particulièrement important lorsque l’on est en présence de grands brûlés. Les patients brûlés ne sont plus en mesure de réguler leur température corporelle et sont particulièrement exposés à l’hypothermie. Aussi, tous les efforts doivent être mis en œuvre pour préserver une température corporelle proche de la normale. Les patients brûlés doivent être particulièrement bien couverts. L’ambulance doit être chauffée convenablement, quelle que soit la saison. En règle générale, si vous, en tant que personnel préhospitalier, êtes à l’aise, alors la température ambiante ne sera pas assez élevée pour le patient.



Évaluation secondaire


L’évaluation secondaire fait suite à l’évaluation primaire et ne diffère pas pour un patient brûlé par rapport à celle d’un patient traumatisé classique. L’intervenant préhospitalier doit faire une évaluation de la tête aux pieds, à la recherche d’autres lésions ou de toute affection médicale. Les brûlures peuvent être spectaculaires ; malgré cela, ces plaies ne mettent pas la vie en danger immédiatement. Une évaluation profonde et systématique doit être réalisée, de la même façon que pour n’importe quel autre patient traumatisé.



imageEstimation de l’étendue d’une brûlure


L’estimation de l’étendue d’une brûlure est nécessaire afin de prendre en charge correctement la réanimation du patient et d’éviter les complications d’un choc hypovolémique dû aux brûlures. La méthode la plus communément appliquée est celle connue sous le nom de règle des 9. Cette méthode repose sur le principe que les régions importantes du corps de l’adulte représentent 9 % du total de la surface corporelle (figure 14-10). Le périnée ou les organes génitaux représentent 1 %.



Les enfants ont des proportions différentes de celles des adultes. La tête des enfants est proportionnellement bien plus grande que celle des adultes, et leurs membres sont plus courts proportionnellement à ceux des adultes. C’est la raison pour laquelle la règle des 9 est différente pour les enfants.


La table de Lund-Browder est un diagramme plus précis, qui tient notamment compte des variations de surface en fonction de l’âge (figure 14-11). Cette méthode nécessite d’établir un schéma des brûlures et de convertir ce schéma en une zone calculée de surface brûlée. La complexité de cette méthode rend son utilisation difficile en situation préhospitalière.



De petites brûlures peuvent être évaluées grâce à la méthode des paumes. L’utilisation de la paume du patient est largement répandue et utilisée depuis longtemps pour estimer l’étendue des petites brûlures. Il n’y a pas de consensus quant à la définition d’une paume et à sa taille [7]. La surface moyenne d’une paume seule (sans les doigts étendus) est de 0,5 % de la surface du corps chez les hommes et de 0,4 % chez les femmes. Si l’on considère la paume entière les doigts ouverts compris, on arrive alors à une surface de 0,8 % chez les hommes et 0,7 % chez les femmes. En plus de la différence de taille de paume entre les sexes, la taille de la paume varie également en fonction du poids du patient. Ainsi, si l’indice de masse corporelle du patient augmente, la surface de peau totale du patient augmente et le pourcentage de surface de la paume diminue. Dans la plupart des cas, l’on considère donc que la paume doigts compris d’un patient représente environ 1 % de sa surface corporelle.




Transport


Les patients présentant des blessures multiples en plus de leurs brûlures doivent être orientés vers un service d’urgences adéquat, dans lequel toute atteinte des fonctions vitales pourra être traitée, le cas échéant. Ce n’est qu’une fois stabilisés que ces patients pourront être transférés vers un centre spécialisé dans la prise en charge des brûlés. Les critères de transport ou de transfert vers un centre de brûlés édictés par l’American College of Surgeons sont indiqués dans l’encadré 14-2. Dans les zones où les centres de brûlés sont difficiles d’accès, la régulation médicale déterminera le choix du lieu de transfert.



Encadré 14-2 Lésions nécessitant le recours à un centre de traitement des brûlés


Les patients gravement brûlés doivent pouvoir bénéficier d’une prise en charge spécialisée dans des centres qui disposent d’un niveau de ressources et d’expertise adaptés. Le transport initial ou précoce vers un tel centre diminue la mortalité et le taux de complications. Ces centres sont susceptibles de traiter les enfants, les adultes ou les deux. Le Committee on Trauma de l’American College of Surgeons recommande d’y faire admettre les patients victimes de brûlures selon les critères suivants.


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May 27, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 14: Brûlures

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