19: Explosions et armes de destruction massive

Chapitre 19 Explosions et armes de destruction massive





Se préparer à la prise en charge d’un événement impliquant des armes de destruction massive (ADM) est un défi quotidien pour les services de secours. L’histoire récente a démontré que ces événements pouvaient se produire à chaque instant dans n’importe quel endroit. L’attentat du World Trade Center de 1993 n’a fait que 6 morts mais a causé 548 blessés et plus de 1000 personnes impliquées ont été assistées par les services médicaux d’urgence. Les personnels de secours ont également fait partie des victimes, 105 sapeurs-pompiers ayant déclaré des blessures. L’explosion en 1995 de l’immeuble fédéral Murrah à Oklahoma City a causé 168 morts et 700 blessés. Un tiers des victimes amenées à l’hôpital de la ville l’ont été par le biais des services de secours ; il s’agissait des plus atteints, 64 % d’entre eux ayant nécessité une admission, tandis que seulement 6 % de ceux qui se sont présentés par leurs propres moyens dans les services d’urgence hospitaliers ont nécessité une hospitalisation. L’attentat du World Trade Center de 2001 a fait plus de 1100 blessés, environ un tiers de ces victimes étant arrivées à l’hôpital par l’intermédiaire des services d’urgence préhospitaliers ; 29 % des victimes blessées étaient des sauveteurs.


Bien que les explosifs de forte intensité de type conventionnel soient les ADM les plus communément utilisées, les services de secours préhospitaliers ont également été confrontés à des actes impliquant des produits chimiques et biologiques. L’attaque au gaz sarin à Matsumoto au Japon en 1994 a fait 7 morts, mais aussi plus de 300 blessés. L’attaque plus connue de 1995 au gaz sarin dans le métro de Tokyo a fait 12 morts, mais a nécessité la prise en charge médicale de plus de 5000 victimes. Le service d’incendie et de secours de Tokyo avait envoyé 1364 sapeurs-pompiers dans les 16 stations de métro concernées ; 135 (10 %) ont été atteints soit directement soit indirectement par l’exposition au neurotoxique.


Aux États-Unis, aucune attaque bioterroriste menaçant la vie humaine n’a fait un grand nombre de victimes, mais cela ne signifie pas que se préparer à une telle menace n’est pas un vrai défi pour les services de secours d’urgence. En 1998 et en 1999, près de 6000 personnes ont été victimes à travers tous les États-Unis de canulars plus ou moins liés à l’anthrax (charbon), dans plus de 200 incidents. Les courriers contenant de l’anthrax, en 2001, n’ont entraîné que 22 cas de maladies cliniques, mais ont généré d’innombrables appels aux services de secours pour des paquets ou des poudres suspects. Par ailleurs, bien que cela soit hors du champ du bioterrorisme, un risque biologique naturel, le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), a sérieusement mis à épreuve le système de secours médical à Toronto. Durant l’épidémie, 526 intervenants ont dû être mis en quarantaine, la plupart en raison d’une exposition potentielle au virus sans protection, ce qui a considérablement réduit les capacités du système de secours d’atténuer la crise.


La menace qu’un service de secours d’urgence soit confronté un jour à un événement comportant des ADM radiologiques augmente, avec le risque grandissant de l’explosion d’un engin avec dispersion de matériel radioactif (bombe sale) qui entraînera des blessés et la panique liée à la contamination radioactive.



Considérations générales



Évaluation de la scène et système de commandement d’intervention (incident command system [ICS])


La capacité initiale des intervenants d’évaluer la scène correctement est cruciale pour assurer leur propre sécurité et celle des autres secouristes, et va conditionner la bonne prise en charge des victimes. Les ADM présentent des risques significatifs pour les services de secours préhospitaliers. En cas d’explosion d’un engin puissant, il peut y avoir des incendies, la diffusion de produits dangereux, des risques électriques et des risques de chutes de débris ainsi que d’effondrement secondaire. Un intervenant des secours a été tué par la chute de débris lors de l’explosion d’Oklahoma City [1]. Beaucoup plus sont morts lors de l’attentat du World Trade Center de 2001. Les attaques chimiques n’exposent pas uniquement les secouristes à une contamination primaire potentielle, mais aussi à une contamination secondaire par contact avec la peau, les vêtements et les effets personnels des victimes. Les agents biologiques peuvent léser les intervenants selon le mode de propagation utilisé (par exemple aérosol de spores d’anthrax), ou par la transmission d’une maladie infectieuse (par exemple prise en charge de patients atteints de variole ou de peste). Un risque ultérieur pour les intervenants et les victimes est la présence possible d’un dispositif secondaire, par exemple une deuxième bombe placée sur les lieux de l’incident, réglée pour exploser après l’arrivée des premiers secours, avec pour but d’augmenter les blessures, mais aussi de créer la confusion et la panique.


Comme bon nombre des ADM comportent un risque d’inhalation, en particulier d’agents chimiques et biologiques, les unités intervenantes de tous les organismes concernés doivent prendre soin d’approcher la scène vent arrière afin de minimiser le risque d’exposition accidentelle. En outre, tout incident qui implique la libération de produits chimiques liquides implique que les intervenants se placent en amont du déversement.


L’accès et la sortie d’un site potentiellement contaminé doivent être contrôlés. Les spectateurs et les bénévoles ne doivent pas être autorisés à entrer sur les lieux, car ils peuvent contribuer à augmenter le nombre des victimes en s’exposant à l’agent. Les victimes de l’incident doivent également être contenues lorsqu’elles cherchent à évacuer les lieux spontanément car elles peuvent diffuser plus largement un produit chimique ou une substance dangereux pour d’autres personnes. Comme lors d’interventions pour matières dangereuses, les zones de contrôle (chaude, tiède, froide) devraient être établies avec des points d’accès contrôlés et des couloirs de transit pour éviter la propagation des contaminants dangereux, une exposition accidentelle, et avec des zones sûres pour l’évaluation et le traitement des patients (figure 19-1). Ces zones sont décrites plus en détail plus loin.



Les intervenants préhospitaliers doivent prendre ces facteurs en considération lorsqu’ils évaluent la scène et doivent comprendre leur signification avant de passer à l’action. De plus, une évaluation critique de la présentation globale des victimes doit être faite à une distance de sécurité. Elle fait partie intégrante de l’évaluation de la situation, avec une attention particulière aux signes évoquant un toxique chimique ou biologique particulier. Les intervenants préhospitaliers doivent aussi communiquer leurs observations à travers la chaîne de commandement de façon à ce que les étapes pour fournir une réponse appropriée soient respectées ; cela permettra d’accroître la sécurité des intervenants et la délivrance des soins aux patients. Le système de commandement d’intervention (incident command system [ICS]) est la chaîne de commandement à travers laquelle passe la transmission des informations. L’ICS est l’outil du commandement, du contrôle et de la coordination. Il a été développé pour diminuer les effets des échecs récurrents de la réponse aux catastrophes, qui incluent les éléments suivants :



L’ICS propose une structure de prise en charge qui coordonne les ressources disponibles pour assurer une réponse efficace. Tous les incidents, quelle que soit leur taille ou complexité, vont avoir un commandant des opérations, qui peut être le premier intervenant des services de secours préhospitaliers, jusqu’à ce qu’il soit relevé par une autorité compétente (voir chapitre 5). Il est essentiel que les intervenants préhospitaliers se familiarisent avec ce système et aient l’opportunité de pratiquer des exercices de mise en œuvre.



Équipement de protection individuelle (EPI)


Lors d’intervention pour des événements impliquant des ADM, il y a lieu d’envisager le port d’équipements de protection individuelle (EPI) appropriés. Les EPI peuvent aller de la tenue standard d’intervention jusqu’à la tenue de protection totale avec appareil respiratoire isolant (ARI) en fonction du risque spécifique ou du rôle de l’intervenant. L’EPI est destiné à protéger l’intervenant préhospitalier de l’exposition à des agents agressifs en offrant des protections à un niveau défini de l’appareil respiratoire, de la peau et des autres muqueuses. Les EPI civils ont généralement été classés selon les niveaux suivants (figure 19-2).




Les EPI sont sélectionnés en fonction des dangers connus (ou suspectés) de l’environnement et de la proximité du danger. La proximité du danger a souvent été décrite en termes de zones.



Il est important de noter qu’il peut être difficile de définir ces zones de risque et qu’elles sont souvent dynamiques et non statiques. Les facteurs qui contribuent à la variation des zones incluent l’activité des victimes et des sauveteurs ainsi que les conditions ambiantes. Sauf si elles sont complètement immobilisées, les victimes contaminées peuvent marcher à travers la zone froide des secours préhospitaliers ou quitter les lieux complètement du fait de la panique, ou pour chercher de l’aide dans une structure de soins de proximité ou encore chez leur médecin traitant. Les zones tiède et froide sont mises en place contre le vent par rapport à la zone chaude ; mais si le vent change, les soignants préhospitaliers seront exposés au risque s’ils n’ont pas d’EPI ou s’ils n’ont pas de retraite possible. Ces éventualités doivent être anticipées lorsqu’on réalise les plans ou répond à un événement avec des ADM.


On pourrait en conclure que l’usage du niveau A de protection le plus élevé est la meilleure protection pour les intervenants préhospitaliers quel que soit le risque. Cela n’est cependant pas une réponse raisonnable. Le niveau A de protection est lourd, gênant souvent la réalisation des tâches manuelles. Il est nécessaire de beaucoup s’entraîner au port de l’appareil respiratoire et d’acquérir de l’expérience. Le niveau A met le porteur dans une situation de stress thermique et d’épuisement physique potentiels. Cela peut aussi rendre difficiles les communications entre les sauveteurs et les victimes. La sélection appropriée des EPI doit à la fois tenir compte du risque encouru et des responsabilités opérationnelles des intervenants préhospitaliers.



Triage des patients


Les intervenants préhospitaliers, lors d’événements avec ADM, peuvent avoir à affronter un grand nombre de victimes qui peuvent les submerger et qui nécessitent une évaluation et un traitement. Chaque organisation de secours devrait posséder un système de triage rapide des victimes et s’y entraîner. L’objectif d’un système de triage lors d’un événement avec ADM est de faire la meilleure prise en charge pour le plus grand nombre de victimes. Le triage de terrain est fondé sur des critères physiologiques faciles à déterminer qui permettent d’identifier la gravité des lésions des patients et de déterminer celles qui nécessitent un traitement et un transport urgents [2]. Différents critères de triage ont été publiés [3]. Le système START (simple triage and rapid treatment) est une des méthodes habituellement utilisées. La gravité de l’état des patients est déterminée selon un algorithme qui évalue d’abord leur capacité de se déplacer de façon autonome, puis la liberté des voies aériennes, la respiration, la circulation et le statut neurologique. Les patients se voient assignés une des quatre catégories de gravité. Les patients avec atteintes minimales (« verts ») sont des patients sans lésion vitale et qui vont probablement aller bien, même si leur prise en charge est différée de plusieurs heures ou jours. Les patients en attente (« jaunes ») ont des blessures graves mais leur état ne va pas s’aggraver avec un léger retard de prise en charge. Les patients urgents (« rouges ») sont des patients en état critique nécessitant une prise en charge immédiate. Les patients immédiats (« noirs ») sont morts ou ont des lésions non compatibles avec la vie. Une cinquième catégorie (« bleue ») a parfois été utilisée pour des patients nécessitant une décontamination. Il existe d’autres systèmes de tri incluant la méthode MASS enseignée aux États-Unis dans le cadre des cours du National Disaster Life Support, et le système SALT proposé par les CDC (pour plus de détails, voir le chapitre 18).


Quel que soit le système de triage utilisé, il doit l’être lors des opérations de routine des équipes de secours médicales pour y familiariser les personnels et s’assurer qu’il soit connu à tous les niveaux de prise en charge, y compris dans les services d’urgence.



Principes de décontamination


Les patients et les intervenants préhospitaliers peuvent requérir une décontamination lors de l’exposition à des solides ou liquides adhérents qui peuvent être à risque pour les patients et les soignants. Les aires de décontamination doivent être situées contre le vent et vers le haut lorsque les conditions le permettent. L’exposition aux seuls gaz ne requiert pas de décontamination pour prévenir une contamination secondaire, même si les vêtements doivent être changés.


La décontamination est un processus en deux étapes qui débute par le retrait de tous les vêtements, des bijoux et des chaussures ; ceux-ci sont mis dans des sacs et étiquetés pour leur identification ultérieure. Le simple retrait des vêtements assure la suppression de 70 à 90 % de la contamination. Les contaminations solides doivent être précautionneusement brossées et les liquides doivent être asséchés. La deuxième étape consiste à laver la peau avec de l’eau ou avec de l’eau mélangée à un détergent doux pour être sûr d’enlever toutes les substances de la peau du patient. Il faut éviter des détergents forts ou des solutions de Javel sur la peau ainsi que le brossage vigoureux. La détérioration chimique ou physique de la peau peut contribuer à augmenter l’absorption de l’agent agressif. Lors du lavage, les plis de la peau, les aisselles, l’aine, les fesses et les pieds doivent faire l’objet d’une attention spéciale, car les contaminants peuvent s’y collecter et les patients peuvent les négliger dans leur effort de nettoyage.


La décontamination doit être réalisée de façon systématique pour éviter d’oublier une région de la peau contaminée. Pour les yeux, les lentilles de contact doivent être enlevées, et les muqueuses doivent être abondamment irriguées par du sérum physiologique, surtout si le patient est symptomatique. Les patients autonomes doivent pouvoir réaliser leur propre décontamination en suivant les consignes des intervenants préhospitaliers. Les patients non autonomes couchés doivent être aidés par du personnel correctement équipé d’EPI pour éliminer les contaminants. Une décontamination rapide peut être justifiée s’il est nécessaire de diminuer le temps d’exposition à certaines substances très dangereuses. Tous les personnels préhospitaliers doivent se familiariser avec les procédures de décontamination rapides, dont on peut avoir besoin avant même l’arrivée d’une équipe d’intervention chimique spécialisée pour minimiser l’exposition tant chez les victimes que chez les sauveteurs.


Il faut veiller à : 1) l’intimité, avec séparation entre hommes et femmes, 2) avoir de l’eau chaude et des douches disponibles pour le lavage, 3) disposer de vêtements de substitution à la fin de la décontamination, 4) la sécurisation des effets personnels jusqu’à ce qu’ils puissent être rendus aux intéressés ou être traités, et 5) recueillir les effluents contaminés si possible.



Risques spécifiques



Explosions et explosifs


La compréhension du mécanisme lésionnel lors des explosions est essentielle tant dans le milieu civil que militaire. Le personnel médical doit comprendre la physiopathologie des blessures dues à des explosions accidentelles, industrielles et de l’ensemble des engins explosifs tels que les lettres explosives, les grenades à fragmentation, les mines antipersonnel, les bombardements aériens, les armes à blast renforcé et les bombes artisanales. Une étude réalisée par le Bureau of Alcohol, Tobacco, and Firearms (ATF ; Service des alcools, tabac et armes à feu) entre 1983 et 2002 portant sur 36 110 incidents explosifs a montré à quel point il était facile de se procurer le matériel pour fabriquer des bombes et que les personnels soignants devaient y être préparés.


Les explosions surviennent d’abord au domicile (à la suite de fuites de gaz ou d’incendies essentiellement) et sont un risque présent dans de nombreuses industries dont les mines et les industries de démolition, les usines chimiques ou utilisant des carburants, ou bien produisant de la poussière telles que les entreprises céréalières. Les explosions industrielles résultent de fuites chimiques, feux, défauts de maintenance ou de dysfonctionnements électriques ou de machines. Elles peuvent produire des fumées toxiques, des effondrements d’immeubles, des explosions secondaires, des chutes de débris et occasionner un grand nombre de victimes. Une autre cause habituelle d’explosions est la rupture d’une canalisation sous pression comme celle d’une chaudière lorsque la pression interne dépasse la capacité de résistance à la pression prévue.


Dans l’ensemble, les explosions accidentelles sont responsables de blessures et de décès relativement peu nombreux (par exemple, 150 aux États-Unis en 2004 [6]) par rapport au grand nombre de blessures et de décès provoqués par des explosifs utilisés par les terroristes et lors d’affrontements militaires.


Dans le monde entier, les terroristes utilisent de plus en plus des bombes, surtout contre des cibles civiles. C’est parce que ces engins sont peu coûteux, fabriqués à partir de matériaux faciles à obtenir, et le chaos provoqué focalise l’attention internationale sur leur cause. Un service de secours d’urgence a mille fois plus de chance d’intervenir pour des blessures causées par des explosifs conventionnels que pour une attaque chimique, biologique ou nucléaire. Comme les intervenants civils et militaires peuvent être appelés à intervenir lors d’une explosion de bombe affectant les populations civiles, tous doivent se familiariser avec leur rôle au cours de ces événements en augmentation.


L’examen des données du Département d’État américain portant sur l’historique des incidents terroristes dans le monde entre 1961 et 2003 montre une augmentation significative depuis 1996 et une augmentation exponentielle après les attentats du 11 septembre 2001 [7]. Dans les dernières décennies, il s’est produit un changement, les attentats à la bombe ayant touché certains points chauds tels que l’Irlande du Nord (années 1970) ou Paris (années 1980), concernant désormais toutes les régions du monde, d’Atlanta à Jérusalem ou Nairobi. Ces dernières années, cependant, un point névralgique a été l’Irak, où 60 % des morts (sur un total de 13 606) survenus en 2007 ont été dus à des attentats terroristes [8].


À l’heure actuelle, bien que les États-Unis ne soient pas exposés à autant d’attaques à la bombe que de nombreux autres pays, les attaques à la bombe en 2007 y ont été au nombre de 445 (plus d’une par jour), avec aussi d’autres actes liés aux explosifs, notamment les vols/la récupération d’explosifs, des explosions accidentelles, etc. (figure 19-3) [9].



Dans le monde, un total de 14 499 attaques terroristes ont été signalées en 2007, qui ont occasionné 44 310 blessés et 22 685 décès, soit une augmentation de 20 à 30 % par rapport à 2006 [10,11]. Une majorité (environ 70 %) ont été des civils [12]. Sur la lignée d’une tendance au terrorisme de guérilla, la plupart des attaques en 2007 ont été menées par des terroristes utilisant des bombes et des petites armes [12]. Cette forte augmentation est en partie attribuable à l’augmentation d’attentats suicides [12]. Tou jours en 2007, les terroristes ont continué à utiliser des attaques secondaires pour cibler les premiers intervenants et ont intensifié leur recours à des engins explosifs artisanaux avec usage de chlore gazeux afin de créer des nuages de fumées toxiques [12]. Plus récemment, toutefois, le nombre d’attaques terroristes et de blessés et décès qu’elles provoquent a diminué de 18 %, 30 % et 23 % respectivement (figure 19-4) [13].




Catégories d’explosifs


Les cliniciens doivent tenir compte du type d’engin explosif et de sa situation au moment d’évaluer les victimes, en particulier pour les engins à effet de blast [14]. Les explosifs peuvent être classés dans l’une des deux catégories fondées sur la vitesse de détonation : explosifs à haute énergie et explosifs à faible énergie.


Les explosifs à haute énergie réagissent presque instantanément parce qu’ils sont conçus pour exploser et libérer leur énergie très rapidement. Ils peuvent produire une onde de choc ou un phénomène de surpression, ce qui peut entraîner des lésions de blasts primaires. L’explosion crée une augmentation instantanée de la pression, avec une onde de choc qui se propage vers l’extérieur à une vitesse supersonique (1 400 à 9 000 m/s) [15]. L’onde de choc est au premier plan du souffle, qui est créé par la libération rapide de quantités énormes d’énergie, avec la propulsion ultérieure de fragments, la génération de débris dans l’environnement et, souvent, un rayonnement thermique intense.


Les exemples d’explosifs de forte puissance les plus communs sont le 2,4,6 nitrotoluène (TNT), la dynamite et le nitrate d’ammonium et, plus récemment, des explosifs à base de polymères liés qui ont 1,5 fois la puissance du TNT, tels que la gélinite et le Semtex.


Les explosifs de forte puissance ont des effets brisants qui peuvent pulvériser les os et les tissus mous, créer des blessures de surpression par le souffle (barotraumatisme), et propulser des débris à des vitesses balistiques (fragmentation). Il est également important de noter qu’un explosif à haute énergie peut conduire à une explosion de puissance faible, surtout si l’explosif s’est détérioré avec le temps (Semtex) ou, dans certains cas, s’il est humide (dynamite). L’inverse, cependant, n’est pas vrai : un explosif à faible puissance ne peut pas produire une explosion d’ordre plus élevé.


Les explosifs à faible énergie (par exemple la poudre à canon), lorsqu’ils sont déclenchés, changent relativement lentement d’état, passant d’un état solide à un état gazeux (action plus caractéristique de la combustion que de la détonation), avec généralement la création d’une onde de choc qui se déplace à moins de 2 000 mètres par seconde. Les exemples d’explosifs à faible énergie comprennent des bombes artisanales, la poudre à canon, et des engins à base d’essence tels que les cocktails Molotov [16]. Les explosions résultent de la rupture du conteneur et de l’inflammation des composés volatils. Parce qu’ils libèrent leur énergie plus lentement, les explosifs à faible énergie ne peuvent pas produire de surpression.


Le type et la quantité d’explosif vont déterminer la taille de l’explosion associée à la détonation de l’engin. L’approche de la scène et la mise en place des secours intervenants correspondent donc à des décisions essentielles. Lors d’une intervention qui implique un engin suspect ou un dispositif d’explosion secondaire potentiel, tous les intervenants doivent être à une distance de sécurité en cas de détonation (voir chapitre 5). La figure 19-5 fournit des recommandations concernant les distances de sécurité en fonction de la taille possible de l’explosion.




Mécanismes lésionnels


Les lésions traumatiques par explosion sont divisées en trois catégories : blast primaire, secondaire et tertiaire [17]. En plus des blessures qui résultent directement de l’explosion, d’autres catégories de blessures classées aux quatrième et cinquième rangs ont été décrites ; elles résultent de complications ou d’effets toxiques qui sont liés à l’explosif ou à des contaminants. Bien que ces lésions soient décrites séparément, elles peuvent se trouver combinées chez les victimes d’explosions. Le tableau 19-1 montre les effets des explosions sur le corps humain.



Les lésions de blast primaire sont le résultat de l’onde de choc ou de l’onde de surpression entrant en interaction avec le corps ou les tissus, où elles produisent des lésions de distorsion et de cisaillement. Elles sont supersoniques, avec des ondes de pression longitudinales qui : 1) créent des forces locales, avec de petites distorsions rapides, 2) produisent des lésions microvasculaires, et 3) sont renforcées et réfléchies au niveau des interfaces entre les tissus, augmentant ainsi le potentiel de blessures, en particulier dans les organes creux comme les poumons, les oreilles et l’intestin. Cela ne doit pas être confondu avec le souffle généré par une explosion. Une onde de choc ou onde de blast augmente significativement la pression atmosphérique produite par la combustion de haute énergie presque instantanée. Les surpressions de ces détonations peuvent dépasser 0,3 million de bar par centimètre carré, comparativement à la pression ambiante de 0,5 bar. L’onde de choc ou onde de pression se propage du point d’origine pour se dissiper progressivement en fonction de la distance du point de départ. Selon la proximité de la victime de l’origine de l’explosion, ainsi que de la présence d’une protection ou de l’augmentation de l’onde secondaire à des détonations dans un espace clos, une victime peut présenter des lésions de blast primaire.


Les blessures causées par les ondes provoquées par les distorsions sont liées : 1) aux écarts de pression à travers des structures délicates telles que les alvéoles, 2) à la compression rapide suivie de la réexpansion des organes creux, et 3) et à la réflexion de l’onde de tension (une composante de l’onde de la contrainte de compression) à l’interface tissu–gaz. Les ondes de cisaillement sont des ondes transversales de vitesse plus faible et de durée plus longue entraînant le mouvement asynchrone des tissus. L’ampleur des dommages dépend de l’élasticité des tissus et de leur possibilité de surmonter ces mouvements asynchrones sans entraîner la déchirure de tissus ni la rupture des points d’attache. Toutefois, les lésions des muscles, des os et des organes solides sont beaucoup plus susceptibles d’être dues aux effets tertiaires et quaternaires de l’explosion qu’à l’onde de choc seule [18,19].


Les lésions de blast primaire surviennent dans les organes creux tels que les poumons, l’intestin et l’oreille moyenne. Les lésions des tissus surviennent à l’interface des liquides et des gaz, probablement par une rapide compression des gaz dans l’organe, entraînant un violent collapsus de l’organe, suivi d’une aussi violente et rapide expansion résultant en une blessure tissulaire. Les lésions pulmonaires se manifestent par des contusions pulmonaires et de possibles hémopneumothorax, entraînant des hypoxémies chez le patient s’il ne succombe pas immédiatement à ses lésions (encadré 19-1). Les alvéoles peuvent aussi se rompre et aboutir à des embolies gazeuses artérielles, avec leurs complications cérébrales ou cardiaques. Les lésions des intestins comprennent des pétéchies et hématomes de la paroi, avec même des perforations. La membrane tympanique peut être déchirée, et il peut aussi se produire une disjonction des osselets de l’oreille moyenne.



Encadré 19-1 Blast pulmonaire : ce que l’intervenant préhospitalier doit savoir


Des modèles courants d’attaques terroristes ont, à travers le monde, augmenté la potentialité de victimes par explosions. Cependant, peu d’acteurs des services d’urgence ont une expérience du traitement de ces victimes aux États-Unis. Les victimes de blast présentent un défi spécifique en ce qui concerne le triage, le diagnostic et la prise en charge qui est directement lié aux conséquences sur le corps de l’onde de blast provoquée par un explosif de forte puissance. Les personnes en espace clos ou à proximité de l’explosion sont à haut risque. Le blast pulmonaire est une entité clinique caractérisée par des difficultés respiratoires et une hypoxie. Le blast pulmonaire peut survenir, quoique rarement, sans lésion de la paroi thoracique.




Considérations de prise en charge préhospitalière




image Le triage initial, la réanimation et le transport des patients doivent obéir à des protocoles standard de prise en charge de polytraumatisés et de blessés en grand nombre.


image Noter la position initiale de la victime et son environnement immédiat. L’explosion en espace clos est à risque de blast primaire plus important, y compris le blast pulmonaire.


image Toutes les victimes suspectes de ou présentant un blast primaire doivent recevoir de l’oxygène à haut débit pour prévenir une hypoxémie.


image Les voies aériennes supérieures altérées ou compromises de façon imminente requièrent une intervention immédiate.


image Si une détresse ventilatoire est imminente ou survient, les patients doivent être intubés ; cependant, l’intervenant préhospitalier doit savoir que la ventilation mécanique et la pression positive augmentent le risque de rupture alvéolaire, de pneumothorax et d’embolie gazeuse chez les victimes de blast primaire.


image De l’oxygène à haute concentration doit être administré si une embolie gazeuse est suspectée, et le patient doit être placé dans une position couchée latérale gauche à moitié ou totalement.


image Une suspicion ou la constatation clinique d’un hémothorax ou d’un pneumothorax justifie une surveillance attentive. Pour les patients présentant un pneumothorax sous tension, il y a lieu de réaliser une décompression à l’aiguille. La surveillance permanente est nécessaire pour tout patient présentant un blast primaire ou chez qui il est suspecté lors d’un transport aéroporté.


image L’administration des liquides doit être adaptée, un excès de liquide chez un patient avec blast primaire pouvant entraîner une surcharge pulmonaire et l’aggravation de l’état pulmonaire.


image Les victimes de blast primaire doivent être rapidement transportées dans la structure de soins adaptée la plus proche, en tenant compte des plans locaux de secours pour des victimes nombreuses.


Source : Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta.


Les preuves de blast primaire pulmonaire sont le plus souvent trouvées chez des patients qui décèdent dans les minutes après l’explosion de lésions associées ; quoi qu’il en soit, le blast pulmonaire primaire est le plus fréquent chez les victimes survivant à une explosion en espace clos [2022]. Lors d’une explosion à l’air libre à Beyrouth, seulement 0,6 % des survivants avaient une lésion de blast primaire et 11 % des morts en étaient atteints [12]. Dans une explosion en espace clos à Jérusalem, 38 % des survivants présentaient une lésion de blast primaire, et c’était le cas pour environ 9 % des morts [23]. De même, deux des trois bombes qui ont explosé dans le métro de Londres ont explosé dans des tunnels larges, ce qui a provoqué six et sept décès respectivement. Le troisième engin a explosé dans un tunnel étroit, entraînant 26 décès. Cette différence de mortalité entre les attentats en espace ouvert et fermé est liée à la réflexion de l’onde de choc sur les victimes plutôt qu’à la dispersion de l’onde dans la zone environnante.


Les lésions de blast secondaire sont celles entraînées par des débris volants ou des éclats de bombe. C’est la plus importante catégorie de blessures provoquées par les attentats terroristes ou les explosions à faible énergie. Ces projectiles peuvent être les composants de la bombe elle-même. Sur le modèle des bombes à fragmentation, les bombes artisanales contiennent des clous, des vis et des boulons. Les lésions de blast secondaire peuvent aussi résulter de débris propulsés par le souffle. Le souffle associé à des forces capables de créer une surpression entraînant une rupture tympanique (approximativement 345 hPa) est capable de générer des vents à 173 km/h. Le souffle associé à des lésions de blast primaire importantes peut dépasser 1337 km/h [17]. Bien que de courte durée, il est capable de propulser des débris avec une grande force sur une grande distance, entraînant des plaies pénétrantes et contuses.


Les lésions de blast tertiaire sont celles liées au corps lui-même, projeté par le souffle et entrant en collision ou chutant sur des objets fixes. Il peut en résulter l’éventail complet des traumatismes non pénétrants ou pénétrants, tels que les empalements.


Dans les suites de l’explosion elle-même, les effets quaternaires peuvent se voir [16]. Ces blessures incluent les brûlures et les effets toxiques des combustibles, des métaux, les traumatismes dus à l’effondrement des structures, les syndromes septiques dus au contact avec le sol et la contamination de l’environnement (mélioïdose septique). La menace croissante liée aux rayonnements associés aux explosifs (c’est-à-dire, des bombes sales) a donné naissance à un cinquième ordre d’effets (effets quinaires), qui inclut les lésions dues aux radiations, produits chimiques ou agents biologiques et à des matériaux tels que des fragments d’os lors d’un attentat suicide [24,25].



Types de blessures


Les soignants vont être confrontés à une combinaison de lésions pénétrantes, fermées et thermiques ainsi qu’à de possibles lésions de blast chez les survivants [26]. Le nombre et le type de blessures dépendront de multiples facteurs dont l’ampleur de l’explosion, la composition de l’engin, l’environnement, la situation et le nombre potentiel de victimes à risque.


Des niveaux de mortalité différents ont été constatés selon les types de bombes. Une étude qui a examiné 29 attentats terroristes à la bombe montre que 1 victime sur 4 décède immédiatement lorsqu’il y a effondrement des structures, 1 sur 12 décède immédiatement lors d’une explosion en espace clos, et 1 sur 25 lors d’une explosion à l’extérieur [14]. D’autres études rapportent des taux de mortalité plus élevés lorsque l’explosion se produit dans un espace clos [27,28]. Les lésions des tissus mous, les traumatismes orthopédiques et les traumatismes crâniens sont prédominants chez les survivants (encadré 19-2). À titre d’exemple, sur 592 survivants de l’attentat d’Oklahoma City, 85 % avaient des lésions des tissus mous (plaies, lésions punctiformes, abrasions, contusions), 25 % avaient des entorses, 14 % avaient des traumatismes crâniens, 10 % avaient des fractures/luxations, 10 % avaient des lésions oculaires (9 personnes avec des ruptures du globe), et 2 % avaient des brûlures [9]. La localisation la plus fréquente des lésions des tissus mous était les extrémités (74 %), la tête et le cou (48 %), la face (45 %) et la poitrine (35 %). Dix-huit survivants avaient des lésions graves des tissus mous, avec des plaies des artères carotides et des veines jugulaires, des plaies des artères faciale et poplitée, et des lésions graves des nerfs, tendons et ligaments. Dix-sept des survivants avaient de graves lésions internes, avec une section partielle de l’intestin, des plaies du rein, de la rate et du foie, des pneumothorax et des contusions pulmonaires. Parmi les patients ayant des fractures, 37 % avaient des fractures multiples. Parmi ceux qui avaient un traumatisme crânien, 44 % durent être hospitalisés [29].




Évaluation et prise en charge


L’évaluation générale et la prise en charge des victimes traumatisées décrites dans les autres chapitres restent valables pour les victimes d’ADM. Ce qui est cependant particulier à cette population de patients est la possibilité d’existence d’une lésion de blast primaire. Les lésions de blast primaire augmentent la probabilité que les intervenants préhospitaliers soient confrontés à des hémoptysies et des contusions pulmonaires, des pneumothorax et des pneumothorax sous tension (suffocants), et même à des embolies gazeuses artérielles.


Parmi les survivants de lésion par blast primaire, les manifestations cliniques peuvent être présentes immédiatement [30,31] ou peuvent être retardées de 24 à 48 heures [32]. L’hémorragie intraparenchymateuse pulmonaire et l’œdème alvéolaire se manifestent par des sécrétions sanguinolentes mousseuses et conduisent à une altération du rapport ventilation/perfusion, à l’augmentation de l’effet shunt et à une diminution de la compliance. Il en résulte de l’hypoxie, avec un travail accru de la respiration, semblable au plan physiopathologique aux contusions pulmonaires induites par d’autres mécanismes de traumatisme non pénétrant [33]. La présence de fractures des côtes doit accroître la suspicion de lésion tertiaire ou quaternaire au thorax.


Les lésions de blast primaire ne sont pas immédiatement apparentes, et, par conséquent, les soins sur les lieux devraient inclure : 1) la surveillance des crachats hémoptoïques mousseux et d’une détresse respiratoire, 2) les mesures de la saturation en oxygène (SpO2), et 3) l’administration d’oxygène. La diminution de la SpO2est un signe précoce très évocateur de blast pulmonaire avant même l’apparition des symptômes. Le remplissage vasculaire doit être soigneusement entrepris, en prenant soin d’éviter l’excès de liquides [1].


La probabilité de polytraumatismes est également augmentée chez les victimes de bombes [34]. La prise en charge est identique à celle des traumatismes d’autres origines.



Considérations pour le transport


Les victimes qui nécessitent le transport doivent être amenées dans une structure de soins appropriée où elles pourront être réévaluées et prises en charge. Ces victimes nécessitent le plus souvent un centre de traumatologie. Les intervenants préhospitaliers doivent connaître l’épidémiologie de ces victimes après ce type d’événements. L’arrivée de ces patients aux urgences est généralement bimodale, les patients légers autonomes arrivant les premiers et les victimes en état critique arrivant ensuite en ambulance. Cela a été mis en évidence lors de l’attentat d’Oklahoma City. Les patients ont commencé à arriver dans les services d’urgence entre 5 et 30 minutes après l’attentat, et ceux ayant nécessité une admission sont arrivés plus tard. De la même manière, les hôpitaux géographiquement les plus proches d’Oklahoma City ont reçu la majorité des victimes, comme cela s’est vu ailleurs. Les hôpitaux les plus proches, submergés par la première vague de victimes, peuvent éprouver des difficultés pour la prise en charge de patients en état critique qui arrivent avec la deuxième vague. À Oklahoma City, le pic d’arrivée dans les services d’urgence était de 220 par heure entre 60 et 90 minutes ; 64 % des patients se rendirent dans des services d’urgence situés dans un rayon de 2,5 km autour de l’événement. Les intervenants préhospitaliers devraient tenir compte de ce dernier facteur lorsqu’ils déterminent la destination des patients provenant d’une explosion [1].



Agents incendiaires


Les agents incendiaires sont généralement d’usage militaire et sont utilisés pour brûler les équipements, les véhicules et les structures. Les trois agents les plus courants sont la thermite, le magnésium et le phosphore blanc. Tous les trois sont des composants hautement inflammables qui brûlent à des températures extrêmement élevées.


La thermite est une poudre d’aluminium et d’oxyde de fer qui brûle intensément à 2 000 °C et disperse des particules de fer en fusion [35]. Le mécanisme lésionnel peut être des brûlures partielles ou totales. Les évaluations primaire et secondaire sont réalisées en fonction des brûlures. Les blessures par thermite peuvent être lavées avec d’importantes quantités d’eau pour éliminer les particules contaminantes résiduelles.


Le magnésium est également un métal, en poudre ou sous forme solide, qui brûle en dégageant de fortes températures. En plus de sa capacité de produire des brûlures du deuxième ou du troisième degrés, le magnésium peut réagir avec les liquides tissulaires et provoquer des brûlures alcalines. La même réaction chimique produit de l’hydrogène qui peut provoquer des bulles cutanées ou entraîner de l’emphysème sous-cutané. L’inhalation de poussières de magnésium peut produire des symptômes respiratoires, avec de la toux, de la tachypnée, de l’hypoxie, des wheezings, des pneumonies et des brûlures respiratoires. Des particules résiduelles de magnésium dans une plaie vont réagir avec l’eau ; aussi, le lavage est déconseillé jusqu’au débridement de la plaie et l’élimination des particules. Si, pour d’autres raisons, telle la décontamination d’autres produits, le lavage est indispensable, il conviendra de s’assurer de l’élimination des particules de magnésium de la plaie [35].


Le phosphore blanc est un solide qui brûle spontanément au contact de l’air avec une flamme jaune et dégageant une fumée blanche. Le phosphore blanc qui entre en contact avec la peau peut rapidement induire des brûlures du deuxième ou du troisième degrés. Le phosphore blanc peut s’incruster dans la peau lors de l’explosion des munitions à phosphore blanc. La substance peut continuer à brûler dans la peau au contact de l’air. Les intervenants préhospitaliers peuvent diminuer le risque de combustion dans la peau en immergeant la partie affectée dans de l’eau ou en l’emballant dans des pansements trempés dans du sérum salé. Les pansements gras ou huileux sont à éviter, car le phosphore blanc est liposoluble et leur application va augmenter le risque d’incorporation avec toxicité systémique. Le sulfate de cuivre a été historiquement utilisé pour neutraliser le phosphore blanc, car il produit, en réagissant avec lui, un composé noir qui est plus visible et peut être plus facilement enlevé sur la peau. Toutefois, l’usage de sulfate de cuivre est tombé en désuétude en raison des complications liées à son utilisation, notamment les hémolyses intravasculaires [36].

Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 27, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 19: Explosions et armes de destruction massive

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access